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L’horlogerie face à la crise financière
Economie

L’horlogerie face à la crise financière

vendredi, 28 novembre 2008
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
Indignation à la tête du Groupe Swatch

Traduit en langage horloger par Jean-Claude Biver cela donne : « c’est le moment de plier les parasols et de rentrer les transats avant que le coup de vent annoncé n’emporte tout ! » L’énoncé ne peut être plus clair. Après cinq ans de véritable euphorie, les Maisons horlogères, qui sont parties prenantes de cette fameuse économie réelle, ne pourront guère se soustraire à la vague de froid qui s’annonce. Ce n’est d’ailleurs pas sans une certaine amertume que les horlogers portent leur regard sur les mois de tourmente boursière et financière qui fait encore redouter le pire d’ici à la fin de l’année. Surtout les groupes cotés en Bourse. Lors de l’assemblée générale d’economiesuisse, tenue en septembre dernier, Nicolas G. Hayek, président et délégué du conseil d’administration du Groupe Swatch a été des plus clairs sur ce point : « cette mentalité financière qui domine malheureusement sur les bourses américaines et, en partie, sur les bourses britanniques, avec sa meute de virtuoses et d’acrobates de la bonne gouvernance, pétris d’hypocrisie et à la langue fourchue, ces nouveaux apôtres de la finance, cette profusion de spéculateurs, de joueurs assoiffés d’argent, d’hasardeurs, ces pharisiens qui voient des poussières inexistantes dans l’œil de leur voisin ne voient même pas la poutre qui leur obscurcit la vue; tous ceux-là n’aident ni l’industrie, ni l’économie américaine, ni l’économie mondiale. »

© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH

Avec une chute des actions Swatch de 44% sur un an enregistrée au début novembre, contre un recul de 26,5% du SMI, indice de référence de la Bourse suisse, une telle évolution ne peut que faire réagir Nicolas Hayek : « que la croissance des pétunias du gouverneur de l’Oklahoma ou du Wyoming ne réponde pas aux attentes sacro-saintes des analystes et voilà que la valeur de notre action plonge, alors même que notre entreprise dégage des résultats fantastiques et offre des perspectives de rêve, poursuivait-il. Que le nombre de voyages de noces aux chutes du Niagara durant le dernier trimestre déçoivent les analystes, et paf ! les cours des actions s’effondrent aux bourses de New York et de Zurich dans des profondeurs sans fin et vertigineuses ! ». Résultat : si les perspectives économiques et financières de la compagnie restent bonnes, comme l’affirme Nicolas G. Hayek, cela n’a guère d’incidence sur la marche des affaires. Il en va toutefois autrement pour les actionnaires, fonds de pension et activités dont la valeur repose sur une cotation boursière. En un mot, concluait Nicolas G. Hayek, « tout le monde en souffre et cela a une incidence sur chacun d’entre nous ».

© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
Question de liquidités

Chez Chopard, comme d’ailleurs parmi la plupart des Maisons horlogère, cela se traduit par la prudence, désormais de mise en anticipation du tassement attendu, tassement qui se manifeste déjà dans certaines régions comme les Etats-Unis, l’Espagne ou le Royaume-Unis, sans parler du Japon à la peine depuis dix-huit mois déjà. Avec le peu de visibilité dont disposent les sociétés aujourd’hui et comme toujours dans pareille situation, les budgets sont revus et les investissements non indispensables passent inévitablement à la trappe. Cela ne veut toutefois pas dire que les horlogers sont en train de mettre en veilleuse tous leurs plans de développement. D’autant qu’en une quinzaine d’années l’assise des entreprises de la branche a considérablement changé, comme l’explique Pierre Tissot, associé de la société financière P. Schmid & Associés à Genève : « si les Etats-Unis et l’Europe étaient alors leurs principaux marchés d’exportation, cela n’est plus le cas aujourd’hui. La diversification géographique de ces compagnies est telle que les ralentissements enregistrés ici ou là peuvent être compensés dans les pays toujours en croissance. De plus, elles disposent désormais d’une perception nettement plus fine de leur potentiel de ventes dans la mesure où le développement de leurs réseaux de distribution détenus en propres les place en prise directe avec les marchés. »

© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
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Pas question donc de renoncer aux projets essentiels comme celui annoncé récemment par Chopard. La manufacture va en effet investir une quinzaine de millions à Fleurier dans les deux à trois prochaines années afin de mettre sur pied une manufacture d’ébauches destinée à fournir le groupe en mouvements mécaniques. « Fleurier Ebauches sera le fournisseur exclusif de Chopard, explique Karl-Friedrich Scheufele, coprésident de la Maison et répond parfaitement à notre volonté de verticalisation. La société fabriquera des calibres un peu moins sophistiqués que ceux de notre manufacture, elle aussi implantée depuis plus de dix ans également à Fleurier, mais elle nous permettra d’augmenter le nombre de mouvements propres dans les collections Chopard. » La Maison n’est d’ailleurs pas la seule à investir si l’on se réfère aux agrandissements en cours, notamment chez Jaeger-LeCoultre ou Audemars Piguet. Il est clair néanmoins que le lancement de ces projets remonte à des temps meilleurs et que la question des liquidités est devenue centrale chez les professionnels de la branche. Les sorciers de la finance sont en effet passés par là et l’horlogerie suisse ne pourra qu’en pâtir.

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