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Millésime horloger 2017 : le réveil du dragon chinois
Economie

Millésime horloger 2017 : le réveil du dragon chinois

mardi, 9 janvier 2018
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Le marasme observé sur le marché de Hong Kong depuis deux ans aura été l’une des principales causes des revers subis par l’horlogerie suisse depuis l’abandon du franc fort. La faute à la Chine ? En tout état de cause, le pays est en train de se racheter par son formidable dynamisme.

On aura tout entendu quant aux raisons des affres subies par les horlogers suisses dès 2015. Abandon du taux plancher de la part de la Banque nationale suisse, folie des grandeurs des Maisons horlogères par trop tentées par une dangereuse inflation des prix, investissements excédentaires avec de fortes surcapacités de production à la clé, conjoncture économique maussade, calendrier électoral peu favorable, tendance au repli culturel et commercial avec les États-Unis de Donald Trump en chef de file… Cet ensemble de facteurs peu propices au développement des affaires a très vite été stigmatisé par le véritable marasme qui a secoué Hong Kong, première destination des produits horlogers helvétiques. Après une première chute de 23 % en 2015, les exportations horlogères vers cette région administrative spéciale de Chine continuaient leur plongeon l’année suivante avec un recul de 25 %. Ce n’est qu’au mois de mars 2017 que la tendance s’est enfin inversée après 25 mois consécutifs de baisse. Entretemps, nombre de Maisons ont dû se résoudre à des rachats massifs de stocks afin d’assainir une place horlogère bien trop tentée par les sirènes du marché gris.

Pour expliquer la chute brutale de Hong Kong dans les statistiques horlogères, les yeux se sont très vite tournés vers la Chine. Hong Kong joue en effet un rôle déterminant en tant que plaque tournante pour des produits qui ne font que transiter via son territoire afin de bénéficier des droits de douane préférentiels régissant le commerce avec l’empire du Milieu. De plus, cette région administrative a constitué pendant longtemps la première destination touristique pour les ressortissants chinois venus y flairer l’air du capitalisme. Plus rien de tel aujourd’hui. Si les Chinois voyagent de plus en plus, ce sont les capitales lointaines qui les tentent désormais, quand ils ne privilégient pas le Japon dans leurs voyages de proximité. Quant aux achats de montres en Chine continentale, ils ont subi de plein fouet la campagne de lutte anti-corruption lancée en 2013 par le gouvernement, sans compter la taxe douanière rehaussée à 60 % sur les produits de luxe importés. Cette évolution n’a pas manqué de laisser des traces dans les exportations horlogères suisses vers le Céleste Empire, également en baisse de 5 % en 2015 et encore de 3 % en 2016.

Depuis peu, la Chine connaît un rare regain de dynamisme avec des hausses mensuelles de 20 à 40 % sur les exportations horlogères suisses.
Dangereuse dépendance ?

D’eldorado, la Chine a ainsi très rapidement perdu de son aura. Le couple Hong Kong-Chine était même considéré comme le fossoyeur de l’horlogerie suisse tant la situation semblait quasi désespérée. Un sentiment vit oublié au regard des dernières statistiques du secteur. Depuis quelques mois, la Chine connaît en effet un rare regain de dynamisme avec des hausses mensuelles de 20 % en octobre, voire de près de 40 % en novembre sur les expéditions de montres suisses vers le pays. Sur les 11 premiers mois de l’année, la hausse s’affiche ainsi à 19,6 %, positionnant le pays en troisième position des marchés d’exportation avec CHF 1,4 milliard, plus très loin des États-Unis (1,9 mia). Cela faisait longtemps que l’horlogerie helvétique n’avait plus connu de pareils taux de croissance. Et tous les regards de se tourner à nouveau vers l’Asie, dans la mesure où la tendance globalement haussière observée sur les marchés d’exportation depuis janvier (+ 2,8 %) est essentiellement redevable aux pays d’Extrême-Orient, Chine en tête, suivie par Hong Kong (+ 5,3 %), Singapour (+ 10,6 %) ou encore la Corée du Sud (+ 3,6 %).

Faut-il s’étonner de ce regain d’intérêt ? Certainement pas au vu de la place qu’occupe désormais le continent asiatique sur l’échiquier mondial. Selon une étude publiée fin décembre par le Centre for Economics and Business Research (CEBR), institut de recherche britannique, l’Inde va se hisser en 2018 au cinquième rang des principales économies de la planète, pour supplanter la France et le Royaume-Uni. Mieux, d’ici quinze ans, la Corée du Sud et l’Indonésie auront fait leur entrée dans le top 10 ; Taïwan, la Thaïlande, les Philippines et le Pakistan dans le top 25. Quant à la Chine, toujours selon le CEBR, elle devrait d’ici à 2030 avoir ravi la première place du classement aux États-Unis. Mesuré en termes de « parité du pouvoir d’achat », le PIB chinois aurait même déjà devancé celui de l’Oncle Sam. Que des bonnes nouvelles pour les horlogers, pourrait-on conclure. Avec un bémol, toutefois. À trop dépendre du marché chinois, voire asiatique (50 % des exportations sans compter les achats à l’étranger), les revers de fortune ne sont pas à exclure, comme les Maisons en ont fait la cruelle expérience. Au sortir du tunnel, inutile toutefois de se perdre dans de telles conjectures !

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