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Mister Burton sur le divan
Points de vue

Mister Burton sur le divan

lundi, 29 août 2016
Par Frank Rousseau
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Frank Rousseau

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6 min de lecture

C’est dans une salle de projection que le fantasque Tim Burton nous a donné rendez-vous. Son actu ? La sortie cet automne de Miss Peregrine et les Enfants particuliers, adaptation cinématographique d’un conte avec Eva Green en vedette. Assis confortablement, nous nous sommes amusés à essayer de comprendre ce que le plus allumé des réalisateurs américains avait dans la tête et au poignet. Jubilatoire !

Dans Alice au pays des merveilles, quand la blonde héroïne chute dans le terrier du Lapin Blanc, le temps se dérègle, il se suspend. Cette notion du temps est symbolisée par la montre du Lapin, qui est toujours en retard. Et lorsque ce drôle de personnage confie sa montre afin de la faire réparer, on lui explique qu’en réalité elle retarde de… deux jours !

Et vous Tim, êtes-vous souvent retard ?

Cela m’arrive, mais je ne le fais pas volontairement. Le paradoxe, c’est que vous avez des gens qui disposent d’une montre synchronisée à une horloge atomique. Le nec plus ultra. « Une montre d’une précision extrême », disent-ils en vous faisant remarquer à quel point ils sont à la « pointe du progrès ». Sous-entendu, vous, avec votre montre de base, vous êtes un ringard ! Mais vous savez, tout cela me fait bien sourire, car au fond vous pouvez bien avoir la plus performante des technologies au poignet, votre montre, aussi perfectionnée soit-elle, ne vous permettra jamais de rattraper le temps perdu ! (rires)

Être normal, je ne sais pas trop ce que cela signifie, au fond !
Tim Burton
Que regardez-vous en premier quand vous achetez une montre ?

Cela dépend déjà à qui vous l’offrez ! Si c’est à moi-même, la première chose qui m’attire, ce n’est pas tellement son « look » mais bien davantage l’histoire derrière elle. Voyez-vous, j’aime beaucoup regarder les vieilles photos jaunies, les cartes postales du siècle dernier… C’est une façon de remonter le temps en un clin d’œil. C’est très émouvant, vous savez. Il en va de même lorsque vous achetez une montre à gousset chez un vieil antiquaire ou une pendule sur laquelle vous tombez par hasard. Au gré de vos pérégrinations. Quand vous demandez des informations sur l’objet, avant même d’en faire éventuellement l’acquisition, on vous renseignera sur la date de fabrication ou sur ses particularités. Vous en avez même qui poussent le bouchon en vous révélant à qui elle a appartenu. Baratin ou pas, vous vous en fichez bien. Pendant quelques minutes, le monsieur vous aura en effet permis de vous faire votre propre cinéma !

Dans mon prochain film, Miss Peregrine et les Enfants particuliers (Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children), le jeune Jacob va par exemple consulter des photos pour essayer de démêler les fils du passé et mieux connaître son grand-père disparu. J’ai bien aimé l’histoire de cet ado qui trouve ces vieilles photos et qui, à partir de ces éléments, concocte une histoire. C’est réellement le même ressenti avec les montres anciennes. Lorsque vous les regardez, que vous les prenez en main ou que vous écoutez leur « tic-tac », ces montres veulent vous faire partager des instants de vie passée. Personnellement, je trouve ça beau et poétique. Une montre, c’est toujours une histoire de coup de foudre. Le courant passe tout de suite ou jamais !

Tim Burton
Tim Burton
Et lorsque le cadeau horloger est destiné à une dame ?

On évitera la grosse montre de plongée fluo. Sauf si la dame ciblée passe sa vie dans l’eau ! (rires) On essaiera de trouver une montre à la fois sobre et originale. L’or ou les matériaux précieux ne font pas partie de mon cahier des charges. Je préfère une montre qui a du caractère à une montre « tape à l’œil ». L’amour que je porte à quelqu’un ne se jauge pas au prix que je vais mettre mais bien davantage au temps que je vais passer pour dénicher la perle rare.

Y a-t-il un endroit au monde qui vous déconnecte du temps ? Un lieu où vous n’avez pas vraiment envie de regarder votre montre ?

Oui, dans une salle de cinéma. C’est là où je me sens le mieux. Vous savez, je ne me suis jamais fait analyser. J’ai toujours pensé que j’étais quelqu’un de normal. Je ne cherche pas non plus à essayer de comprendre qui je suis. D’ailleurs, pour moi, le mot « normal » a quelque chose de bizarre. Dès que je le prononce, je le trouve étrange. Être normal, je ne sais pas trop ce que cela signifie, au fond !

Tim Burton
La maison de Tim Burton, est-ce un château gothique ?

Ce n’est pas un château mais la maison d’un vieil artiste, Arthur Racob. Un homme qui a eu une grande influence sur moi. Ma chambre occupe aujourd’hui ce qui était jadis son studio. C’est là qu’il exposait ses dessins et ses œuvres. Il y a de bonnes vibrations dans cette maison. Je suis heureux de vivre entre ces mûrs. Vous savez, je ne souhaite pas être un artiste torturé. Vivre dans la noirceur en permanence, cela ne m’intéresse pas. Je pense néanmoins que nous avons besoin d’une énergie conflictuelle pour donner le meilleur de nous-même. Vous savez, quand vous entendez le mot « non » cent fois par jour, il y a un moment où vous ressentez le besoin de vous surpasser. Alors maintenant, comment arrive la créativité ? Je ne sais pas. J’ai suivi des millions de thérapies et je n’ai toujours pas trouvé de réponse à ce jour. Je me souviens en particulier d’un psy qui s’asseyait devant moi pendant une heure, montre en main, qui ne pipait pas un mot et me regardait intensément dans les yeux. À la fin de la séance, il m’a dit que je me portais très bien mais que mon seul problème, c’est que je n’étais pas capable de communiquer. Ce à quoi j’ai répondu que pour pouvoir entretenir une conversation, il fallait avoir un interlocuteur ! Ce qui était loin d’être son cas. Cela m’a finalement coûté 100 dollars. Le gars qui facturait ça à l’heure ne m’a plus jamais revu.

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