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Le MIH rend hommage aux artistes suisses
Expositions

Le MIH rend hommage aux artistes suisses

mardi, 22 juillet 2008
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Le peintre sur émail neuchâtelois Louis Reguin et l’artiste bientôt centenaire Hans Erni sont à l’honneur cette année au Musée International d’Horlogerie(MIH) à La Chaux-de-Fonds. Le premier avec ses « Miniatures Monumentales », le second avec une exposition dédiée à son célèbre triptyque sur la mesure du temps réalisé pour l’« Expo ’58 » de Bruxelles.

La peinture sur émail, une technique qui est apparue au début du XVIIe siècle, est volontiers comparée à celle de la peinture à l’huile, inséparable de la décoration des montres pendant plus de deux siècles. « Grâce à des couleurs vitrifiables, formées d’oxydes de minéraux, réduits en une poudre très fine, qu’il dilue soit avec de l’essence, soit avec de l’huile, l’émailleur exécute au pinceau de véritables tableaux en miniature, explique dans la brochure Splendeur de l’émail*, Catherine Cardinal, actuellement professeur à l’Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand) et animatrice pendant douze ans du Musée Internationale d’Horlogerie (MIH) à la Chaux-de-Fonds. (…) Les premiers ouvrages imprimés décrivant la technique date du XVIIIe siècle. Tous mettent en évidence les multiples difficultés rencontrées, comme de nos jours, par les émailleurs au cours de leur travail. »

De fait, entre la préparation de la plaque d’or ou de cuivre, la fixation de la couche de base sur les deux côtés de la pièce pour éviter toute déformation au feu, la composition de la palette de couleur, le dessein de l’ébauche au rouge de Mars, puis l’application des diverses couches d’émail correspondant aux coloris retenus, synonyme de passage au feu à chaque étape, sans oublier la « mise sous fondant », procédé introduit par les émailleurs genevois au XVIIIe siècle pour revêtir leurs peintures d’une glaçure protectrice et incolore, ultime et redoutable épreuve, l’émaillage requiert « patience, dextérité, discipline et astuce qui caractérisent toutes les étapes qui scandent invariablement le travail du peintre », selon les termes de Louis-Elie Millenet, auteur en 1922 du Manuel pratique de l’émaillage sur métaux. C’est précisément pour mettre en relief cette démarche de bénédictin que le MIH consacre cette année une exposition temporaire au Chaux-de-fonnier Louis Reguin (1872-1948), peintre sur émail, géant de la miniature, qui a tout naturellement inspiré le titre de exposition « Miniatures Monumentales »**.

La renommée de Louis Reguin lui attira aussi une clientèle de particuliers fortunés.
Un géant de la miniature

« Son talent artistique fut rapidement reconnu, ce qui lui valut des commandes des entreprises les plus importantes, parmi lesquelles Movado, à la Chaux-de-Fonds, et Weber, à Genève, exposent Urs Staub et Thomas Walser-Wied dans le catalogue de l’exposition. La renommée de Louis Reguin lui attira aussi une clientèle de particuliers fortunés, dont des princes et des monarques. Il travailla ainsi pour le Tsar Nicolas II de Russie et un prince de la maison du Négus d’Ethiopie. Les peintures sur émail de Reguin sont des chefs d’œuvre de la miniature, se rapportant à la personnalité, et même à la vie intime de leur propriétaire. Véritables microcosmes luisant et brillant sur quelques centimètres carrés, ne s’offrant à l’observateur qu’au prix de l’attention adéquate, ces minuscules peintures parviennent ainsi à exprimer précisément les traits physiques et moraux de personnalités, la poésie des peintures du genre, la monumentalité d’imposants paysages montagneux ou encore la tendresse des gerbes de fleurs. »

« Nous avons déjà réalisé une exposition sur l’émail il y a une dizaine d’années, précise Jean-Michel Piguet, conservateur-adjoint du MIH, mais cette fois nous avons été approché par une collectionneur privé qui dispose de 445 œuvres, peintures et émaux, de Louis Reguin, un artiste issu de l’Ecole d’émaillage de La Chaux-de-Fonds. Etant donné l’exceptionnelle qualité artistique de cette collection, nous avons accédé à sa demande et décidé d’exposer les œuvres à la fois au MIH pour ce qui est des émaux et les peintures au Musée des Beaux-Arts. » Pour bien permettre aux visiteurs d’apprécier toute la subtilité de ces miniatures, le MIH a d’ailleurs imaginé des vitrines dotées de binoculaires reliés à des écrans qui rendent toute la subtilité du travail effectué, restituant la profondeur de ces peintures sur émail à nulle autre pareille.

Une épopée à travers l’histoire horlogère

Le MIH consacre une deuxième exposition temporaire au peintre suisse Hans Erni à l’occasion du cinquantenaire des fresques de l’artiste, propriété du MIH, réalisées à l’occasion de l’Exposition internationale et universelle de Bruxelles en 1958***. Deux axes ont été retenus pour illustrer les travaux de l’époque : l’horloge universelle de Favag qui fut « la partie si ce n’est la plus visible, du moins la mieux comprise du garde-temps de précision de la Section horlogère du Pavillon suisse, comme le rapporte la présentation de l’exposition. A Bruxelles, l’étalon-référence était un oscillateur moléculaire à ammoniac : la conservation de l’heure se faisait par une horloge à quartz et la distribution passait par un réseau important d’horloges secondaires dont l’horloge universelle présentée à l’exposition ; la commande de ce réseau passait par une horloge à pendule de haute précision, synchronisée par l’horloge à quartz. » Pour accompagner cette horloge universelle, le MIH expose également des montres, chronomètres et pendulettes de l’année 1958 qui apparaissent sous l’identité des marques, différence notoire dans la mesure où tous les garde-temps suisses de l’« Expo ‘58 » disposaient du seul et unique logo de l’exposition, soit une étoile asymétrique à cinq branches.

Le deuxième axe repose sur le triptyque de Hans Erni lui-même, décliné en Histoire de la mesure du temps, Technique de la mesure du temps et Philosophie de la mesure du temps. Ces fresques peintes a tempora ont des fonds travaillés selon un principe cher à l’artiste : les peintures encore fraîches sont recouvertes de papier journal ensuite retiré, gage de dynamisme des œuvres qui sont ensuite retravaillées par l’accentuation du contour des sujets. « Onze personnages ont quitté les fresques pour animer l’exposition », dit encore le MIH qui met en scène aussi bien Ptolémée, Copernic qu’Einstein, Newton, Galilée ou Huygens, sans oublier des figures comme Harrison, Breguet et Guillaume, chacune mise en perspective par des pièces évocatrices et non moins prestigieuses.

* Splendeurs de l’émail – Montres et horloges du XVIe au XXe siècle, Catherine Cardinal, Edition Institut l’homme et le temps, La Chaux-de-Fonds 1999
**Louis Reguin, Miniatures Monumentales, Exposition du 17 mai au 19 octobre 2008, Musée International d’Horlogerie, Musée des Beaux-Arts, La Chaux-de-Fonds

***Hans Erni, La conquête du temps, exposition du 18 avril au 21 septembre 2008, Musée International d’Horlogerie, La Chaux-de-Fonds

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