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Histoire & Pièces d'exception

L’émailleur et joaillier tatare Ilgiz F. ouvre sa galerie à Paris

vendredi, 8 décembre 2017
Par Victoria Townsend
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Victoria Townsend

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5 min de lecture

Connus seulement par quelques initiés, les émailleurs voient leur reconnaissance gagner du terrain, comme en atteste le Prix spécial du Jury décerné aux émailleuses Suzanne Rohr et Anita Porchet lors du dernier Grand Prix d’Horlogerie de Genève. L’artiste tatare Ilgiz Fazulzyanov, qui collabore notamment avec Bovet, fait partie de cette communauté rare. Portrait.

Ilgiz Fazulzyanov, récemment à Paris pour l’ouverture de sa galerie, se situe dans une catégorie à part. Ses créations, basées sur les différentes techniques d’émaillage et de sertissage, ont fait de « Ilgiz F. » la seule signature russe reconnue aussi bien au niveau national qu’au niveau international. La Maison Bovet ne s’y est pas trompée pour collaborer depuis 2013 avec cet artiste dont les cadrans de montre sont véritablement stupéfiants, tout comme ses pièces de joaillerie.

Ilgiz Fazulzyanov
Ilgiz Fazulzyanov

Que celui qui prétend rester de marbre devant un cadran émaillé ou un bijou signé Ilgiz Fazulzyanov jette la première pierre précieuse. Ce maître artisan originaire du Tatarstan, une république de la Fédération de Russie, suscite en effet tout un panel d’émotions au travers de chacune des réalisations. Venu à Paris le mois dernier pour l’ouverture de sa première galerie en propre, il a ravi son public, citant au passage son « maître absolu », René Lalique, le célèbre verrier et bijoutier installé dans la Ville Lumière qui a excellé dans les deux styles chers à Ilgiz Fazulzyanov, à savoir l’Art nouveau et l’Art déco.

La nature comme source d’inspiration

Né dans la ville de Zelenodolsk, au Tatarstan, en 1968, Fazulzyanov rejoint la capitale Kazan pour y étudier les beaux-arts. Son diplôme en poche, il se consacre dès 1987 à ses deux passions, le travail du métal et la composition de couleurs, qui l’amènent à la création de vitraux, puis de ses premières pièces joaillières. Dans son atelier à Kazan, il parfait son art en autodidacte afin de maîtriser les différentes techniques d’émaillage comme de sertissage, sans oublier la taille des pierres. Les pierres précisément qu’il recherche scrupuleusement dans les régions les plus proches possible de sa terre natale. L’un des bracelets présentés lors de sa venue à Paris, celui orné d’une améthyste russe de 140 carats, de démantoïdes en provenance de l’Oural et de diamants, aura nécessité pas moins de deux ans de travail.

Bracelet signé Ilgiz F. orné d’une améthyste russe de 149 carats, de démantoïdes également russes et de diamants
Bracelet signé Ilgiz F. orné d’une améthyste russe de 149 carats, de démantoïdes également russes et de diamants

Certes émailleur-joaillier, Ilgiz Fazulzyanov se considère surtout comme un artiste qui accorde un soin tout particulier au dessin initial. Bien que son atelier se situe dorénavant à Moscou, il dessine partout : dans l’avion, à la plage, dans son Tatarstan natal, dans le jardin de sa datcha proche de Moscou, en s’inspirant de la pluie, d’oiseaux, de plantes… et même d’une chenille, comme on a pu le voir avec ce collier en or, présenté par le Maître lui-même, composé de fleurs en émail Grand Feu parsemées de diamants. Tout comme les étoffes florales du Tatarstan, l’essentiel de son travail est inspiré par la nature, à l’instar de ce cadran Bardanes Bleues en peinture miniature émail Grand Feu. Réalisé dans le style Art déco, il orne la Bovet 1822 Amadeo Fleurier 39 mm.

Ilgiz F. Bardanes bleues sur fond blanc pour la Bovet Fleurier Amadeo 39mm
Ilgiz F. Bardanes bleues sur fond blanc pour la Bovet Fleurier Amadeo 39mm
Consécration au musée du Kremlin

Au-delà des joies de la nature, il existe une face plus « sombre » de l’artiste, volontiers philosophe, qui ose des représentations de l’état du monde avec des pièces aux symboles politiques affirmés. Serait-ce donc la mystérieuse « âme russe » tant décrite par les écrivains du XIXe siècle qui s’exprime ? Quoi qu’il en soit, les peintures miniatures représentant deux aigles – deux puissances qui s’affrontent – ou les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, soit autant de cadrans uniques, provoquent l’émerveillement. Ilgiz Fazulzyanov les a créés pour le grand modèle Bovet Amadeo 43 mm pour homme. La Maison horlogère lui a d’ailleurs donné carte blanche pour la réalisation de ces cadrans, dont chacun nécessite trois à quatre mois de travail et dont huit sont encore à découvrir.

Bovet Fleurier Amadeo 43 mm Le Cavalier de l’Apocalypse
Bovet Fleurier Amadeo 43 mm Le Cavalier de l’Apocalypse

La collaboration avec Bovet aurait-elle influencé la perception du temps du joaillier-émailleur ? « Si nous sommes tous soumis à la pression du temps, peu d’entre nous arrivent à l’arrêter. À mon avis, seul le processus de création en est capable, processus qui débouche sur une œuvre qui, elle, conserve le temps passé à la créer. Avec l’art, le temps n’existe pas, il s’arrête, il ouvre une autre dimension. »

En 2016, Ilgiz Fazulzyanov a tenu une exposition en solo au musée du Kremlin, du jamais-vu depuis Fabergé il y a presque 100 ans.

Gagnant de nombreux prix internationaux incluant le Grand Prix Design Excellence Award lors du Hong Kong International Jewellery Show en 2011 et en 2013, Ilgiz Fazulzyanov a également été nommé « Roi de l’Émail » après son exposition à Antibes, France, en 1998. Une grande satisfaction pour l’artiste, tout comme son exposition en solo au musée du Kremlin en été 2016, du jamais-vu depuis Fabergé il y a presque 100 ans. Au rang des grandes satisfactions encore, l’ouverture de sa toute première galerie à Paris, située près du palais présidentiel de l’Élysée.

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