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Points de vue

« Les jeunes, comme nous l’avons été, vont toujours là où va leur cœur »

vendredi, 14 novembre 2014
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Franco Cologni
Président du Comité Culturel de la FHH

“Le talent nécessite toujours de l’effort, de l’engagement, des heures passées à perfectionner un geste qui devient, jour après jour, un don.”

Entrepreneur dans l’âme, Franco Cologni, pourtant homme de lettres, s’est rapidement lancé dans les affaires pour devenir un personnage clé du groupe Richemont.

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6 min de lecture

En venant ici à Lausanne et en réfléchissant au thème du Forum, je me suis posé une question toute simple : un jeune de 18 à 24 ans, disons normal, qui ne fait pas partie des « golden boys », que sait-il, que dit-il, que pense-t-il de la Haute Horlogerie et du vrai luxe ? Je crains qu’il n’en sache que peu ou rien. Ou, pour le moins, il ne sait rien de ce que nous savons être aussi bien la Haute Horlogerie que le vrai luxe. Mais peut-être en a-t-il sa propre idée que nous devrions étudier et comprendre.

Cette question, je suppose que vous vous l’êtes posée aussi. Et si vous êtes ici, c’est parce que vous savez aussi, au fond, que la réflexion sur les jeunes générations est une préoccupation qui intéresse de près toute la filière de notre univers.

Non seulement parce que les attentes et les espoirs de ces générations sont profondément différentes des nôtres, mais aussi parce que leur monde est interactif, relationnel, fait de réseaux. Alors que le nôtre est élitiste, structuré, hiérarchique.

Faire dialoguer ces deux mondes signifie accéder aux jeunes de demain, et donc à des clients et des marchés non seulement géographiques mais aussi, et surtout, composés d’individus. Des individus qui grandissent, qui évoluent, qui bougent et qui, par conséquent, nous posent des questions urgentes. Des individus qui ne sont pas des consommateurs, parce que dans notre univers rien n’est consommable, mais qui sont des clients ou des commanditaires, selon des modalités encore à découvrir.

A mon avis, les thèmes de réflexion que nous aborderons aujourd’hui de manière transversale sont au nombre de quatre : l’éducation, la motivation, l’interaction, l’ascension.

Les mots se comptent et ont leur poids. Quand ils sont non seulement dits mais aussi écrits, ils valent davantage.

 

Les jeunes les plus instruits sont potentiellement les plus intéressés à notre univers.

Education : l’accès à l’école, à l’université, à la formation est une valeur fondamentale permettant aux jeunes générations d’aborder en protagonistes le monde du travail et de la culture.
La compétitivité dans l’éducation, autrement dit la capacité des Etats, des universités, des écoles à fournir un niveau d’enseignement de très haut niveau, devient un indice de succès pour un pays et la clé de voûte pour l’avenir d’étudiants en marche vers le bien-être.
Les jeunes les plus instruits sont potentiellement les plus intéressés à notre univers. C’est pourquoi investir dans la culture et l’éducation, au niveau international, permet de créer des bases plus solides à la compréhension des authentiques biens du luxe, qui s’avèrent fortement « culturels » dans leur contenu.
Pour tout dire : les jeunes ont besoin d’éducation, qui signifie information, connaissance, expérience. Les mots se comptent et ont leur poids. Quand ils sont non seulement dits mais aussi écrits, ils valent davantage.

Motivation : il importe de comprendre ce qui motive, ce qui pousse les jeunes vers l’avenir.
Nos valeurs ou nos attentes étaient bien différentes : toutefois, la nouvelle conception du succès, les standards actuels du désir, la distribution inattendue des richesses doivent nous faire réfléchir au fait que leurs motivations quant à la Haute Horlogerie évoluent sans cesse dans l’espace et dans le temps.
Si le marketing traditionnel semble déjà en retard par rapport aux tendances du marché, c’est le signe qu’il s’agit de nouvelles idées et de nouveaux outils afin de comprendre pour quel motif les jeunes doivent approcher, aimer et rechercher nos valeurs, ceci afin que nos valeurs deviennent l’étalon de leur être et de leur paraître.
Qu’est-ce qui les pousse à changer de vie et quels sont les signes manifestes de l’affirmation de soi qu’ils cherchent ? La présence ou l’absence de biens du luxe constitue une différence fondamentale.

 

La Maison n’est plus retranchée dans sa manufacture, elle se met en dialogue.

Interaction : il faut cesser de croire que les jeunes sont seulement les récepteurs de nos choix.
Les jeunes générations ne sont pas des clients distraits ou passifs. Même si elles peuvent sembler plus malléables et influençables, en réalité l’interaction est pour elles une valeur fondamentale.
Si aujourd’hui un jeune envoie un message à une grande Maison par le biais de Facebook ou d’un autre média social, il s’attend à une réponse sensée en l’espace de quelques minutes. La Maison n’est plus retranchée dans sa manufacture, elle se met en dialogue.
Les jeunes générations veulent dialoguer, participer : un désir qui a toujours été typique du commanditaire, autrement dit du client du vrai luxe, et qui est à nouveau de chaude actualité aujourd’hui grâce aux médias sociaux, aux interactions, aux échanges incessants que les jeunes imposent et auxquels ils s’attendent.
Considérer les clients de demain non comme des destinataires mais comme des interlocuteurs est une profonde révolution.

Ascension : c’est désormais un lieu commun de dire que le monde est fait de riches toujours plus riches et de pauvres toujours plus pauvres. Et il semble acquis d’affirmer que la « bourgeoisie », qui fut une catégorie sociale forte, fondamentale du 20e siècle, tend pratiquement à disparaître. Parmi ces lieux communs, où se situe la réalité constituée par les jeunes générations ? Où sont-elles et vers quoi entendent-elles aller ? Quelle est leur aspiration à s’élever, à s’améliorer ? Les jeunes ont besoin de nouvelles découvertes : avant tout la découverte des valeurs, en second lieu la beauté de l’objet (tel que la montre), qui est entre autres le témoin d’un prestige désiré et demandé. Les valeurs et la beauté déterminent la différence et l’identité qui permettra à chacun d’eux d’être une « personne », reconnaissable. Un, aucun, cent mille : le jeune qui sera notre client demain sera ce un, cet individu fait de style et de bon goût.
Au mot « ascension », il s’agit d’ajouter celui d’emploi : repenser à l’emploi des jeunes en tant que facteur lié à l’éducation, à la mobilité internationale et à une flexibilité sans cesse accrue devient vital pour envisager sérieusement des résultats comptables qui soient à la hausse, mais qui le soient de manière plausible.

Autour de ces quatre points, nous développerons des propos qui ne seront pas les habituelles enquêtes sur ce que veulent les jeunes, sur où ils vont, sur ce qu’ils font. Des propos qui nous conduiront à nous interroger à fond, en tant que managers, en tant qu’experts ou, tout simplement, en tant que témoins d’une génération plus mûre.

Et à ce moment-là, il vaudra peut-être la peine de se rappeler que les jeunes, comme nous l’avons été, vont toujours là où va leur cœur.

Notre espoir est qu’à la fin de nos travaux les jeunes générations ne nous apparaissent plus comme un filon à exploiter, comme une nébuleuse à franchir ou comme une menace à éviter, mais pour ce qu’elles sont : la ressource de notre futur.

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