En septembre 2008, Minerva, manufacture horlogère sise à Villeret et rattachée à Montblanc depuis le début de l’an dernier, fêtera son 150e anniversaire. Une date à marquer d’une pierre blanche pour cette entreprise qui a fait entrer Montblanc de plein pied dans l’univers des garde-temps de prestige, conformément à la stratégie générale de la marque qui vise une montée en gamme dans l’ensemble de ses secteurs d’activité. Depuis plusieurs années, Montblanc a en effet poursuivi un objectif de diversification, ajoutant à son portefeuille de produits la maroquinerie en 1992, puis l’horlogerie en 97 et enfin la joaillerie au tournant du siècle, soit trois segments d’affaires qui représentent aujourd’hui 40% de ses ventes aux côtés des instruments d’écriture pour lesquels la marque occupe la première place au niveau mondial.
Un développement en trois points
Inutile toutefois de vouloir visiter les lieux avant la date fatidique. Minerva est à l’heure actuelle en pleine phase de rénovation et rien ne sera dévoilé avant l’anniversaire de son siècle et demi d’histoire horlogère. « L’idée derrière les investissements que nous sommes en train de consentir à Villeret est de sauvegarder le savoir-faire et la grande tradition horlogère de cette manufacture où le travail est encore effectué à l’ancienne, c’est-à-dire à la main, expose Alexander Schmiedt, responsable du développement stratégique des produits chez Montblanc. Cela augmente peut-être la difficulté au niveau de la production mais il s’agit pour nous d’une question de principe. »
Le développement de Minerva s’articule ainsi en trois points. « Dans un premier temps, nous nous sommes attachés à trouver des nouveaux jeunes horlogers que nous allons former au travail fait main de la manufacture, poursuit Alexander Schmiedt. Lorsque Minerva a été intégrée à Montblanc, la société comptait 22 personnes. Actuellement, nous sommes 32 et probablement 45 à la fin de cette année. Ces nouveaux venus sont pour l’essentiel des horlogers, des constructeurs, des prototypistes, mais aussi des spécialistes de l’organe réglant car le but est de favoriser la nouveauté au sein de l’entreprise.»
Une fois cette production écoulée, un nouveau mouvement viendra remplacer l'ancien.
L'esprit de petite entreprise
La deuxième phase de développement concerne les bâtiments de la manufacture datant de 1902, en pleine réfection, toujours dans ce même esprit de sauvegarde de la tradition. Quant au dernier aspect des investissements se chiffrant à plusieurs millions de francs suisses, il concerne le parc de machines et l’outil de production de Minerva, lui aussi modernisé afin de soutenir au mieux la démarche artisanale de la manufacture. « Au final, expose Alexander Schmiedt, nous serons ainsi à même de poursuivre notre stratégie consistant à sortir des nouveaux calibres chaque année, édités en séries limitées d’au maximum 250 pièces déclinées sur deux ans. Une fois cette production écoulée, un nouveau mouvement viendra remplacer l’ancien, si bien que nos montres garderont ce caractère exclusif 100% Villeret. »
Pour Minerva, pas question toutefois de rejouer la fable de la grenouille qui voulait être aussi grosse qu’un bœuf. « Nous ne serons jamais des centaines au sein de la manufacture, conclut Alexander Schmiedt. Nous voulons au contraire garder cet esprit de petite entreprise qui fait la part belle à la tradition horlogère, avec une production tournant autour des 250 pièces par an et qui réalise entièrement ses montres terminées à partir de la matière brut. Dans le même ordre d’idée, nous n’allons pas nous lancer dans la surenchère en matière de complications comme le démontrent d’ailleurs les modèles que nous avons présentés au dernier Salon International de la Haute Horlogerie et qui comprennent deux chronographes monopoussoirs à remontage manuel et deux secondes authentiques. A en croire les préventes enregistrées lors de la manifestation, je pense que les amateurs et autres collectionneurs ont bien compris et apprécient notre démarche. Nous n’avons d’ailleurs pas encore livré la totalité de cette première production limitée à 268 pièces. » Montblanc, qui produit par ailleurs 100’000 montres à 70% mécaniques, se rêvait un avenir de manufacture. Avec Minerva Villeret, c’est désormais chose faite.