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Or et diamants éthiques, la pression augmente
SIHH

Or et diamants éthiques, la pression augmente

vendredi, 25 janvier 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Lors du SIHH, le développement durable a également été au centre des discussions à l’Auditorium avec deux sessions consacrées aux chaînes d’approvisionnement en pierres et métaux précieux. Une question que plus personne ne peut ignorer.

Dès janvier 2021, une nouvelle législation entrera en vigueur dans l’Union européenne en matière de règlement relatif aux minerais provenant des zones de conflit. « Ce règlement vise à endiguer le commerce de quatre minerais – l’étain, le tantale, le tungstène et l’or – dont l’exploitation finance parfois des conflits armés ou passe par le travail forcé », précise le site de la Commission européenne. Objectif : veiller à ce que les importateurs de ces métaux respectent les normes internationales en matière d’approvisionnement responsable élaborées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Évolution nécessaire ? On se souvient que l’an dernier Human Rights Watch avait publié un rapport sur les pratiques d’une quinzaine de marques de luxe horlogères et joaillières pour conclure que leurs efforts visant à s’assurer de chaînes d’approvisionnement en or et diamants respectueuses des droits humains étaient susceptibles d’améliorations. En d’autres termes, notait l’ONG, 40 millions de personnes sont de nos jours actives dans des mines artisanales où le travail des enfants, le trafic d’êtres humains et les dégâts sur l’environnement sont encore pratique courante.

Avec ses 1'100 membres, le Responsable Jewellery Council est plus qu’une organisation, c’est devenu un véritable "mouvement".

C’est pour tenter d’y voir plus clair que la Fondation de la Haute Horlogerie a organisé deux sessions à l’auditorium du SIHH la semaine dernière, toutes deux consacrées au développement durable en matière d’or et de diamants. La première a ainsi été ouverte par Andrew Bone, CEO du Responsible Jewellery Council (RJC), une organisation fondée en 2005 qui a pour mission de certifier les bonnes pratiques des entreprises actives dans la chaîne d’approvisionnement de l’or ou des diamants, de la mine jusqu’à la distribution. « Au départ, le RJC, qui a mis sur pied un système d’autorégulation de l’industrie édictant des standards aujourd’hui reconnus internationalement, a été fondé par 14 membres. Aujourd’hui, nous sommes plus de 1’100, et l’organisation est devenue un véritable mouvement qui ne cesse d’évoluer, expliquait Andrew Bone. Nous représentons ainsi une communauté qui ne cesse de croître, tout comme son capital confiance. » Un sentiment absolument nécessaire dans un environnement où les diamants passent potentiellement par des filières de blanchissage, tout comme certaines liquidités d’origine douteuse, que seul le filtre des procédures de « due diligence » permet identifier, comme l’expliquait Courtenay Ross, directeur financier du diamantaire Richold.

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Info
Pour des pratiques responsables
Salanitro, société genevoise spécialisée dans la création joaillière et le sertissage, vient d’obtenir une double certification RJC, une première en Suisse : la « Norme de la Chaîne de Tracabilité » (CoC) en ce qui concerne l’or, le platine et le palladium ainsi que le « Code des Pratiques » (CoP) pour la 3ème fois consécutive.
Une réelle prise de conscience

Dans ce contexte, les nouvelles réglementations, les certifications, tout comme les mesures de conformité légale exigées des entreprises, en un mot tout ce qui vient renforcer la chaîne de contrôle, sont clairement perçues comme une nécessité, voire un préalable avant de considérer faire affaire dans l’une ou l’autre filière d’approvisionnement. « C’est pourquoi il faut considérer les procédures à mettre en place au sein des organisations pour se conformer au cadre juridique et aux critères de certification comme un investissement, poursuivait Courtenay Ross. Mais cette prise de conscience fait clairement son chemin. » Les intervenants de la deuxième session sont venus en apporter la preuve. Tant le raffineur Valcambi que la Swiss Better Gold Association, tant le raffineur PAMP que le groupe Kering ont en effet détaillé leurs efforts en matière de due diligence et de traçabilité, leurs soutiens apportés aux mines artisanales et les nouveaux produits qui résultent de ces démarches responsables comme l’or vert ou l’or recyclé, sans oublier les engagements pris en matière de développement durable dans ses dimensions sociales et environnementales.

Tout ce qui vient renforcer la chaîne de contrôle est un préalable indispensable au développement du business dans le secteur.

Kering offre un excellent exemple des progrès réalisés en la matière. « Cela fait une quinzaine d’années que notre groupe a introduit le concept de durabilité au sein de son organisation, précisait Claire Piroddi, Sustainability Manager Watches & Jewelry. Un concept précisé en 2016 dans un plan stratégique à dix ans. Les études que nous avons menées montrent en effet que 80 % de l’impact environnemental de produits horlogers et joailliers sont liés à l’extraction des métaux précieux et des diamants. Nous avons donc mis en place des standards portant sur les matières premières et sur les processus de production. En parallèle, nous apportons notre soutien aux mines artisanales, notamment à celles qui s’engagent en faveur des certifications Fairmined et Fairtrade. Dans ce but, nous avons d’ailleurs créé un fonds, alimenté par le produit de nos ventes, qui s’engage dans des projets sociaux et environnementaux liés à ces communautés de mineurs. Résultat : l’or éthique couvre aujourd’hui 73 % de nos besoins contre à peine 17 % il y a trois ans. Je tiens à préciser que ces dispositions, Kering ne les a pas prises sous la pression des marchés. Mais il ne fait pas de doute que les clients sont de plus en plus sensibles aux questions de transparence et de traçabilité qui vont clairement devenir la norme. » Dans ce contexte, la problématique commence à prendre une autre tournure avec deux nouveaux écueils à la clé : l’insuffisance déjà patente d’or éthique et la traçabilité des diamants de synthèse en passe d’envahir le marché. Une autre facette du développement durable.

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