L’année 2013 n’est pas encore arrivée à son terme que déjà les experts et autres analystes ont pris leurs calculettes pour estimer les retombées du prochain exercice. Et force est de constater qu’ils tablent sur un vif rebond en 2014. Le mois de septembre est d’ailleurs venu appuyer leurs prévisions vu que les exportations se sont fortement accélérées, marquant une avancée qui n’avait plus été observée depuis janvier dernier. Par rapport à septembre 2012, les ventes à l’étranger ont ainsi enregistré une croissance de 8,5 % à CHF 1,9 milliard. La tendance au redressement se confirme donc sur les neuf premiers mois de l’année, selon la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) : de janvier à septembre, les exportations ont progressé de 1,9 % à CHF 15,65 milliards par rapport à la même période de l’année précédente.
Un nouveau jalon historique
En d’autres termes et à moins d’une catastrophe majeure sur le dernier trimestre, peu probable vu la relative faiblesse des exportations durant les trois derniers mois de l’an dernier, la branche va atteindre un nouveau jalon historique. Selon toute vraisemblance, la valeur totale pour cette année devrait ainsi dépasser les CHF 21,43 milliards réalisés en 2012.
Nous avions jusqu’à peu des indicateurs macroéconomiques teintés de rouge-orange.
Le dynamisme attendu au quatrième trimestre 2013 devrait d’ailleurs se poursuivre les mois suivants. C’est ce qu’indiquait Jean-Christophe Babin, CEO de Bulgari (groupe LVMH), dans une interview récente : « Nous avions jusqu’à peu des indicateurs macroéconomiques teintés de rouge-orange. Ils sont désormais passés à l’orange-vert. De plus, l’effet de déstockage auprès des détaillants tend aussi à sa fin. Je m’attends dès lors à une reprise assez rapide dès le début de l’année prochaine. » Conséquence, sur l’ensemble de 2014, « on peut raisonnablement tabler sur une croissance de 5 à 10 % des exportations suisses », précisait Jean-Christophe Babin.
Un optimisme partagé
Cet optimisme est largement partagé par la communauté des analystes. René Weber, de la banque Vontobel, anticipe pour l’heure une croissance de 6 à 8 % en 2014, tout en précisant qu’il réactualisera ses prévisions au début de l’an prochain. Il explique surtout cette hausse par le retour du marché chinois. Le spécialiste augure même une légère amélioration dans la région Grande Chine, alors qu’il craignait il y a peu un nouveau recul dans les mois à venir. De son côté, la banque Citi est tout aussi optimiste. Son analyste Thomas Chauvet est d’avis que les exportations vont progresser de 8 % en 2014.
Pour sa part, Jon Cox, de Kepler Cheuvreux, vient de relever ses prévisions. À l’aune de l’amélioration conjoncturelle mondiale, notamment de la sortie de crise attendue dans la zone euro, il s’attend désormais à une hausse de 7 à 8 %. À l’unisson, les économistes constatent que la conjoncture mondiale s’améliore, comme le confirme la hausse régulière des indices des directeurs d’achat. Ils notent également que la Chine se reprend et semble à même d’atteindre son objectif de croissance 2013 de 7,5 %. Mieux encore, dans un contexte à nouveau porteur, Jon Cox pense que l’horlogerie pourrait croître ces prochaines années à un rythme annuel moyen de 8 %.
Les grands groupes à l’honneur
Ce sont surtout les grands groupes qui vont en tirer profit. Ainsi, Swatch et Richemont vont continuer de gagner des parts de marché et devraient connaître une croissance à deux chiffres en monnaies locales. Quoi qu’il en soit, la moyenne des experts se situe donc aux alentours de 7 %, voire 8 %, de croissance des exportations horlogères suisses pour l’année prochaine. Ce qui représenterait un quatrième exercice record consécutif pour cette industrie.
Les pays Bric, soit Brésil, Russie, Inde, Chine, n’ont encore de loin pas atteint tout leur potentiel.
Ce secteur constituerait-il une exception ? « Mon impression est que le luxe peut continuer de croître en moyenne annuelle mondiale de 5 à 15 % ces prochaines années, bien que la base de comparaison soit nettement plus élevée », estimait Jean-Christophe Babin. Et de poursuivre avec un constat qui peut tout aussi bien s’appliquer à l’horlogerie : « La vague de fond est là, liée à l’enrichissement croissant de la population et à l’évolution démographique. De nombreux marchés, parfois nouveaux, vont alimenter cette hausse. Les pays Bric, soit Brésil, Russie, Inde, Chine, n’ont encore de loin pas atteint tout leur potentiel, sans parler des perspectives réjouissantes en ce qui concerne des pays comme l’Indonésie ou le Vietnam, voire de marchés plus matures comme la Corée du Sud. »