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L’Inde, un pays « affamé de marques »
Economie

L’Inde, un pays « affamé de marques »

lundi, 1 novembre 2010
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture
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Avec une population de 1,2 milliard d’habitants, l’Inde pointe à la troisième place des puissances économiques asiatiques mais ne représente que 2 % du marché du luxe au niveau mondial. Lors d’une manifestation soutenue par la Fondation de la Haute Horlogerie, le représentant du Financial Times pour la région est venu parler des perspectives d’un pays encore en devenir.

« Complexe » voilà le qualificatif utilisé par James Lamont, responsable de bureau du Financial Times pour l’Asie du Sud, lorsqu’il parle du marché du luxe en Inde, un pays qu’il couvre depuis deux ans. Dans le cadre du désormais traditionnel FT Luxury Watch Industry Lunch, une manifestation tenue à Lausanne dont la Fondation de la Haute Horlogerie est partenaire, James Lamont est en effet venu entretenir son auditoire sur les perspectives d’un État en troisième position des puissances économiques asiatiques avec sa population de 1,2 milliard d’habitants mais qui ne représente que 2 % du marché du luxe. Une situation parfaitement illustrée par les exportations horlogères, l’Inde pointant au 24e rang des destinations de la branche sur les huit premiers mois de l’année 2010, avec 55 millions de francs.

© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
© Fédération de l'industrie horlogère suisse FH
Premières installations

« Tel n’a toutefois pas toujours été le cas, rappelait-il. Au temps des rajas, le luxe faisait l’objet d’un véritable culte. Les familles régnantes étaient parmi les meilleurs clients de maisons comme Cartier ou Boucheron. Dans ce contexte, le paradoxe vient du fait que l’Inde est probablement le pays qui a fortement contribué à introduire le luxe en Asie pour mieux se faire dépasser par d’autres économies émergentes, la Chine en tête. Depuis l’indépendance, proclamée en 1947, où les idées de Gandhi prônaient le retour à une vie simple, synonyme de rejet des valeurs européennes, tout a changé. Par la suite, le contrôle de la monnaie, tout comme les restrictions à l’importation, a fait que le luxe est parti ailleurs. »

Cette situation est-elle en train de changer ? James Lamont voit plusieurs signes encourageants venant étayer les prédictions selon lesquelles l’Inde représentera dans une dizaine d’années un marché de 30 milliards de dollars pour l’industrie du luxe. L’Inde connaît en effet une des plus fortes croissances au sein des grands pays de la planète. Une croissance qui produit des millionnaires, 126 700 à ce jour selon le rapport de Capgemini et Merrill Lynch (12e position mondiale), et des milliardaires, 69 selon Forbes, qui relève les capacités des entrepreneurs indiens à saisir les opportunités de création de richesse sans précédent dans cette partie du monde ». Depuis quelques années, certaines grandes marques ont d’ailleurs bien saisi tout le potentiel du marché indien, une soixantaine d’entre elles ayant déjà établi leurs quartiers dans les centres urbains les plus importants, à l’instar de Louis Vuitton, Chanel, Porsche ou Tag Heuer.

Des obstacles de taille

« Cela n’empêche pas qu’en matière de luxe l’Inde se situe là où la Chine était il y a une dizaine d’années, corrige James Lamont. Et pour plusieurs raisons. Il existe seulement deux centres commerciaux d’importance dans tout le pays, de sorte que les marques doivent ouvrir leurs espaces dans les hôtels qui représentent de véritables forteresses. Partout ailleurs, les zones marchandes sont un véritable chaos, si bien que les riches préfèrent effectuer leurs achats à la maison ou acquérir des articles de luxe à l’étranger vu les taxes prohibitives appliquées sur ces produits. De plus, ces gens aiment marchander et paient généralement leurs achats en liquide. Il faut donc bien avouer que, pour l’instant, l’expérience des Indiens en matière de shopping est largement déficiente. Sans parler de la large méconnaissance des marques de la part des consommateurs indiens, qui en ont été sevrés pendant cinquante ans, du manque de personnel de vente correctement formé et des codes esthétiques propres au pays. Tout cela mis ensemble fait que le marché indien peut paraître frustrant pour les compagnies du luxe. D’autant qu’il est pour l’instant impossible d’établir une tête de pont dans le pays sans un partenaire local, source potentielle de problèmes. »

James Lamont n’est pas pour autant pessimiste sur l’avenir. « Il s’agit d’un marché pratiquement inexploré dans l’univers du luxe, où aucune véritable success story ne peut être mise en exergue. Les nouvelles générations – 67 % de la population a moins de 25 ans – sont les consommateurs de demain étant donné l’augmentation du pouvoir d’achat. Affamés de marques, ils sont demandeurs et loyaux. Si l’on songe que Westend, une marque basée en Valais pratiquement inconnue en Suisse, est considérée comme le haut de gamme en Inde, c’est dire la marge de progression pour les maisons de Haute Horlogerie. En une génération, les maharadjahs ont adopté un style occidental. Tout peut donc recommencer ! »

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