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Les montres joaillières éclipsent-elles les tourbillons ?
Baselworld

Les montres joaillières éclipsent-elles les tourbillons ?

vendredi, 13 avril 2018
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Carol Besler
Journaliste

“Les montres sont un art fonctionnel.”

Carol Besler assure une couverture mondiale de l’horlogerie et la joaillerie.

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7 min de lecture

Lorsqu’il est question de pièces d’exposition, les montres les plus intéressantes présentées cette année ont été des montres serties pour femmes.

Il n’y a pas si longtemps, seules quelques compagnies étaient capables de réaliser des tourbillons qui se vendaient à prix fort en raison de leur rareté. De nos jours, toutes les marques horlogères en possèdent au moins un, qu’il soit réalisé à l’interne ou non. Le même phénomène est observable avec les montres joaillères. La plupart des marques y mettent leur grain de sel alors que seulement quelques-unes d’entre elles ont le savoir-faire nécessaire, voire même la réelle envie de s’y aventurer. Si l’on excepte des marques historiquement joaillières comme Cartier ou Chopard, on remarque en effet que les garde-temps sertis sont devenus aussi courants que… les tourbillons. Ce qui n’enlève en rien la valeur ces pièces que l’on aurait grand tort de considérer comme banales. De fait, les montres joaillières deviennent plus spectaculaires chaque année et s’arrogent un segment qui prend de l’importance dans l’univers horloger. Il est certainement ici question de valeur ajoutée. Lorsque l’on parle de diamants et de pierres précieuses, la valeur intrinsèque des pièces est bien différente de celles dont la cote dépend largement de l’engouement des collectionneurs. Prenons par exemple la célèbre Rolex Daytona Paul Newman possédée par l’acteur qui s’est dernièrement vendue aux enchères pour 17,5 millions de dollars. Sa valeur est essentiellement basée sur sa symbolique et sur l’identité de son dernier propriétaire. Démontez-la ou remplacez le cadran pour un autre de meilleure qualité et vous obtiendrez un amas de composants dont plus personne ne voudra, particulièrement si leur provenance est obscure. Rien de tel avec une montre joaillière. Démontez-la et vous aurez toujours un tas de diamants dont la valeur reste intacte.

Les tailles spéciales sont devenues la norme

Une montre joaillière est donc une pièce d’exposition au moins aussi intéressante qu’une montre à complications. Et lorsqu’elle est précisément combinée avec une complication, elle présente un double intérêt en termes d’artisanat de haut niveau. La Royal Oak Concept Ladies Flying Tourbillon, par exemple, est un modèle avec lequel Audemars Piguet a choisi d’introduire son premier tourbillon volant. Quoi de mieux que 3,5 carats de diamants pour le mettre en valeur. C’est également le premier modèle pour femmes dans la collection Concept, ce qui accentue encore son importance. La dernière Hublot Big Bang Haute Joaillerie à un million de dollars propose une présentation tout aussi théâtrale d’une complication. Tout autour de la cage du tourbillon, on trouve en serti invisible 380 gemmes fuselées taille baguette totalisant 13,5 carats. Autre exemple : le tourbillon de Haute Joaillerie introduit à Bâle cette année par Giberg. Cette Niura est un tourbillon volant à double barillet squelette serti de 2’156 diamants, complété d’attaches très élaborées en forme de ruban serties de 76 rubis. On apprendra sans surprise que le propriétaire de la marque, Andreas Altmann, est sertisseur et orfèvre de métier qui a déjà travaillé pour d’autres marques horlogères.

La montre joaillère Niura de Giberg Haute Horlogerie affiche un tourbillon volant commandé par un double barillet serti de 2'156 diamants et de 76 rubis.
La montre joaillère Niura de Giberg Haute Horlogerie affiche un tourbillon volant commandé par un double barillet serti de 2'156 diamants et de 76 rubis.

Même le fait d’aligner des pierres le long de la lunette est devenu plus créatif. La cultissime Rolex Daytona Rainbow, qui combine pierres précieuses et chronographe, a été lancée cette année en or Everose. La lunette est sertie de 36 saphirs taille baguette représentant un dégradé de couleurs que l’on retrouve astucieusement assorties aux index du cadran formés de saphir taille baguette de mêmes teintes que les pierres en vis-à-vis. La montre est équipée du calibre automatique 4130 avec spiral Parachrom.

Comme les proportions des cadrans et boîtes de montres sont souvent dépendantes du mouvement, les tailles spéciales sont devenues la norme. Afin de pouvoir insérer les pierres sur la surface traditionnelle d’une montre, on voit ainsi les tailles sur mesure se multiplier. Les baguettes sur la Hublot Big Bang Haute Joaillerie ne font que paraître aléatoires. En réalité, chacune est taillée sur mesure afin de s’adapter à la composition. Il en va de même pour la nouvelle montre joaillière à secret Graff sur laquelle 35 carats de diamants – marquise, poire, ovale et baguette – sont sertis en style pavage avec des positionnements qui semble aléatoires mais qui, de fait, ont demandé des heures d’élaboration assistée par ordinateur. Le même processus a été utilisé sur la Corum Golden Bridge Haute Joaillerie. Les pierres, de tailles fantaisistes, sont montées en style libre sur deux plaques à bordures d’or qui encadrent le célèbre mouvement baguette à remontage manuel CO 113. En tout, la montre arbore 5,5 carats de diamants pour une valeur intrinsèque qui s’ajoute celle née de son haut niveau technique dû à son mouvement légendaire.

Une utilisation des couleurs plus importante

Autre tendance au sein des montres joaillières : l’utilisation plus importante des couleurs, que ce soit avec des diamants ou d’autres pierres précieuses. Des Maisons telles que Graff, Chopard, Harry Winston, Cartier, Van Cleef & Arpels et une poignée de bijoutiers italiens, dont Picchiotti, font ainsi preuve d’une audace certaine dans le domaine. Une pratique facilitée par leurs connexions de longue date dans le monde des pierres précieuses leur donnant accès aux plus belles gemmes. Si trois pierres prédominent, à savoir les rubis, émeraudes et autres saphirs, nombre d’autres sont également utilisées pour donner des combinaisons de couleurs inhabituelles. Le boîtier et le cadran de la nouvelle Harry Winston Premier Winston Candy Automatic, par exemple, est sertie non seulement de diamants mais également de rares tourmalines Paraiba turquoises, de grenats de spessartite oranges, de spinelles rouges, de saphirs roses et jaunes et de grenats tsavorites verts. Van Cleef & Arpels glorifie également la couleur dans sa nouvelle collection de montres Jardin secret aux thèmes floraux, utilisant des saphirs roses et multicolores, des grenats de spessartite et des diamants de trois teintes dorées différentes. Chopard, dont la collection Red Carpet jouit d’une grande visibilité, a présenté une énorme montre joaillière à Baselworld cette année, sertie de nacre rose, de calcédoine, de jadéite fuselée, de turquoise, d’onyx, de diamants, d’émeraudes et de plusieurs rangées de perles à facettes de tanzanite.

Les montres de Haute Joaillerie commencent à faire de l’ombre aux pièces à complications, voire à la Haute Joaillerie elle-même.

A l’heure actuelle, les pièces de Haute Joaillerie qui démontrent la même qualité de sertissage que les montres joaillières commencent à se faire rares. Il faut avouer qu’à l’exception de quelques larges bracelets, peu de modèles présentent la même surface disponible pour un tel degré de sertissage. Il n’en reste pas moins que les montres de Haute Joaillerie commencent à faire de l’ombre non seulement aux montres à complications mais également à la Haute Joaillerie elle-même.

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