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Michel Parmigiani à l’école de la restauration
Points de vue

Michel Parmigiani à l’école de la restauration

vendredi, 19 septembre 2008
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Marie Le Berre
Rédactrice indépendante

“Comment le temps fait-il pour tourner rond dans des horloges carrées ? ”

Quino

« Porter à la connaissance du plus grand nombre des informations qui relèvent d’un secteur par trop méconnu. Vulgariser, au sens propre du terme. »

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6 min de lecture

Né en 1950 dans le Val-de-Travers, Michel Parmigiani n’a pu échapper à la culture horlogère prégnante dans cette région des montagnes neuchâteloises. De curiosité en passion, il a fait de la restauration un métier qu’il ne saurait abandonner tant il est riche en enseignements.

Horloger et ingénieur de formation, Michel Parmigiani a rapidement choisi la voie de l’indépendance. Après deux années passées en entreprise, il se risque à créer son atelier pour pratiquer la restauration parallèlement à la terminaison de blancs roulants (mouvements achevés avant terminage et finition, ndlr) et à la création de pièces uniques pour des collectionneurs ou des marques. En 1975, le pari est des plus audacieux car l’horlogerie mécanique connaît une crise sans précédent, due à l’arrivée du quartz, et semble vouée à disparaître. En matière de restauration, il n’existe alors aucune formation. L’horloger doit tout apprendre par lui-même et va de découvertes en découvertes dans les bibliothèques, les musées ou les collections privées. Il a immédiatement été fasciné par la richesse du patrimoine horloger qui couvre près de cinq siècles d’histoire et compte une quantité exceptionnelle d’inventions. Pour lui, le métier est un des plus créatifs qui ait jamais existé.

Le restaurateur est amené à opérer à différents niveaux.
Enquête minutieuse et compétence

La restauration demande d’abord de la patience. Il faut prendre le temps de resituer les pièces dans leur contexte d’origine, de comprendre comment elles ont pu être réalisées et de retrouver les tours de main nécessaires. Observation, analyse, évaluation et documentation précèdent toute prise de décision. Ainsi, l’intervention qui en découle peut se faire dans les règles de l’art, sans trahir le caractère de la pièce non seulement au plan esthétique mais également du point de vue technique. La démarche est sensiblement différente de celle d’un réparateur qui se limite à la remise en fonction, trop souvent coûte que coûte, au risque de commettre des dégâts irréversibles. Le restaurateur est amené à opérer à différents niveaux. Quand il s’agit de conservation, on lui demande de maintenir un objet en bon état, de nettoyer des traces comme celles de la pollution et de parer à une dégradation future.

La restauration proprement dite comprend la remise en fonction et peut nécessiter la reproduction de pièces usées ou manquantes. La fidélité passe par une enquête minutieuse recoupant toutes les informations disponibles : étude des marques laissées sur le mouvement, identification du style et, si possible, de l’auteur, recherche d’œuvres comparables voire construites à l’identique. Il est arrivé qu’un ouvrage prenne une année de travail. Michel Parmigiani regrette cependant que le métier reste mal considéré. « On souffre encore trop de l’image du réparateur. Beaucoup de gens ne comprennent pas le respect dû à la technique et n’imaginent pas combien il faut de temps et de compétences pour restituer une œuvre. S’ils sont prêts à dépenser des fortunes pour acquérir une montre, une pendule ou un automate — il n’est pas rare de voir des pièces partir au double ou au triple de leur estimation dans les ventes aux enchères —, ils ne mesurent pas l’importance des mouvements qui les animent. Il leur suffit qu’ils fonctionnent, la dimension artistique leur échappe. »

Souci d’honnêteté

Chez Parmigiani, le contenu vaut le contenant. La restauration des mécanismes est un travail d’artiste pratiqué sous la houlette d’un homme qui a vu passer entre ses mains des centaines de chefs d’œuvre de toutes origines. A ses débuts, il a bénéficié de la confiance d’un collectionneur bâlois et, rapidement, il a gagné sa place au rang des trois ou quatre meilleurs spécialistes du monde. Expert reconnu, il a été amené à s’occuper de la collection de la Fondation Sandoz à compter de 1980 et, au fil des années, il a tissé avec ses membres des liens qui ont mené à la création de la marque Parmigiani Fleurier en 1996. Le soutien de l’institution s’est traduit par une prise de participation majoritaire dans le capital de la société.

Les partenaires, férus de culture horlogère, ont naturellement décidé de poursuivre l’activité de restauration. La créativité, que Michel Parmigiani peut désormais exprimer à travers la marque, s’inscrit dans le droit fil de l’histoire en général et de la sienne en particulier. La restauration est une excellente école qui apporte des connaissances et des aptitudes incomparables. Gage de compétence et de cohérence, elle est la pierre angulaire de la culture de l’entreprise toute entière. Elle occupe actuellement trois horlogers spécialisés qui rendent scrupuleusement compte de leurs interventions. Les dossiers constitués sont particulièrement détaillés, illustrations photographiques à l’appui. Quand un élément est reconstruit, cela apparaît clairement. On ne se permet aucunement de masquer le fait en créant artificiellement des traces du temps. Il en va comme dans la restauration de tableaux où, par souci d’honnêteté, il convient de signaler les parties refaites par une peinture légèrement plus mate.

(1) Montre de poche, répétition à quarts avec automate signée Daniel Isaac Piguet et Philippe Samuel Meylan.
Réalisée vers 1820, restaurée par Parmigiani Fleurier. Collection Maurice & Edouard Sandoz. Le cadran comprend un automate avec chien et cygne. Aux heures et quarts, le chien remue la tête et aboie.
(2) Le miroir à oiseau chanteur des frères Rochat Pièce à automate réalisée à Genève vers 1818
Restaurée par Parmigiani Fleurier (environ 250 heures). Actuellement exposée au Château des Monts. Au sommet du miroir, la fleur s’ouvre pour laisser apparaître un oiseau qui chante et danse.
(3) La grenouille, datée du début du XIXème siècle
Restaurée par Parmigiani Fleurier. Création composée d’or, émail, perles et rubis. L’animal fait des bonds en avant et coasse lorsqu’il s’arrête.

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