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Les 500 jours de l’heure décimale
Histoires de montres

Les 500 jours de l’heure décimale

jeudi, 30 août 2018
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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4 min de lecture

Les Égyptiens l’ont utilisée, les Chinois également et enfin les Français, au lendemain de la Révolution. Par décret, la Ire République introduit l’heure décimale en 1793. Moins de deux ans plus tard, cette exception française sera abolie. De nos jours, elle ne survit qu’avec l’heure Internet du Swatch Group, exprimée en « beats ».

En voulant faire table rase du passé pour mieux embrasser un avenir proprement « révolutionnaire », la Convention nationale, celle-là même qui fonda la Ire République française en 1792, avait également réfléchi aux arts et aux sciences. Dans un souci de modernité, il était question d’unifier les systèmes de calcul des poids, des mesures et du temps sur une base décimale. Après le calendrier républicain divisant l’année en 12 mois de 30 jours complétés par 5 « sans-culottides », voire 6 les années bissextiles intervenant au terme d’une Franciade, c’est donc l’heure décimale qui est introduite par décret le Quartidi Frimaire de l’an II (le 24 novembre 1793). C’en était donc fini de l’once, du quarteron ou du quintal. Terminé également le pied, la toise et l’acre. Aux oubliettes le boisseau ou le muid, le demiard ou la pinte. Dans le même ordre d’idées, une journée allait donc se composer de 10 heures divisées en 100 minutes, elles-mêmes comprenant 100 secondes. Le système sexagésimal hérité des Babyloniens avait vécu, il était désormais midi à 5 heures, littéralement !

Une belle pagaille

Pour conforter leur décision, les élus de la Convention pouvaient assurément citer en exemple l’Égypte ancienne ou la Chine, qui avaient également adopté une mesure du temps décimale. De plus, la communauté scientifique adhérait clairement à ces positions. Même à cela, l’heure « révolutionnaire » n’a pas manqué d’engendrer une belle pagaille. Impossible dans un premier temps d’adapter les horloges monumentales qui rythmaient encore largement la vie dans les campagnes. L’adaptation des montres existantes se révélait tout aussi épineuse dans la mesure où un grand nombre de composants des mécanismes devaient être adaptés artisanalement. Un travail de titan. Quant aux nouveaux modèles mis au point par les ténors horlogers de l’époque comme Abraham-Louis Breguet, Antide Janvier, Pierre-Basile Lepaute ou Louis Berthoud, seuls les nantis pouvaient y prétendre. D’autant que le système de double affichage qui se répand rapidement pour simplifier la vie quotidienne des Français représentait un casse-tête horloger avec une heure « révolutionnaire » équivalant à 2 heures et 24 minutes du système sexagésimal.

Si le système métrique finira par s’imposer, c’est uniquement dans les subdivisions de la seconde.
Décimales de la seconde

Ces difficultés quasi insurmontables au quotidien, couplées aux problèmes de cette soudaine insularité de la France, ont finalement eu raison de l’heure décimale. En avril 1795, elle sera suspendue, tout comme le calendrier révolutionnaire aboli par décret de Napoléon Ier en 1806. Il faudra attendre près d’un siècle pour que l’heure décimale revienne sur le tapis lors de grandes conférences scientifiques. Sans succès, toutefois, vu la « révolution » supposée par un tel changement. Si le système métrique a fini par s’imposer, c’est uniquement dans les subdivisions de la seconde, voulues dans un premier temps par les exigences de précision dans l’univers du sport. Dans l’industrie également, on observe quelques vestiges de l’heure décimale pour une meilleure gestion des temps de travail, la comptabilisation des durées se faisant parfois en 1/100 d’heure. Dernière initiative en date : l’heure Internet introduite par le Swatch Group en 1998, d’ailleurs toujours indiquée sur son site, qui propose un découpage du temps par « beats », au nombre de 1’000 par jour. Si vous venez de terminer la lecture de cet article à 14h05, sachez donc qu’il est @545 beats ! Quelle heure, dites-vous ?

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