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L’avenir appartient à ceux qui innovent tôt
Points de vue

L’avenir appartient à ceux qui innovent tôt

vendredi, 24 juin 2016
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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6 min de lecture

IN-NO-VER ! Le mot était sur toutes les lèvres au salon de la sous-traitance EPHJ qui a fermé ses portes le 17 juin dernier. Si le futur de l’horlogerie suisse inquiète, chacun s’accorde à dire que c’est la seule issue possible.

« Un climat propice à l’innovation », tels sont les termes minutieusement choisis que les organisateurs du salon EPHJ-EPMT-SMT ont utilisés pour décrire l’ambiance particulière dans laquelle s’est ouverte la manifestation, le 14 juin dernier à Palexpo Genève. Une formule qui tient évidemment du doux euphémisme, tant il est vrai que la situation dans le domaine de la sous-traitance s’est particulièrement tendue ces derniers mois. Il n’en reste pas moins que l’expression résume parfaitement les défis à venir : face à la baisse des commandes, seules les entreprises capables de proposer des solutions novatrices – et accessoirement plus compétitives – auront une chance de résister. Une course à l’innovation bien comprise par les 881 exposants de ce plus grand salon industriel de Suisse mais qui, parfois également, doit composer avec l’inertie de la branche.

Les horlogers attendent des solutions toutes prêtes et innovantes !
Alain Lallemand, Composites Busch
Nouveaux matériaux

Le thème a agité les esprits durant toute la manifestation. Et pas seulement dans les conversations privées. Répondant à une profonde inquiétude des professionnels, les organisateurs ont multiplié tables rondes et conférences sur l’avenir du secteur. « L’horlogerie suisse saura-t-elle s’adapter ? », « La nouvelle dimension des applications lasers » ou encore les résultats d’un sondage auprès des jeunes sur leurs habitudes et leurs préférences ont été quelques-uns des sujets traités en marge du Salon. Les vraies réponses, cependant, étaient à débusquer dans les travées.

Composites Busch
Tous les matériaux n’ont pas encore été utilisés en horlogerie. Composites Busch propose du carbone nickelé, dont la propriété est d’être anti-magnétique.

Comme ce carbone nickelé proposé par Composites Busch. Installée à Porrentruy (canton du Jura), spécialisée dans les matériaux composites, la société possède son propre département de recherche et développement. C’est elle qui, pour Hublot, a développé le modèle Big Bang Broderie, lequel a remporté le GPHG 2015 dans la catégorie Montre Dame. Mais l’histoire est déjà ancienne pour Alain Lallemand, son directeur adjoint : « Les horlogers attendent de nous que nous leur amenions des solutions non seulement nouvelles, mais aussi toutes prêtes », lance-t-il. Prochaine étape après les éléments d’habillage en carbone : les composants de mouvement et, notamment, la platine, dont quelques prototypes étaient présentés à l’EPHJ. Mais le produit le plus prometteur, ce sont ces fibres de carbone nickelé, encore sous forme de cristaux sur le stand de Composites Busch. « Ce sont des fibres préimprégnées de nickel, explique le dirigeant. Leur particularité est qu’elles sont antimagnétiques. Elles sont utilisées notamment pour protéger les appareils cardiaques. Mais les possibilités dans l’horlogerie sont grandes, notamment pour des boîtiers. » Quatre heures à peine après l’ouverture du Salon, plusieurs professionnels avaient déjà exprimé un intérêt marqué.

Les meilleures idées ne valent rien si elles ne conduisent pas à une baisse des prix
André Saunier, directeur d’AJS Production
Plus de compétitivité

Si la plus-value est un aspect important de l’innovation, la compétitivité est également primordiale. « Les meilleures idées ne valent rien si elles ne conduisent pas à une baisse des prix », note André Saunier. Et le patron d’AJS Production sait de quoi il parle. Sa société, également de Porrentruy, s’est vu décerner le Grand Prix des Exposants de l’EPHJ 2016 pour son Modularium. Planche additionnelle proposant quelque sept complications à choix – telles que GMT, date ou régulateur –, ce système modulaire s’adapte à l’envi sur le mouvement selon l’axe central, offrant ainsi à un prix raisonnable une multitude de possibilités dans la configuration de l’affichage et, partant, dans le design. « Si nous pouvons être compétitif, c’est aussi grâce aux investissements que nous avons effectués ces dernières années dans l’outil industriel : des lasers mais aussi des décolleteuses et des fraiseuses automatisées sont venus compléter notre parc-machines. »

La HE-Arc Ingénierie a développé une CNC à 5 axes pas plus grande qu’une machine à café. Un concept qui pourrait révolutionner l’industrie.

Les techniques de production, en effet, incarnent certainement le secteur qui va connaître les plus grands bouleversements ces prochaines années. La Haute École Arc Ingénierie a d’ailleurs déjà fortement marqué les esprits. Alors que les CNC existantes font la taille d’une voiture et pèsent plus d’une tonne, la micromachine 5 axes développée par l’institution n’est pas beaucoup plus grande qu’une machine à café. Présentée en première mondiale le 21 avril dernier, cette Micro5, outre sa taille, a l’avantage de consommer 10 fois moins d’énergie, sans pour autant perdre en précision.

Avec la 3D, il faut penser autrement pour créer des composants autrement.
Dominique Beuchat de 3D Precision

Cette petite merveille pourrait bien révolutionner les manufactures dans un avenir proche. Plus vite en tout cas que la fabrication additive ! Plus connue sous le terme d’ « impression 3D, cette technologie se heurte, semble-t-il, à une certaine forme de résistance passive. Considérée comme la méthode du futur, elle reste pourtant largement cantonnée au prototypage. « Il est possible de faire beaucoup de chose avec cette technologie, affirme Dominique Beuchat, CEO de 3D Precision à Delémont (canton du Jura). Encore faut-il que les designers et les ingénieurs s’adaptent ! La plupart des gens qui viennent me voir me demande de réaliser des pièces qui sont fabriquées par enlèvement de matière. Je n’y vois pas l’intérêt ! Un composant conçu pour être fraisé et meulé doit continuer à être fraisé et meulé. Avec la 3D, c’est un changement de paradigme qui doit s’opérer. Mais pour créer des composants impossibles à faire autrement et ce, avec un minimum de matière, encore faut-il penser autrement ! »

Le salon professionnel EPHJ-EPMT-SMT s’est tenu à Palexpo Genève du 14 au 17 juin dernier.
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