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Les « vraies » montres de l’espace et les « fausses »
Culture

Les « vraies » montres de l’espace et les « fausses »

lundi, 20 avril 2020
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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7 min de lecture

Depuis Youri Gagarine en 1961, plus de 500 cosmonautes et astronautes ont eu la chance de contempler la Terre depuis l’espace. Tous avaient une montre au poignet. Une aventure humaine à laquelle d’autres marques ont rendu hommage. Jusqu’à en rire, pour certaines.

L’horlogerie est la fille de l’astronomie, c’est bien connu. Mais ses liens avec le cosmos ne s’arrêtent pas là. Elle est également la fidèle vigie des explorateurs de l’espace : depuis 1961 et la mission Vostok 1, premier vol orbital habité lancé par les Soviétiques, les montres à y être allées sont nombreuses – tout comme les anecdotes qui s’y rapportent, parfois croustillantes. Une conquête faite de héros et de moments historiques, à laquelle d’autres marques rendent régulièrement hommage de manière symbolique, voire décalée. Et comme si cela ne suffisait pas, de petits plaisantins ne se lassent pas de créer des objets non volants mais difficilement identifiables, suggérés par les récits de science-fiction de leur enfance. Petit tour d’horizon de cet univers qui inspire tant les horlogers.

Si notre calendrier et notre système temporel sont nés de l’observation de la course des planètes, ceux-ci ne sont paradoxalement valables que sur Terre. Un cosmonaute en orbite assiste en effet à 16 levers et couchers du soleil par « jour » – ou plutôt par 24 heures. Le temps passerait-il donc plus vite en apesanteur ? Dans sa théorie de la relativité générale, Einstein a en effet prouvé le lien existant entre vitesse de déplacement, temps et gravité terrestre : plus on s’approche de la vitesse de la lumière, plus le temps ralentit ; mais plus la gravité s’amenuise, plus il accélère. Des paramètres dont les satellites GPS et de communication – qui se déplacent à 28’000 km/h à une altitude de 300 km – doivent tenir compte.

Conquête lunaire

La relativité du temps n’a toutefois pas joué un rôle très important dans la conquête de l’espace. Du moins pour l’instant et à l’échelle des expériences menées. À commencer par l’envoi du premier humain sur la Lune. Le 21 juillet 1969, emboîtant le pas à Neil Armstrong, Buzz Aldrin pose le pied sur notre satellite. À son poignet, la fameuse Speedmaster. Homologuée par la National Aeronautics and Space Administration (Nasa) en 1965 après une batterie de tests, celle que l’on a surnommée Moonwatch est devenue la star de son fabricant Omega. Depuis 50 ans, plus d’une centaine de versions ont été commercialisées, le modèle représentant aujourd’hui quelque 30 % du chiffre d’affaires de la marque de Swatch Group.

Depuis 1961, plus de 500 femmes et hommes ont été envoyés en mission. Dans leur équipement, ils avaient tous une montre de secours.

Mais l’histoire de l’horlogerie spatiale ne se limite pas à cela. Depuis le premier humain dans l’espace en 1961, ils sont plus de 500 femmes et hommes à avoir eu le privilège de contempler le globe terrestre loin de sa surface – parmi lesquels 26 ont fait le voyage vers la Lune et 12 y ont posé le pied. Dans leur équipement, toutes et tous avaient à leur poignet une montre de secours. Voire deux. Et les anecdotes pullulent. N’en déplaise aux chantres de la qualité suisse, Youri Gagarine ne portait qu’une banale Sturmanskie de série, une marque née en 1949 et dont les modèles – qui équipaient les pilotes de l’Armée rouge – n’étaient alors pas disponibles dans le commerce. Et il semble qu’elle n’ait jamais eu de problème. Par la suite, les Russes choisirent une marque… américaine pour leurs missions spatiales, l’Ironman de Timex.

Un choix que le Sénat américain aurait certainement approuvé. Dans les mois qui ont précédé la mission Apollo 11, la Chambre haute du Congrès a en effet tenté de faire pression sur la Nasa pour que les astronautes soient équipés d’une montre Made in USA. Sans résultat. Ou presque. Le patron de Bulova, Omar Bradley, alors général cinq étoiles à la retraite, obtint finalement que son mouvement Accutron soit placé dans plusieurs instruments de bord de la capsule et que certaines manœuvres orbitales soient chronométrées par une montre Bulova.

Une année plus tard, alors que la Speedmaster est toujours la montre officielle de la Nasa, c’est une Rolex qui aurait permis à la mission Apollo 13 de revenir sur Terre saine et sauve. En plus de son Omega, l’astronaute Jack Swigert a en effet embarqué sa propre Oyster Perpetual GMT Master, laquelle aurait servi d’instrument de bord lorsque tout l’équipement de la navette était hors service. C’est du moins la version relatée par James Dowling et Jeffrey Hess dans le livre publié en 1996 The Best of Time. Rolex Wristwatches : An Unauthorized History.

Histoires et anecdotes

De nombreuses histoires circulent encore sur les montres de l’espace, souvent motivées par des intérêts marketing. De manière non exhaustive, les marques à en faire partie, outre celles évoquées, sont Casio (la G-Shock est également homologuée par la Nasa), Breitling, TAG Heuer, Seiko, Sinn, Tutima, Fortis, Yema ou encore Fiyta. Et même si certaines Maisons n’ont pas eu l’opportunité de voir l’une de leurs pièces décoller à bord d’un véhicule spatial, cela ne les empêche pas de rendre hommage à cette grande aventure humaine. C’est le cas par exemple de Louis Moinet, qui, en 2018, présente la Skylink. Ce modèle évoque la mission commune entre Soyouz et Apollo, qui, en 1975, vit les deux modules s’arrimer en orbite. La poignée de main entre le Russe Alexeï Leonov et l’Américain Thomas Stafford marquera alors le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux nations. La Skylink contient ainsi à 3 h une capsule renfermant un fragment de la toile de polyamide qui protégeait Apollo lors de son retour sur Terre, ainsi que des fibres du gant de scaphandre russe.

The Fifth Element, collaboration entre L’Epée et MB&F, se présente comme une station météo horlogère intergalactique.

Pour illustrer l’apesanteur que suggère sa spectaculaire Astronomia Maestro à répétition minutes carillon, Jacob & Co s’est elle aussi approprié le thème : sur une croix aérienne centrale, le poids d’une carte stellaire est compensé par un tourbillon triple-axial, alors qu’un globe terrestre fait face à un cosmonaute peint à la main. Tous les éléments pivotent sur eux-mêmes, tout en faisant un tour complet du cadran en 10 minutes.

Astronomia Maestro à répétition minutes carillon de Jacob & Co. Un petit cosmonaute réalisé à la main pivote au-dessus du cadran.
Astronomia Maestro à répétition minutes carillon de Jacob & Co. Un petit cosmonaute réalisé à la main pivote au-dessus du cadran.

Mais la marque américaine n’est pas la seule à avoir introduit la vie dans l’un de ses modèles. Après la HM6 Space Pirate, dont la forme s’inspire directement du Comet, navette du Capitaine Flam (ou Captain Future), après le projet LpX, une fusée horlogère conçue en collaboration avec L’Epée, MB&F a présenté récemment The Fifth Element. Elle aussi réalisée par L’Epée, cette station météo horlogère intergalactique propose un pendule, un baromètre, un hygromètre et un thermomètre. Au centre du « vaisseau-mère », l’alien Ross semble piloter tout le dispositif.

MB&F/L’Epée The Fifth Element. Cette station météo horlogère intergalactique propose un pendule, un baromètre, un hygromètre et un thermomètre. Au centre du « vaisseau-mère », l’alien Ross semble piloter tout le dispositif.
MB&F/L’Epée The Fifth Element. Cette station météo horlogère intergalactique propose un pendule, un baromètre, un hygromètre et un thermomètre. Au centre du « vaisseau-mère », l’alien Ross semble piloter tout le dispositif.

L’univers, son exploration et ses fictions n’ont pas fini de stimuler l’imagination des horlogers. L’an dernier, la Nasa a en effet dévoilé son programme « Explore Moon to Mars » et promis le retour des hommes sur la Lune d’ici à 2024. Quelles montres porteront-ils ? La concurrence s’annonce sidérale.

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