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La technologie fluidique à la base de HYT s’ouvre à d’autres horizons

mardi, 27 février 2018
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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5 min de lecture

La société sœur de la marque HYT travaille au développement de nouveaux dispositifs pour l’horlogerie, mais également pour l’automobile et les medtechs.

Petite zone industrielle blottie au pied de la colline du Château de Neuchâtel, à deux pas du centre-ville, le quartier de Prébarreau possède le charme désuet d’un site manufacturier des années 1970. Sans issue, la ruelle s’enfonce entre les immeubles ourlés de voitures, jusqu’à disparaître sous la roche. C’est dans ce lieu discret, où l’on ne vient pas par hasard, que s’est installée Preciflex. Loin du tumulte des grands centres, la société s’est spécialisée dans le développement de dispositifs microfluidiques permettant d’indiquer une information, d’injecter un produit ou de gérer une pression. Touchant aux domaines aussi bien de la chimie, de la physique que de la microtechnique, cette technologie est susceptible de trouver des applications dans les cosmétiques, le design d’intérieur, l’automobile ou encore les medtechs. Mais depuis sa création en 2012, l’entreprise a comme principale cliente la marque horlogère HYT, bien connue pour son système d’affichage unique. Sociétés sœurs, Preciflex et HYT partagent d’ailleurs les mêmes locaux, ainsi que la même base d’actionnaires.

Une idée qui remonte à 2002

De l’extérieur, seule une petite plaque sur la façade rassure sur l’exactitude de l’adresse. Si le bâtiment respire l’austérité, une fois à l’intérieur, c’est une ambiance de start-up qui attend le visiteur. Classeur sous le bras ou laptop à la main, patrons et employés passent d’un bureau à l’autre sans forcément prendre garde à l’étranger qui vient d’entrer. Au premier étage, que l’on rejoint rapidement, laboratoires et ateliers se côtoient, sans qu’on sache vraiment si l’on est chez Preciflex ou HYT. Une symbiose qui constitue au demeurant un cas unique dans le milieu horloger : « La seconde se veut un véhicule de communication pour promouvoir les développements technologiques de la première », lance en guise de mot d’accueil Federica Carpano, Business Unit Fashion Director de Preciflex.

Avec son système d’éclairage électromagnétique, le modèle H4 est constitué de 409 composants. HYT a fait développer ses mouvements mécaniques chez Audemars Piguet (Renaud Papi) et Chronode
Avec son système d’éclairage électromagnétique, le modèle H4 est constitué de 409 composants. HYT a fait développer ses mouvements mécaniques chez Audemars Piguet (Renaud Papi) et Chronode

L’idée d’une « montre à eau » est née dans la tête de Lucien Vuillamoz lors d’Expo.02. Créateur et touche-à-tout, cet ingénieur nucléaire mettra quelques années à imaginer un indicateur fluidique du temps, composé d’un capillaire et de deux réservoirs flexibles. Le développement s’annonce cependant complexe, et le Neuchâtelois fait bientôt appel à Patrick Berdoz, serial entrepreneur et business angel. Emmanuel Savioz, spécialiste des start-up high-tech, rejoint également le projet et devient le troisième membre fondateur.

De nombreux écueils

Mais les trois hommes s’attaquent à une montagne. Car une fois le principe de base posé, le plus dur reste à faire : fiabiliser l’invention. À l’intérieur d’un circuit fermé, deux liquides se côtoient sans se mélanger, grâce à la polarité opposée de leurs molécules, qui se repoussent comme des aimants. Lorsqu’une pression est appliquée sur un soufflet, le produit coloré est injecté dans le capillaire, obligeant le fluide transparent à se retirer dans le second réservoir, à l’autre extrémité. Mais les écueils vont être nombreux. À commencer par le comportement physique de tout fluide à l’intérieur d’un capillaire : la dilatation. Il a donc fallu mettre au point un compensateur thermique : contenant un troisième liquide choisi pour son coefficient de dilatation, une capsule flexible est insérée dans le premier soufflet. Grâce à un système d’appuis inversés, elle parvient à compenser les effets des changements de température. « Sans elle, nos montres seraient des thermomètres », sourit Federica Carpano.

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HYT et Preciflex lèvent 23 millions de francs suisses

Joli coup pour les dirigeants de la marque horlogère neuchâteloise HYT et sa sœur, Preciflex, spécialisée dans la technologie des fluides : les deux PME viennent de lever 23 millions de francs suisses pour développer leurs stratégies horlogères et industrielles. Un exploit, compte-tenu de « la taille de la levée en relation avec l’âge et la taille de la société », souligne Patrick Berdoz, président du conseil d’administration des deux entreprises, dans les colonnes du journal L’Impartial. Dans un contexte général assez morose, Patrick Berdoz peut avoir le sourire : « Depuis le début de l’année, nous avons fait 40% de plus que l’an dernier. »

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Autre difficulté : le dépôt de résidu à l’intérieur du microtube. En apparence lisse, le verre possède au contraire une texturation qui retient les molécules des fluides, en particulier celles des colorants. Les ingénieurs vont donc développer un traitement de surface chimique convenant aux deux liquides, dont le rôle est de rendre la paroi interne fluidophobe. « Nous n’avons trouvé qu’un seul fournisseur, au niveau mondial, capable de nous suivre, poursuit la directrice. Cette étape est la plus chère du processus. »

Face à l’énormité de la tâche – et au nombre de solutions durement imaginées –, les trois fondateurs ne vont pas se contenter de créer une marque horlogère, ils vont concevoir également un laboratoire de recherche.
D’autres brevets

Ces développements ne sont que deux exemples des nombreuses contraintes auxquelles les chercheurs ont dû faire face. Alors, devant l’énormité de la tâche – et le nombre de solutions durement imaginées –, les trois fondateurs ne vont pas se contenter de créer une marque horlogère, ils vont concevoir également un laboratoire de recherche, dont le but est d’adapter la technologie à d’autres usages. « Jusqu’à présent, nous avons développé cinq modules fluidiques pour HYT, souligne Federica Carpano. Mais nous avons déjà breveté d’autres techniques d’affichages hydromécaniques, de même qu’un système de remontage automatique utilisant la dilatation d’un liquide. » Dans un autre domaine, Preciflex a également conçu un tableau de bord de voiture, dont une grande partie des indications recourt à des témoins fluidiques.

Enfin, les cosmétiques et les medtechs sont aussi des secteurs visés. Une troisième société, Preci-Health, a d’ailleurs été créée en août dernier, afin de développer par exemple des micro-injecteurs. Les normes et les procédures d’homologation étant cependant très longues et très strictes, l’exploration de cette voie ne fait que démarrer.

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