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Regards de connaisseurs

L’aventurine ou les origines secrètes des cadrans de montres les plus scintillants

mardi, 6 février 2018
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Carol Besler
Journaliste

“Les montres sont un art fonctionnel.”

Carol Besler assure une couverture mondiale de l’horlogerie et la joaillerie.

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4 min de lecture

Généralement très rares, les cadrans ornés d’aventurine, substance minérale bleue scintillant de particules dorées, étaient aussi répandus que les tourbillons au SIHH 2018. L’occasion de s’interroger sur la nature de cette matière précieuse : naturelle ou manufacturée ?

L’aventurine, également nommée verre aventuriné, recouvre la surface des cadrans de la Kalparisma Nova Galaxy de Parmigiani Fleurier et de la Saxonia Thin de A. Lange & Söhne. Chez Van Cleef & Arpels, elle représente le cosmos sur la Lady Arpels Planétarium et la Lady Arpels Nuit Féérique alors que chez Cartier, elle sert de toile de fond aux chiffres romains étirés, sertis de diamants, d’une Rotonde de Cartier L’Heure Mystérieuse.

Lady Arpels Planétarium de Van Cleef & Arpels, mouvement développé par le spécialiste des complications astronomiques Christiaan van der Klaauw
Lady Arpels Planétarium de Van Cleef & Arpels, mouvement développé par le spécialiste des complications astronomiques Christiaan van der Klaauw

A propos de l’aventurine, il est une légende très répandue, récurrente dans les communiqués de presse, qui m’a amenée à m’intéresser à son origine. En général, elle est supposée être apparue dans une fabrique de verre de Murano près de Venise, au XIIIe ou au XVIIIe siècle (la date varie selon les sources), lorsqu’un artisan fit tomber par hasard (« par aventure ») de la limaille de cuivre dans une cuve de verre en fusion. D’où le nom d’« aventurine ». Cependant, il existe une pierre véritable nommée aventurine qui ressemble un peu à la substance manufacturée. D’où la question : si l’histoire de l’accident dans la fabrique de verre est vraie, comment se fait-il que la pierre véritable a pris le même nom, qu’elle n’a pas été baptisée en premier ? Dans le monde des gemmes, on procède généralement dans l’autre sens. En premier lieu, on découvre une pierre, par exemple le diamant. Ensuite, on découvre ou crée quelque chose qui lui ressemble, comme le « faux diamant » ou le « diamant synthétique ». Dans le cas de l’aventurine, c’est le contraire. La pierre véritable a été baptisée après l’imitation.

La seule vérité dans l’histoire, c’est que le procédé a effectivement été développé à Murano.

En cherchant à élucider ce point obscur, j’ai suivi plusieurs directions avant de tomber sur un numéro datant de 1949 de Gems & Gemology, la publication du Gemological Institute of America. Dans son article sur le sujet, le célèbre gemmologue et écrivain Robert Webster, diplômé F.G.A, commence ainsi : « l’erreur véhiculée par de nombreux auteurs sur le mode de création du verre aventuriné a poussé l’auteur à écrire cet article ». Robert Webster discrédite la thèse de l’erreur d’un artisan verrier qu’il juge hautement improbable — « une fable inventée pour préserver le véritable secret de fabrication ». Il affirme que la limaille de cuivre n’aurait jamais pu produire un tel effet, que le cuivre aurait dû être délibérément taillé en cristaux triangulaires ou hexagonaux pour créer les reflets de lumière désirés. De plus, dans l’idéal, les cristaux auraient dû être répartis uniformément, ce qui implique autre chose qu’un renversement aléatoire dans une mer de verre en fusion. La seule vérité dans l’histoire, c’est que le procédé a effectivement été développé à Murano. Selon Robert Webster, il a été jalousement tenu secret et « détenu en exclusivité par quelques-unes des plus grandes familles vénitiennes ».

L’aventurine naturelle est un type de quartz qui tire son aspect pailleté non pas du cuivre mais de l’hématite ou du mica.

Quid de la pierre véritable ? Cette aventurine est un type de quartz qui tire son aspect pailleté non pas du cuivre mais de l’hématite ou du mica. A un moment donné — l’article de Robert Webster ne précise pas quand —, le minéral naturellement formé a lui aussi été nommé aventurine, à cause de sa ressemblance avec le verre aventuriné, et son aspect scintillant « aventurescence ». Comment l’appelait-on auparavant ? Selon la variété, on l’assimilait (et on l’assimile toujours) au quartzite, à l’héliolite, au feldspath ou, souvent mais par erreur, à la labradorite. Quant à l’imitation, elle est fréquemment appelée verre aventuriné ou simplement aventurine — ce que l’on ne saurait contester car le verre a été baptisé avant la pierre. En réalité, il est probable qu’avec l’appellation « aventurine », on ait cherché à renforcer l’intérêt pour la pierre véritable, et non le contraire. Quoi qu’il en soit, par aventure ou non, on obtient un magnifique décor de cadran.

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