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Médecine et mesure du temps
Histoire & Pièces d'exception

Médecine et mesure du temps

vendredi, 28 novembre 2008
Par Dominique Fléchon
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Dominique Fléchon

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6 min de lecture

Position des étoiles, signes du zodiaque, pierres précieuses, prédictions… De nombreux médecins ont, au cours des siècles, également été astronomes, mécaniciens et horlogers. Quel est donc le lien entre ces connaissances ?

Les civilisations antiques assimilent le ciel au panthéon de leurs divinités. A son apogée, l’astrologie imprègne la religion, les sciences, la philosophie et l’ensemble de l’activité humaine. L’observation des astres est la base de la mesure du temps qui, progressivement, se structure sous la forme du calendrier. L’homme fait alors partie physiquement et intellectuellement du Cosmos.

« L’homme céleste » se trouve à l’origine de toutes les correspondances entre le ciel et l’homme, entre la médecine et l’astrologie. Chaque membre de cette figure céleste est influencé par les ondes émises par une planète dont l’irradiation transmise au même instant au corps humain augmente l’action des médicaments. « L’homme céleste » devient « l’homme du zodiaque » dont l’astrologie divise le corps en 12 parties correspondant aux 12 secteurs zodiacaux (les 12 maisons du ciel). La médecine dessine alors une silhouette indiquant les points de saignée et attribuant, par exemple, le Bélier à la tête, le Taureau au cou et à la nuque, les Gémeaux aux épaules et aux bras.

Gravure sur bois dans un almanach de 1702. « L'homme du zodiaque » dont l'astrologie divise le corps en 12 parties correspondant aux 12 secteurs zodiacaux (LDD)
Gravure sur bois dans un almanach de 1702. « L'homme du zodiaque » dont l'astrologie divise le corps en 12 parties correspondant aux 12 secteurs zodiacaux (LDD)
Les pierres comme médicaments

En parallèle, l’irradiation particulière d’un astre agit dès la préparation des médicaments lors de la cueillette des végétaux et de la recherche des minéraux. Dans chaque plante et dans toute roche prédomine un composant qui est sous l’influence momentanée de l’astre régnant à cet instant. Cette influence s’exerce sur l’efficacité du remède au moment où on le prépare et plus encore lors de son emploi. Ainsi l’astrologie médicale a attribué une planète particulière à chaque plante et pierre utilisées dans les préparations médicamenteuses.

Le Rubis est ainsi lié au Soleil (Dimanche). Il préserve de la peste et ranime les victimes de syncopes. Pilé et accompagné d’une boisson chaude, il combat les hémorragies. Louis XIV en absorba une grande quantité lors de sa maladie qui lui fut…fatale ! Quant à Isabeau de Bavière, elle fit broyer ses rubis qui, mêlés à des perles, devaient vaincre son obésité. L’histoire n’a pas relaté le résultat obtenu. Autre exemple : le Cristal de roche qui est rattaché à la Lune (Lundi). Pulvérisé et mélangé à du vin, il fut longtemps employé en Angleterre pour combattre la dysenterie.

Introduction du jour civil

Avec le temps, la médecine évolue indépendamment de la cosmologie qui ne commande plus que le moment des interventions et des prises de médicaments. Les Grecs et les Romains assimilent la médecine à un art technique. Le médecin Hérophile, au IIIe siècle avant J.C., constate que pouls et mouvements du cœur sont synchrones. Au moyen d’une clepsydre ou horloge à eau, Hérophile, et d’autres après lui jusqu’au Moyen Age, ont mesuré fièvres et pulsations cardiaques.

Les prêtres à l’origine prennent le contrôle de l’astrologie, relayés par les souverains et enfin par la population via les traditions et observations transmises de génération en génération. Au XIVe siècle, les médecins-astrologues s’affirment : ils introduisent le jour civil et la division du jour en deux fois 12 heures, substitués au jour naturel et aux heures canoniales. C’est vers cette époque que l’horloge mécanique se développe. Très rapidement, on érige des horloges dans les hôtels de ville, sur les portes des cités, dans les palais et dans les édifices religieux. Certaines sont complétées par des informations astronomiques et astrologiques. « L’homme zodiacal » figure dans les Almanachs mais aussi sur certaines horloges comme celle de Strasbourg (1354), de Mantoue (1473) et de Munster (1500) et indique le moment approprié pour administrer les remèdes et pratiquer saignées et interventions chirurgicales.

Au moyen d'une clepsydre ou horloge à eau, Hérophile, et d'autres après lui jusqu'au Moyen Age, ont mesuré fièvres et pulsations cardiaques (LDD)
Au moyen d'une clepsydre ou horloge à eau, Hérophile, et d'autres après lui jusqu'au Moyen Age, ont mesuré fièvres et pulsations cardiaques (LDD)
Du pendule au pneumographe

Durant la Renaissance, Girolamo Fracastoro, médecin particulier du Pape, accompagne celui-ci au Concile de Trente où la réforme du calendrier est décidée. Galileo Galilei, médecin, physicien, astronome et philosophe recommande l’emploi du pendule pour mesurer fièvres et pulsations cardiaque. A cette fin, il construit un instrument spécifique qu’il nomme « pulsilogus ». Newton, Descartes, Huygens et d’autres savants comparent les organes du corps humain aux composants d’une montre ou d’une horloge. Les progrès considérables réalisés à cette époque dans la construction de chronomètres donnent à l’horlogerie une forte impulsion. Après le pendule battant la seconde, l’aiguille des secondes équipe la montre de poche. Ce perfectionnement permet au médecin anglais Sir John Floyer de créer, en 1705, son sphygmomètre de poche pour mesurer la pression artérielle.

Le corps médical des XIXe et XXe siècles demande à l’horlogerie des appareils de contrôles et de mesures toujours plus précis. Les pneumographes et les pulsomètres, de poche puis bracelets, entrent dans les cliniques et les hôpitaux. Le pneumographe est un chronographe à échelle asthmométrique qui permet de déterminer le nombre de respirations à la minute. Le médecin déclenche l’aiguille du chronographe au moment où le patient commence une respiration et l’arrête après la 5e, la 10e … ou la 25e respiration suivant l’échelle portée sur le cadran. L’aiguille indique alors directement le nombre de respirations par minute. Le pulsomètre détermine, selon un procédé identique, le nombre de pulsations cardiaques par minute. A ce stade, nous sommes bien loin de « l’homme céleste » et de la magie des étoiles, des pierres et des divinités. Mais, en ce qui concerne la santé, qui s’en plaindrait ?

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