« Ma rencontre avec François-Henri Pinault a été déterminante »
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal
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Avec 23% du capital de Sowind, PPR est désormais actionnaire minoritaire du groupe détenteur des marques Girard-Perregaux et JeanRichard. Une transaction annoncée en juin sur laquelle revient Luigi Macaluso, patron de la Maison horlogère. Entretien.
Cela faisait des mois que la rumeur courait sur une éventuelle prise de participation d’un acteur du luxe dans le groupe Sowind, propriétaire des marques Girard-Perregaux et JeanRichard. C’est désormais chose faite. Le géant français PPR, qui détient notamment Gucci Group, Yves Saint Laurent, Boucheron et Bedat&Co, vient de prendre 23% du capital de la Maison horlogère helvétique. Son patron Luigi Macaluso expose les raisons de la transaction.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cette alliance avec PPR ?
Cet accord donne à Sowind Group les moyens d’exploiter pleinement son potentiel de croissance et d’innovation, avec un partenaire qui est un acteur majeur du luxe au niveau mondial. Dans le monde actuel, une entreprise globale ne peut envisager un développement durable et solide qu’en échangeant et en nouant des relations avec des partenaires fiables et d’extrême qualité.
Pourquoi avoir privilégié PPR plutôt qu’un autre acteur important de l’univers du luxe ?
Ma rencontre avec François-Henri Pinault a été déterminante. Nous partageons les mêmes valeurs d’entreprise et une vision commune de ce partenariat. De plus, les compétences de nos groupes sont fondées sur des valeurs communes d’excellence et sur un esprit d’entreprendre empreint de culture familiale. Nos forces sont également complémentaires.
Pourquoi cette participation initiale de 23% et pas davantage ?
Cette prise de participation financière permet aux deux parties de réaliser des objectifs communs en partageant les savoir-faire. Sowind Group s’associe à un grand groupe détenant une solide expérience du marché international du luxe, et PPR confirme son entrée dans le monde de la Haute Horlogerie suisse.
L’accord conclu avec PPR prévoit-il que ce dernier prenne la majorité du capital du groupe Sowind ?
Non. Des modalités permettent à PPR d’accroître à terme sa participation dans la société, mais ma famille et moi-même conservons et conserverons le contrôle dans le futur.
Quels sont les termes financiers de cette alliance ?
Cela fait partie du domaine privé.
En termes de synergie, quelles sont les perspectives avec Gucci Group ?
Gucci Group et Sowind Group pourront échanger leurs savoir-faire et partager leurs expertises en matière de R&D, de design, de gestion de marque, de réseau de distribution et d’approvisionnement. Des projets de développements communs pourront être initiés à plus long terme. La coopération sera facilitée par nos participations croisées aux comités de direction : je vais être membre du Management Committee de Gucci Group et du conseil d’administration de Boucheron, tandis que François-Henri Pinault et Robert Polet deviendront administrateurs de Sowind Group.
Allez-vous modifier la stratégie de l’entreprise suite à cette alliance ?
Nous n’allons pas remettre en cause ce qui constitue l’une de nos plus grandes forces. PPR a choisi de s’allier à une manufacture de haute horlogerie qui repose sur une grande tradition et qui allie l’innovation à la technologie pour développer un portefeuille complet de mouvements et de montres. Nous allons poursuivre cette stratégie de marque, la consolider en bénéficiant d’une nouvelle impulsion.
Cet accord avec PPR prévoit-il des investissements dans le groupe Sowind ?
Le partenariat signé est un accord industriel et de coopération sur le long terme, ce qui pourrait impliquer de renforcer les structures si cela est jugé pertinent pour atteindre les objectifs.
Vous gardez la direction du groupe, qu’en est-il du rôle de vos deux fils ?
Mes fils gardent également leurs fonctions et leurs missions, Stefano en tant que Vice-Président en charge du marketing stratégique de Girard-Perregaux, et Massimo en tant que Vice-Président de JeanRichard.
Le marché anticipait cette alliance en mars déjà, pourquoi la transaction a-t-elle abouti en juin seulement ?
Simplement car ce que l’on entend ne correspond pas toujours à la réalité !
Comment voyez-vous l’avenir des marques Girard-Perregaux et JeanRichard désormais ?
Cette expérience s’annonce très positive. La qualité des produits de Girard-Perregaux et de JeanRichard, l’efficacité de nos actions bénéficieront de ces synergies, dans un contexte qui encourage la culture de la performance où, par ailleurs, l’émotion et le rêve restent les dénominateurs communs.
