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Le tourbillon, un art plutôt qu’une science
Points de vue

Le tourbillon, un art plutôt qu’une science

jeudi, 13 décembre 2012
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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4 min de lecture

Pour Vianney Halter, rencontré au Salon Belles Montres de Paris, le tourbillon est un exercice de style qui n’apporte rien à la chronométrie mais exalte une forme de savoir-faire.

Le tourbillon vu par un horloger indépendant, telle était l’affiche de l’une des conférences du Salon Belles Montres à Paris. Une affiche suffisamment parlante lorsqu’on lit le nom de l’orateur, Vianney Halter, l’un des créateurs horlogers les plus talentueux de sa génération qui, pour sa part, n’a jamais réalisé de tourbillon ! « Depuis une dizaine d’années, le tourbillon est en vedette auprès de la plupart des marques horlogères comme des indépendants, expliquait-il. Et pourtant, stricto sensu, il ne s’agit pas d’une complication horlogère comprise comme une fonction supplémentaire aux indications horaires de base. En l’occurrence, nous sommes face à un dispositif technique porteur d’une solution. »

Et Vianney Halter de refaire l’historique de l’organe de régulation des montres, du génial Christian Huygens (1629-1695) en passant par Isaac Thuret (1630-1706), qui réalise pour lui le premier balancier-spiral, pour aboutir à Abraham-Louis Breguet, père du tourbillon. « Face au problème d’un balancier annulaire dont l’équilibrage est rendu d’autant plus difficile que le spiral décentre le point de gravité, Breguet a imaginé de faire tourner ce dispositif sur lui-même », poursuivait Vianney Halter. À ce stade, trois hypothèses se confrontent : soit Abraham-Louis Breguet cherchait à réaliser un objet horaire plus précis ; soit il voulait construire un système permettant de s’affranchir d’un organe de régulation imparfait ; soit il a imaginé un système permettant de compenser les problèmes récurrents de lubrification.

Le tourbillon, une fausse bonne idée ?
Une démonstration technique

Comme le rappelle Vianney Halter, le tourbillon a été conçu pour fonctionner dans les positions verticales, lorsque les montres de poche étaient rangées dans le gilet, permettant ainsi de compenser les écarts de marche dus à l’attraction terrestre. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que le tourbillon ait été la star des concours de chronométrie au XIXe siècle dans la mesure où les tests en position verticale étaient plus nombreux que ceux en position horizontale. « Quand la montre est passée au poignet au début du XXe siècle, l’efficacité du tourbillon s’est révélée nettement moins pertinente, expliquait Vianney Halter. D’autant que les techniques d’usinage n’ont cessé de progresser. Le tourbillon, une fausse bonne idée ? Force est de constater que ce dispositif est susceptible d’induire plus de difficultés dans le réglage des montres, considéré de surcroît comme une simple curiosité historique si l’on en juge les commentaires des scientifiques dans les années 1920. »

Et Vianney Halter de poursuivre : « Rendons à Breguet ce qu’on lui doit, à savoir une notoriété qui a aidé à la reconnaissance du tourbillon qui dépasse sa réelle efficacité. Dans ce contexte, la réalisation d’un tourbillon relève surtout d’une démonstration technique, une sorte de supplément d’art horloger qui, si le mécanisme est bien construit, apporte une preuve des capacités de telle ou telle Maison. Il s’agit là d’une forme de lettre de noblesse dont on s’arroge. » En conclusion, Vianney Halter donne la réponse à trois questions : non, le tourbillon ne propose pas de réelle amélioration à la précision des garde-temps, pas plus qu’il représente une innovation majeure. Il n’en reste pas moins digne d’intérêt dans l’horlogerie contemporaine comme un « exercice de style ». Vianney Halter cédera-t-il au chant des sirènes ? Rien n’est moins sûr…

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