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Les Horloges de la Cité Interdite
Histoire & Pièces d'exception

Les Horloges de la Cité Interdite

mardi, 14 juillet 2009
Par David Chang
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David Chang

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6 min de lecture

Lorsque les missionnaires occidentaux ont introduit les horloges à sonnerie en Chine, aux 17e et 18e siècles, les chinois se sont pris d’un vif intérêt pour cette mécanique, notamment à la Cour rapidement dotée ses propres ateliers.

Suite à l’introduction des horloges à la Cour des Ming, l’empereur fit appel à des missionnaires européens familiers avec ce type de mécanique pour en garantir l’entretien et l’usage quotidien. Sous la dynastie des Qing, les empereurs Shunzhi, qui régna de 1644 à 1661, Kangxi (1662-1722), Yongzheng (1723-1735) et Qianlong (1736-1795), ont fait preuve d’un intérêt et d’une admiration prononcés pour les horloges. Dès avant le règne de Shunzhi, des imitations réussies avaient même déjà été produites si bien qu’à l’avènement de l’empereur Kangxi, il y avait un grand nombre d’horloges à la Cité Interdite. Chaque enfant de l’empereur en possédait même de nombreux exemplaires. Dans le même temps, les occidentaux maître de ces technologies étaient mis à contribution afin d’améliorer la qualité des horloges produites en Chine.

La prolifération des horloges à la Cour devint telle que le « Bureau des horloges à sonnerie » et le « Bureau de l’horlogerie » virent le jour. Dans la onzième année de son règne (1671), l’Empereur Kangxi fit inscrire « Vénération céleste », sur le frontispice sud de la Salle Duanning, là même où se trouvait le « Bureau des horloges à sonnerie », un lieu dédié à la préservation, la remise en état et la fabrication d’horloges. Dans la dixième année du règne de l’Empereur Yongzheng (1732), le « Bureau de l’horlogerie » fut rangé sous l’autorité du Service en charge de l’ensemble des ateliers impériaux qui s’occupait spécialement de la fabrication, de la réparation et de l’entretien de toutes les horloges nécessaires à la Cité Interdite ainsi que de leur authentification et de leur disposition dans l’ameublement.

Environ une centaine d’artisans qui produisait des horloges pour l’Empereur.

Depuis cette époque, le « Bureau des horloges à sonnerie » se trouve toujours au même endroit et sert d’entrepôt du Palais pour les horloges et autres articles de mesure du temps. Par ailleurs, il existait également une « Maison des horloges » dans le Pavillon de la Réalisation des Voeux (Ruyiguan) du Palais du Yuanmingyuan, complémentaire au « Bureau de l’horlogerie » de la Cité Interdite. Sous le règne de l’Empereur Qianlong, le service de fabrication des horloges du Palais réunissait un groupe de missionnaires doués des connaissances nécessaires en la matière, des artisans chinois ainsi que des eunuques horlogers – selon les notes laissées par les missionnaires dans les années 30 et 40 du 18e siècle – soit environ une centaine d’artisans qui produisait des horloges pour l’Empereur.

Les horloges impériales

Les horlogers suisses et français du 18e siècle étaient extrêmement prospères. Les missionnaires experts dans la fabrication d’horloges et de mécanismes automatiques venaient pour la plupart de ces deux pays. Emportant avec eux les techniques occidentales les plus avancées, ils ont pu confectionner, en collaboration avec les artisans chinois et les eunuques, les horloges les plus fameuses de l’époque en Chine. Le « Bureau de l’horlogerie » connut son âge d’or durant la seconde moitié du 18e siècle. Comme les horloges sortant de cet atelier étaient commandées par l’empereur, on leur donna le titre de « Yuzhi » (NDT faites sur ordre de l’empereur). Elles sont communément appelées horloges impériales. Parmi les horloges impériales, on trouve principalement des horloges à sonnerie, des horloges artistiques, des horloges musicales, des horloges à veilles, des montres goussets…produites en collaboration avec les ateliers de laque, de menuiserie, d’orfèvrerie, de travail du jade ou de l’ivoire, de métallurgie, d’armurerie, essentiellement. L’aspect de ces horloges, dont la réalisation pouvait prendre plusieurs années, exprimait les conceptions esthétiques chinoises.

Les « horloges à sonnerie » peuvent marquer les heures ou les quarts. Les Qing étaient capable de produire de grandes horloges à sonnerie, la plupart dotées d’un pendule en plomb avec système de transmission par engrenages. Les « horloges artistiques » étaient des objets raffinés, d’usage courant, destinés à la famille impériale et aux officiels de haut rang, à l’image de l’« horloge seigneuriale en bronze plaquée or et ajourée » spécialement conçue pour ranger la coiffe d’un fonctionnaire et ses insignes distinctifs de la dynastie des Qing.

Horloge porte coiffe en cuivre plaquée or
Horloge porte coiffe en cuivre plaquée or

Les « horloges musicales » sont des horloges qui jouent une mélodie, en général pour marquer les heures et parfois à la demande. On trouve ainsi l’ « horloge en forme de bocal à nénuphar dont la fleur s’ouvre pour offrir une pêche » qui fut assemblée à partir d’un pot à fleur en bronze ciselé de la Province du Guangdong et d’un mécanisme musical fabriqué en France. L’horloge enchâssée dans le bocal, les nénuphars exubérants, les singes blancs, les enfants et la Reine Mère de l’Ouest (NDT : une déesse) gravés dans l’ivoire au cœur des fleurs, ainsi que le dispositif de commande d’ouverture des pétales ont tous été réalisés par le « Bureau de l’horlogerie ». A noter également que pour répondre aux besoins de l’Empereur, Valentin Chalier a inventé l’horloge à veilles, un instrument de mesure du temps né des traditions chinoises et occidentales qui peut décomposer la journée en 12 et 24 heures et la nuit en 5 veilles (NDT : Geng en chinois), la durée de chaque veille étant modifiée en fonction de la longueur des nuits correspondant aux 24 périodes solaires du calendrier traditionnel chinois.

La Salle des Horloges et des Montres de la Cité Interdite

Dans les années 1950, une partie de la collection de ces horloges d’époque a trouvé place dans les salles d’exposition de la Cité Interdite. En 1985, une Salle des Horloges et des Montres a été ouverte dans le Palais du Culte des Ancêtres (Fengxian Dian), Salle réorganisée en octobre 2004 pour mieux occuper la place qui lui revient parmi les musées internationaux d’horlogerie. Non seulement y sont exposées des horloges et des montres chinoises, anglaises, françaises, suisses… mais il est également possible d’assister à la projection de documentaires, effectuer des recherches informatiques, tout en bénéficiant de services multimédia. Actuellement, ce musée expose plus de 1000 pièces produites principalement entre les 18e et 20e siècles, période qui correspond à l’apogée historique de l’horlogerie. La collection de la Cité Interdite embrasse ainsi ces 200 ans d’histoire avec, en clou du spectacle, ces pièces forgées tout spécialement pour la Chine.

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