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Les Maisons horlogères doivent-elles offrir une garantie à...
Regards de connaisseurs

Les Maisons horlogères doivent-elles offrir une garantie à vie ? (I)

mardi, 19 décembre 2017
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Carol Besler
Journaliste

“Les montres sont un art fonctionnel.”

Carol Besler assure une couverture mondiale de l’horlogerie et la joaillerie.

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5 min de lecture

D’un point de vue opérationnel, une garantie n’est guère utile. Elle couvre les défauts de fabrication et ces derniers se révèlent dans les premiers mois. Par la suite, tout ce qui ne va pas relève du service.

Cet automne, durant le Watch Time New York Show, je me suis amusée à écouter les collectionneurs qui, comme vous le dira tout détaillant anxieux, ont de terribles connaissances et posent beaucoup de questions. Sur un stand, j’ai entendu un monsieur mettre un directeur de marque sur le gril à propos des restrictions de garantie et de service. Le directeur a répondu que son entreprise prolongeait régulièrement la garantie au-delà des deux ans habituels, en particulier pour ses bons clients. Cela n’a rien de surprenant : si l’on a dépensé USD 40 000 pour une montre et que la couronne se détache au bout de 26 mois de fonctionnement, on pourrait juger une facture de réparation mesquine et insultante. Même si le client a provoqué un choc, il mériterait une certaine indulgence en fonction de l’importance de l’impact et de l’étendue des dégâts. Plus tard, le directeur a ajouté que l’objectif de l’industrie horlogère était d’arriver à des « garanties à vie ». Cela m’a fait réfléchir. Est-ce possible, voire souhaitable ?

Les montres de luxe sont faites pour durer, surtout les montres produites ces 10 dernières années qui bénéficient d’avancées techniques considérables.

Les montres de luxe sont faites pour durer. C’est particulièrement vrai pour les montres produites au cours des 10 dernières années, qui bénéficient d’avancées techniques considérables, même dans la production en série. Aujourd’hui, les composants en silicium permettent de supprimer les huiles. Des matériaux extraordinaires comme la céramique et le titane résistent à l’usure, aux rayures, à l’eau de mer, aux chocs et… même aux balles. Les garanties commencent à en tenir compte. Depuis 2015, Rolex offre cinq ans de garantie sur toutes ses montres. Breitling et Omega ont récemment emboîté le pas en passant à cinq ans pour certains mouvements (calibres maison Breitling, calibres coaxiaux Omega).

On confond garantie et contrat de service

Les montres anciennes qui ont été correctement entretenues sont elles-mêmes faites pour durer. Danny Govberg, qui vend des montres neuves dans son magasin de Pennsylvanie (Govberg Jewelers), et des modèles de seconde main sur watchbox.com, commente : « Sauf à l’abîmer, une montre fonctionnera sans problème pendant cinq ans. Une garantie pourrait très bien couvrir huit ans et pourquoi pas vingt. En réalité, une montre bien entretenue peut durer 100 ans et plus. Il y a des montres de poche de 1840 qui fonctionnent parfaitement. Une Rolex de cinq ans d’âge est comme un enfant du même âge. C’est un vrai bébé. Une montre de dix ans est comme un enfant de dix ans. Regardez la maison Patek : elle va jusqu’à dire que l’on ne devient jamais vraiment propriétaire de sa montre, car on la transmet à la génération suivante. Elle ne dit pas de la jeter au bout de 30 ans ! »

Hublot, Grandes Complications Department © FredMerz
Hublot, Grandes Complications Department © FredMerz

D’un point de vue opérationnel, une garantie n’est guère utile. Elle couvre les défauts de fabrication et ces derniers se révèlent dans les premiers mois. Par la suite, tout ce qui ne va pas relève du service. En cas de choc, même en période de garantie, on doit payer la réparation. Pour ce qui est de l’entretien régulier, il est toujours de la responsabilité du propriétaire. Le problème, c’est la confusion entre garantie et contrat de service. Appliquer une garantie à vie ne servirait qu’à entretenir le malentendu. Rudy Albers, président de Wempe Jewelers à New York, déclare : « Je pense que l’idée d’une garantie à vie est quelque peu trompeuse. Si vous possédez une montre depuis 20 ans et que le bracelet est en mauvais état, est-ce un défaut de fabrication ou simplement de l’usure ? Et que signifierait une garantie à vie ? On pourrait penser à une maintenance gratuite. Si tout devait être couvert à vie, y compris les services à assurer tous les cinq ans, une montre coûterait bien plus cher. »

Posséder une belle montre, c’est comme posséder une Ferrari

Il est inutile de détenir une garantie produite par un revendeur non autorisé, non certifié par la marque, ou qui n’est pas en relation avec ses centres de réparation, car un mauvais service peut grandement dévaloriser une montre. Rolex, Patek Philippe et la plupart des autres grandes marques ne fournissent des composants qu’à des horlogers certifiés qui doivent se qualifier sur certains types de montre, le cas échéant en suivant des niveaux successifs. Si une montre contient des composants autres que ceux de la Maison, celle-ci peut refuser d’assurer le service, un comportement logique de la part de toute entreprise qui souhaite protéger son capital marque.

Manufacture Romain Gauthier
Manufacture Romain Gauthier

Selon Rudy Albers, « il ne s’agit pas seulement du refus de fournir les composants. Certaines entreprises horlogères scellent leurs montres de telle sorte qu’un revendeur non autorisé ne puisse pas les ouvrir, faute d’outils adéquats. En essayant, il pourrait laisser des traces sur le boîtier. Même les huiles sont plus élaborées qu’il y a 10 ou 15 ans. Elles sont différentes en fonction des composants, et les quantités requises sont très spécifiques ». Rudy Albers compare la possession d’une belle montre à celle d’une Ferrari : « On ne la conduirait pas pendant dix ans sans la faire réviser. Et pour les révisions, on ne la confierait pas à un concessionnaire Chevrolet. »

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