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Economie

Les préoccupations environnementales de l’industrie horlogère

lundi, 21 septembre 2009
Par Sven Aubert, Théodore Besson, Suren Erkman
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Sven Aubert, Théodore Besson, Suren Erkman

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7 min de lecture

Le monde de la Haute Horlogerie semble prendre conscience depuis quelques années de son impact environnemental. Certifications, partenariats, bâtiment à haute performance énergétique, les initiatives se multiplient, sans toutefois répondre d’égale manière aux problèmes environnementaux de la branche.

Peinture naturelle, bois FSC, centrale de chauffe à bois, lignes architecturales respectant l’identité et la qualité paysagère du village : la nouvelle usine d’Audemars Piguet, au Brassus, est le premier bâtiment industriel à obtenir le label Minergie-Eco® (lire également la rubrique « Exceptionnel »). Cerise sur le gâteau, la manufacture combière a également contribué à la renaturation du cours d’eau le Brassus.

Des initiatives bienvenues

À Schaffhouse, International Watch Co. (IWC) s’implique activement pour l’environnement depuis l’arrivée en 2002 de Georges Kern. L’agrandissement de l’entreprise en 2005 puis en 2008 a été conçu de manière à minimiser les dépenses énergétiques grâce à une isolation poussée de l’enveloppe des bâtiments, à l’installation de pompes à chaleur et à un échangeur de chaleur récupérant l’énergie de l’eau des égouts de la ville. Afin d’améliorer encore son bilan environnemental, IWC compense une partie de ses émissions de gaz carbonique à travers un projet d’énergie éolienne en Chine. IWC se présente ainsi comme étant un « CO2 neutral business » et étend son action à ses employés via diverses mesures d’encouragements « verts ».

L’agrandissement de l’entreprise IWC en 2005 puis en 2008 a été conçu de manière à minimiser les dépenses énergétiques © IWC
L’agrandissement de l’entreprise IWC en 2005 puis en 2008 a été conçu de manière à minimiser les dépenses énergétiques © IWC

D’autres maîtres horlogers entreprennent également des actions en faveur de l’environnement. Wyler Genève par exemple a adopté une démarche lui ayant permis d’obtenir la certification CarbonNeutral® délivrée par « The Carbon Neutral Company ». Autre exemple : Jaeger-Lecoultre, qui a reçu le « Prix Mobilité Entreprise 2008 » grâce à la création de deux lignes de bus transfrontalières. Son nouveau bâtiment est également en passe de recevoir la certification Minergie-Eco®. La pose de panneaux solaires permettra de répondre à la totalité des besoins en eau chaude et à un tiers de la consommation électrique. Les deux tiers restants proviendront de centrales hydroélectriques régionales et recevront de ce fait la certification hydro-locale décernée par la société Romande Energie.

La GMT de Wyler Genève est la toute première montre à avoir été certifiée CarbonNeutral® (neutre en CO2) par la CarbonNeutral Company britannique © Wyler Genève
La GMT de Wyler Genève est la toute première montre à avoir été certifiée CarbonNeutral® (neutre en CO2) par la CarbonNeutral Company britannique © Wyler Genève
Une démarche au cas par cas

La majorité des entreprises de Haute Horlogerie suisses appartient à d’importants groupes de luxe. Ces derniers ont pour la plupart une charte environnementale. Certains, plus avant-gardistes comme Richemont, souhaitent toutefois mettre en place un véritable système de management environnemental, de type ISO 14’001, inédit à ce jour. La gestion de ces aspects se caractérise donc encore par une démarche au cas par cas. Les problèmes sont traités de manière sectorielle, sans être intégrés systématiquement à la gestion traditionnelle de l’entreprise. Pour l’instant, le monde de l’horlogerie préfère l’utilisation d’outils de gestion dont la performance se limite à un thème précis. Ces derniers assurent la bonne réputation de l’entreprise, tout en nécessitant un assez faible investissement financier et humain. La visibilité marketing dans le choix de l’outil l’emporte souvent sur les considérations de performance environnementale, au risque de négliger certaines thématiques dont l’impact est tout autant significatif : on constate ainsi un engouement pour les programmes liés au carbone et aux changements climatiques.

Les maisons horlogères de luxe préfèrent ainsi souvent financer des organismes de protection de l’environnement ou créer une fondation à but idéal plutôt que d’entreprendre des actions internes. Rolex, par exemple, récompense pécuniairement au moyen des « Rolex awards for entreprise » des initiatives qui font avancer la connaissance dans un domaine particulier ou qui contribuent à améliorer les conditions de vie sur notre planète.

Du berceau à la tombe

La fabrication et la vente d’une montre mécanique de luxe nécessitent plusieurs étapes qu’il convient d’évaluer toutes sur le plan environnemental afin de réaliser quels procédés nécessitent prioritairement une amélioration. Dans ce but, on recourt à l’approche dite du « cycle de vie » qui évalue les impacts environnementaux d’un produit durant toutes les étapes, « du berceau à la tombe » : depuis l’extraction des matières premières en passant par la consommation d’énergie pour la production de ses composants, jusqu’au recyclage de l’objet en fin de vie.

En premier lieu, l’extraction des matières premières (or, platine, argent, cuivre, nickel, plomb et zinc) nécessite un déplacement considérable de matériaux. Seuls deux à trois grammes de platine sont extraits d’une tonne de minerai. Afin de récupérer le métal, le minerai passe par une multitude d’étapes de transformations physico-chimiques. Ces dernières ont souvent lieu dans des pays où l’application de la législation environnementale est peu respectée (Afrique, Europe de l’Est, Amérique du Sud), avec des risques élevés d’accidents et de contaminations des eaux et des sols. Les étapes de métallurgie (alliages), micromécanique et galvanisation pratiquée sur sol suisse sont quant à elles soumises aux législations fédérales et aux organes de contrôle qui exigent des entreprises une parfaite maîtrise des émissions gazeuses ou des effluents issus de ces activités. Ainsi la situation paraît actuellement relativement bien maîtrisée. Le risque de pollution est considéré comme étant faible.

Les impacts principaux sont liés aux activités de bureau, aux transports et aux emballages.
Des priorités à respecter

Viennent ensuite l’assemblage du produit et les activités annexes : emballage, service après-vente, RD, achats, marketing, service juridique… Les impacts principaux sont liés aux activités de bureau, aux transports et aux emballages. Les effets négatifs qui en découlent sont multiples : nuisance sonore, pollution atmosphérique, contribution au réchauffement climatique. Les possibilités de diminution de ces impacts sont nombreuses comme par exemple la mise en place d’un plan mobilité impliquant une diminution des transports imputables aux activités de l’entreprise. Il est également envisageable d’intégrer des critères environnementaux dans les achats d’une société (écrins en bois certifié, produits de nettoyage biodégradables, etc.). La publicité et le marketing ont également des impacts significatifs, principalement dus aux nombreux déplacements des cadres, toutefois difficiles à diminuer vu les contraintes économiques.

Les étapes de production pour lesquelles il est le plus judicieux d’entreprendre des actions sont premièrement celles où les possibilités d’alternatives existent. Ces dernières doivent être réalisables pratiquement et économiquement. Autre critère de sélection : l’importance de l’impact environnemental et du risque associé. En comparant les différentes étapes de production, on parvient à la conclusion que l’extraction et le raffinage des matières premières, puis les activités liées à l’assemblage sont celles à traiter en priorité afin de gagner efficacement en performance environnementale.

*La gestion environnementale d’entreprise : état des lieux et perspectives de l’horlogerie de luxe en Suisse, 134 p. 2009. Ce travail de Master de l’Université de Lausanne réalisé par Sven Aubert, sous la direction du Professeur Suren Erkman et en collaboration de Théodore Besson, est à la base de cet article

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