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La vie trépidante de Beaumarchais, horloger de son état
Histoire & Pièces d'exception

La vie trépidante de Beaumarchais, horloger de son état

jeudi, 25 octobre 2018
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

La vie de Beaumarchais est celle d’un esprit universel, génial touche-à-tout du siècle des Lumières. Homme d’affaires et financier hardi, espion du roi et aventurier intrépide, redoutable pamphlétaire et dramaturge, libertin et visionnaire, il fut aussi… l’horloger à qui l’on doit l’invention de l’échappement à double virgule.

Le Capitaine Fracasse, cette œuvre de Théophile Gautier parue en 1863, vous dit quelque chose ? Ce récit de cape et d’épée, d’aventures et de doux sentiments sur fond de vie de saltimbanques, a probablement bercé votre jeunesse avec sa trame qui se déroule dans les années 1640. Pure fiction ! Certes, mais peut-être encore en dessous de la réalité tant certains personnages, bien réels ceux-là, ont connu des destinées susceptibles d’inspirer les romans les plus « enlevés ». C’est probablement le cas de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), un homme qui a vécu quelques décennies après le capitaine Fracasse mais dont les péripéties et les talents en font une figure emblématique du siècle des Lumières. Touche-à-tout génial, tant homme de lettres qu’aventurier, tant financier intrépide que fin politicien à l’aube de la Révolution, il fut sans conteste un bel esprit doublé d’une personne « bien mise » dont on dit volontiers qu’il fit quelques jaloux…

Mais laissons la parole à Beaumarchais pour les présentations : « Qu’étais-je donc ? Je n’étais rien que moi, et moi tel que je suis resté, libre au milieu des fers, serein dans les plus grands dangers, faisant tête à tous les orages, menant les affaires d’une main et la guerre de l’autre, paresseux comme un âne et travaillant toujours ; en butte à mille calomnies, mais heureux dans mon intérieur, n’ayant jamais été d’aucune coterie, ni littéraire, ni politique, ni mystique, n’ayant fait de cour à personne, et partant repoussé de tous. » L’homme sait manier la plume. Rien d’étonnant, car il est passé à la postérité comme un dramaturge de talent à qui l’on doit, entre autres, Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro, deux œuvres qui connaîtront une seconde vie musicale grâce à Mozart et Rossini. Sa verve littéraire ne s’est toutefois pas limitée au théâtre. Homme public confronté à de nombreux procès tout au long de sa vie, Beaumarchais s’est également distingué en tant que redoutable pamphlétaire pour défendre ses intérêts.

Beaumarchais, qui n’avait pas ménagé ses critiques envers la noblesse, doit néanmoins quitter la France pour éviter la guillotine de la Révolution.
Un jeune inventeur

Mais si Beaumarchais maniait la plume avec art, il savait manier l’épée avec autant de dextérité. On retrouve donc tour à tour en Espagne en train de négocier le monopole du transport des esclaves africains vers les colonies espagnoles, puis en mission vers l’Angleterre pour le compte du roi Louis XV dans le but de sauver l’honneur de sa maîtresse, la comtesse du Barry. Sa vie d’espion se poursuit sous Louis XVI, chargé d’interdire la publication d’un libelle sur la stérilité du roi, puis d’acheter au chevalier d’Eon des papiers compromettants. Nouvelle aventure quelque temps plus tard avec la levée d’une flottille censée ravitailler les insurgés d’Amérique et ce, secrètement pour le compte de la couronne. Mais la couronne vacille déjà et Beaumarchais, qui n’avait pas ménagé ses critiques envers la noblesse, se verra toutefois contraint de quitter la France pour éviter la guillotine de la Révolution. Sa riche demeure construite près de la Bastille excite la vindicte populaire, et ses dernières spéculations en tant que marchand d’armes en faveur de la République tournent court. D’abord emprisonné, Beaumarchais gagne finalement sa liberté et préfère se réfugier à Londres, puis à Hambourg. Il ne reviendra à Paris qu’en 1796, au crépuscule de sa vie.

L’existence hors du commun de Beaumarchais n’aurait toutefois pas connu pareille trajectoire sans ses compétences premières développées au sein de l’atelier d’horlogerie de son père. Dès ses 13 ans, Pierre-Augustin est en effet initié aux arcanes du métier. Il y montre d’ailleurs de telles dispositions qu’en 1753, à 21 ans, il invente l’échappement à double virgule (une évolution de l’échappement à cylindre), assurant une bien meilleure précision aux montres de l’époque, qui accusaient volontiers une demi-heure de retard par jour. Mis au courant, l’horloger du roi Jean-André Lepaute veut s’en attribuer la paternité. C’était sans compter l’opiniâtreté du jeune Caron – « de Beaumarchais » viendra du premier de ses trois mariages –, qui prend la plume pour se défendre et crie à la contrefaçon de son rival Lepaute. La brouille vient aux oreilles du roi Louis XV, qui, une fois le bon droit de Caron reconnu, en fera son horloger. Et comme Beaumarchais fait également preuve de talents musicaux, il se voit chargé des cours de harpe auprès des filles du roi. Son amitié avec le richissime financier Joseph Pâris-Duverney fera le reste. Alors introduit partout, l’horloger du roi Beaumarchais pouvait commencer à oublier l’horlogerie !

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