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L’horlogerie connectée s’invite à Baselworld
Baselworld

L’horlogerie connectée s’invite à Baselworld

jeudi, 19 mars 2015
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Baselworld, le Salon international de l’horlogerie et de la bijouterie, a officiellement ouvert ses portes jeudi sur sa 43e édition. Avec 1’500 exposants, dont près de 300 en provenance de Suisse, le menu est copieux. C’est toutefois la montre connectée qui a servi de mise en bouche.

Force est de constater qu’Apple a bien fait son travail. Il eut été en effet illusoire de penser que la firme à la pomme croquée se soit permis le luxe de manquer Baselworld, l’incontournable rendez-vous de l’horlogerie et de la bijouterie, celui qui « donne le pouls de cette industrie au niveau mondial », comme s’est plu à le rappeler Sylvie Ritter, directrice de la manifestation, lors de la conférence de presse inaugurale. La société de Cupertino n’a certes pas commis l’impair d’investir en masse les travées de la manifestation − aucune société purement active dans les montres connectées ne l’a d’ailleurs fait à ce jour −, elle n’en a pas moins savamment distillé son « venin » les jours précédents. En d’autres termes, le géant de l’électronique est clairement entré en campagne depuis une semaine avec son Apple Watch, un produit prétendument calibré pour « tailler des croupières » à l’industrie horlogère suisse. Une autre bérézina en vue, de celles susceptibles de laminer la branche aussi sûrement que la crise du quartz ne l’avait fait au début des années 1980 ? À voir…

Le phénomène de la montre connectée n’est pas nouveau.
Une goutte d’eau dans l’océan

Comme le rappelle Jean-Daniel Pasche, le président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse rencontré à Baselworld, le phénomène de la montre connectée n’est pas nouveau. Avec, pour l’instant, des résultats plus que mitigés. L’an dernier, à peine 5 millions de tels « garde-temps » ont trouvé preneur. Une goutte d’eau dans un océan horloger fait d’une production annuelle de l’ordre de 1,2 milliard de pièces. L’arrivée d’Apple dans ce segment de marché est certes susceptible d’ouvrir de nouvelles perspectives lorsque l’on connaît la force de persuasion du groupe. Pour l’instant toutefois, sa montre suscite un certain nombre de critiques au niveau de son autonomie, de son étanchéité comme de ses applications, une situation peu courante pour une compagnie habituée à récolter davantage des lauriers que des tomates. Il n’en reste pas moins que le thème de la montre connectée était au centre des débats à l’ouverture de Baselworld. D’autant que le salon prend place dans un climat plus difficile.
« L’actualité pour le secteur de l’horlogerie et de la bijouterie est assez chargée, poursuivait Sylvie Ritter, notamment avec la décision de la Banque nationale suisse d’abandonner la défense d’un cours plancher du franc, avec la crise en Russie comme en Ukraine, l’agitation populaire à Hong Kong et le ralentissement observé en Chine. » En chiffres, expliquait François Thiébaud, président du comité des exposants suisses à Baselworld, cela signifie que la croissance des exportations de montres suisses est entrée dans une phase de ralentissement, soit une progression de 1,9 % tant en 2013 qu’en 2014, alors que la hausse était nettement supérieure à 10 % durant les trois exercices précédents. Selon Jean-Daniel Pasche, l’horlogerie suisse s’oriente ainsi vers une phase de stabilisation. Il n’en reste pas moins que les statistiques présentées par François Thiébaud gardent des allures de marche triomphale. En cinq ans, de 2009 à 2014, la valeur des montres suisses exportées sur les marchés internationaux a passé de CHF 13,2 milliards à CHF 22,2 milliards, record absolu. Mieux, celle des exportations de montres mécaniques a pratiquement doublé à CHF 16,5 milliards durant le même laps de temps.

Entre la montre connectée et les garde-temps helvétiques, on se retrouve devant deux univers fondamentalement différents.
« Tout est prêt »

Et l’on voudrait faire croire à la mort programmée des fleurons de l’horlogerie suisse ? En tout état de cause, cette petite piqûre de rappel statistique a permis de recentrer le débat. « Entre la montre connectée et les garde-temps helvétiques, on se retrouve devant deux univers fondamentalement différents, analysait Sylvie Ritter. D’un côté on parle de savoir-faire, d’émotion et d’intemporalité, de l’autre on évoque avant tout les aspects technologiques de produits marketing, suspectés d’obsolescence programmée. Deux univers donc, mais deux approches qui peuvent très bien cohabiter. » Les horlogers suisses auraient en effet grand tort d’ignorer les opportunités qui s’ouvrent devant la montre connectée, même si elles sont encore largement embryonnaires.
« Tout est prêt, commentait François Thiébaud, qui dirige par ailleurs les destinées de Tissot, marque du groupe Swatch. Nous maîtrisons depuis longtemps les technologies qui nous permettent de présenter aujourd’hui notre propre version de la montre connectée. Mais pour l’instant, on ne peut qu’attendre la réaction du marché et voir si ce type de produit va toucher une nouvelle clientèle peu habituée à porter une montre, comme on peut l’espérer. » Selon les indications données lors de l’ouverture du salon, une dizaine de marques suisses vont profiter de Baselworld pour se lancer dans la course à la montre connectée, au rang desquelles Tissot et TAG Heuer. Ce qui, pour l’instant, ne fait pas diminuer le nombre de personnes se demandant quel peut bien être l’intérêt de porter au poignet un duplicata miniature de son indispensable téléphone intelligent sans lequel il reste un artefact parfaitement inutile.

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