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L’horlogerie helvétique a gommé la crise
Economie

L’horlogerie helvétique a gommé la crise

jeudi, 25 novembre 2021
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Sur les 10 premiers mois de l’année, les exportations horlogères sont en hausse de 1,4 % par rapport à 2019 et leurs niveaux d’avant la pandémie. Les résultats financiers des grands groupes du luxe confirment l’embellie.

Fin de pandémie ? Pour l’industrie du luxe en général et le secteur horloger en particulier, le creux de la vague est clairement derrière. Tout n’est cependant pas rose dans l’univers du tic-tac helvétique, d’une part en raison de la concurrence exacerbée des montres électroniques dans le segment d’entrée de gamme et d’autre part parce que l’Europe reste clairement à la peine en matière d’horlogerie. Le premier constat est suffisamment mis en lumière par l’évolution des volumes d’exportation des montres électroniques suisses dont l’orientation à la baisse ne connaît aucun fléchissement.

Sur les 10 premiers mois2021, le nombre de pièces à quartz suisses expédiées à l’étranger affiche encore un recul inquiétant de 33 % à 7,4 millions d’unités par rapport à 2019, l’année 2020 n’offrant pas une base comparable fiable. Si l’on extrapole cette contreperformance sur l’ensemble de l’année, cela veut dire que les volumes d’exportation des montres électroniques suisses, avec 9 millions de pièces, devraient avoir diminué de moitié en cinq ans à peine… À ce rythme, cette décrue commence à prendre des allures d’une perte de substance potentiellement dommageable pour l’industrie helvétique.

La FH mène l’enquête

Pour tenter d’y voir plus clair, la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) a mené l’enquête. Celle-ci a pris la forme d’un sondage portant sur la perception de la montre mécanique et plus largement sur les garde-temps d’origine suisse. Comme le précise la FH, l’enquête, qui a ciblé une large tranche d’âge (18 à 79 ans) avec un accent sur les générations Y et Z, a été réalisée auprès de 100 000 personnes sur les principaux marchés horlogers que sont l’Allemagne, la France, l’Italie, les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Inde et la Suisse. Résultat : si les montres mécaniques, symboles de tradition, de qualité et de fiabilité, jouissent d’une forte notoriété et revêtent une valeur d’investissement, « il s’avère que les jeunes (générations Y et Z) des pays occidentaux les trouvent moins attrayantes que les groupes cibles plus âgés. Ils sont également moins à même de pouvoir se les offrir », note la FH. Fort heureusement, les jeunes des pays asiatiques ne participent pas de ce désamour, bien au contraire. Conclusion de la FH : « On peut affirmer que si les montres mécaniques sont plutôt un objet des anciennes générations, elles ne sont en aucun cas obsolètes. Pour les jeunes générations, cependant, le prix joue un rôle déterminant. »

Contrairement à l’envolée des exportations horlogères vers la Chine et les États-Unis, tous les principaux marchés du Vieux Continent sont en berne.

Ce constat illustre, du moins en partie, le deuxième écueil rencontré actuellement par l’industrie horlogère suisse, à savoir l’absence d’embellie en Europe. Contrairement à l’envolée des exportations horlogères vers la Chine, en hausse de 55,5 % sur 10 mois par rapport à 2019, et vers les États-Unis (+ 27 %), tous les principaux marchés du Vieux Continent sont en berne sur la même période, à commencer par la France (– 15,7 %), suivie de l’Espagne (– 14,1 %), de l’Italie (– 11,6 %), de l’Allemagne (– 7,5 %) et du Royaume-Uni (– 6,7 %). Ce passage à vide européen n’est toutefois pas à même de mettre en péril la « reprise rapide » du secteur, selon les termes de la FH. En octobre, les exportations de l’industrie dans son ensemble se sont ainsi inscrites en hausse de 4,8 %, portant la croissance sur 10 mois à 1,4 % par rapport à 2019. « Si, en moyenne, la branche a retrouvé ses niveaux d’avant-crise, d’importantes disparités existent entre ses différents acteurs », tempère la FH.

Richemont séduit

Ce n’est certainement pas du côté de grands groupes que l’on fait la grimace et notamment du côté de Richemont, qui vient de communiquer d’excellents résultats financiers semestriels clos au 30 septembre 2021. Sur les six premiers mois de son exercice fiscal en cours, le numéro 2 mondial du luxe a réalisé un chiffre d’affaires de € 8,9 milliards, en hausse de 63 % par rapport à la même période de l’an dernier et même de 20 % par rapport à 2019. Le résultat opérationnel de € 1,9 milliard est quant à lui en progression de respectivement 331 % et 67 % par rapport à 2020 et 2019. Les performances des Maisons joaillières ont été exceptionnelles, note le Groupe, en hausse de 41 % par rapport à 2019 à taux de change constants, tandis que les Maisons horlogères sont en « fort redressement » avec 10 % de hausse. Inutile de dire que la Bourse a salué ces résultats avec une envolée des titres Richemont à la clé. Sur six mois, ceux-ci affichent ainsi une progression de 52 %, voire de 74 %, depuis le début de l’année.

Les ventes du Swatch Group n’ont pas encore atteint leurs niveaux d’avant la pandémie.

Le sourire est un peu moins radieux du côté du Swatch Group. Si les ventes semestrielles sont certes en croissance de 54 % à CHF 3,4 milliards par rapport aux six premiers mois de l’an dernier, elles restent encore en retrait de 16 % par rapport à 2019 et des niveaux connus avant la pandémie. Idem au niveau opérationnel, avec une marge qui atteint péniblement 11 % contre 22 % chez Richemont. Sur les marchés publics, les actions Swatch Group, qui ne font d’ailleurs plus partie de l’indice phare de la Bourse suisse, stagnent ainsi à – 1 % sur six mois.

Du côté de l’Hexagone, en revanche, le moral est au beau fixe. LVMH progresse de 11 % par rapport à 2019 sur son chiffre d’affaires après neuf mois à € 44,2 milliards, tandis qu’Hermès affiche 40 % de hausse, toujours par rapport à 2019, sur ses ventes de € 6,6 milliards, également après neuf mois. Dans les deux groupes, les divisions horlogères, et joaillières chez LVMH, sont en progression, très soutenue chez Hermès. Quant à LVMH, l’intégration de Tiffany multiplie pratiquement par 3 le chiffre d’affaires de ce pôle d’activité à € 6,2 milliards. Avec la période des fêtes de fin d’année qui se dessine, ces performances sont de bon augure pour clore une année qui s’annonçait pourtant en demi-teinte.

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