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Panatere : après l’acier, le titane recyclé
Economie

Panatere : après l’acier, le titane recyclé

jeudi, 9 décembre 2021
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Dès le début de l’année prochaine, les horlogers pourront s’adresser à Panatere pour obtenir du titane recyclé, matériau obtenu à base de déchets récoltés auprès d’entreprises établies dans le Jura suisse. Mise en place pour l’acier, cette filière sera bientôt complétée par un four solaire itinérant.

Chez Panatere, on a de la suite dans les idées. En début d’année, cette entreprise de Saignelégier, dans le Jura suisse, sortait du bois avec une solution aussi innovante que séduisante : un acier recyclé à 100 % issu d’une réflexion sur l’économie circulaire parfaitement conforme aux principes des circuits courts puisque obtenu à partir de déchets récoltés auprès d’entreprises de la région. Cette démarche trouvait d’ailleurs une première application concrète auprès d’ID Genève avec sa montre Circular 1, un modèle entièrement réalisé à partir d’acier recyclé en provenance de Panatere.

L’entreprise Panatere à Saignelégier

Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître ! Et surtout un coup de projecteur bienvenu sur une entreprise proposant – enfin – une alternative crédible et certifiée aux horlogers en quête de solutions durables. Autrement dit, une proposition plus que bienvenue dans un pays dont les besoins annuels en acier inoxydable se montent à quelque 120 000 tonnes par an. « L’acier est la matière première la plus utilisée dans l’horlogerie, précisait alors Raphaël Broye, fondateur de Panatere. Cette industrie en consomme à elle seule près de 9 000 tonnes par année. Or près de 1 500 tonnes de copeaux d’acier issus de l’usinage de pièces horlogères sont généralement envoyés en Chine pour être fondus et recyclés en barres de qualité médiocre. Une aberration à la fois sur le plan écologique et sur le plan économique. »

Barre de titane recyclé à 100%

C’est pour y remédier que Panatere a mis en place un circuit court de récupération des copeaux d’acier auprès des sous-traitants jurassiens actifs dans le secteur horloger et médical. Or ce même circuit sert aujourd’hui à l’entreprise pour la récolte des déchets de titane. Après une première coulée en laboratoire qui a tenu toutes ses promesses, l’entreprise sera à même de livrer un titane grade 2 ou grade 5 recyclé à 100 % dès le début de l’année prochaine. Là également, une initiative des plus bienvenues étant donné le succès grandissant du titane auprès des horlogers. « La demande pour ce métal est très forte, confirme Liselotte Thuring, cheffe de projet auprès de Panatere, d’autant plus que les horlogers suivent désormais de près nos projets. Les marques sont aujourd’hui bien conscientes de la nécessité de présenter des produits parfaitement transparents et d’une traçabilité irréprochable. Elles savent également qu’elles doivent travailler à minimiser leur empreinte carbone. Or, dans la production industrielle horlogère, l’impact le plus important en termes d’émission de CO2 tient au choix des matériaux. »

Exemple de four solaire à Mont Louis en France

C’est là également toute la force de Panatere, dont l’acier recyclé présente une empreinte carbone 10 fois inférieure à celle d’un acier « normal ». Un coefficient qui grimpe même à 165 fois pour autant que l’on utilise des énergies renouvelables pour le produire, comme l’entreprise en a fait l’essai dans une fonderie des Pyrénées. C’est exactement ce à quoi s’emploie Panatere actuellement. En parallèle à son offre d’acier et de titane recyclés, prélude à d’autres métaux dans un avenir proche, l’entreprise est en train de développer son propre four solaire itinérant. « Pourquoi itinérant ? poursuit Liselotte Thuring. Parce qu’il s’agit de trouver quel sera l’emplacement définitif idéal pour notre centre de traitement solaire des métaux. Cela nous permettra également de tester l’installation en conditions réelles afin de réduire au maximum son impact au niveau visuel, sonore et des émanations de fumée. Sans oublier l’impact en termes de communication que permet ce four nomade, qui sera implanté successivement dans différentes régions. Certaines communes nous ont d’ailleurs déjà fait part de leur intérêt. »

Le lingot solaire en acier inox 100% recyclé du Musée International de l'Horlogerie de La Chaux-de-Fonds

L’inauguration du four est prévue pour septembre 2022. Objectif à terme : la production de 400 tonnes d’acier et 60 tonnes de titane recyclés à l’horizon 2026. « À l’heure actuelle, nous sommes de plus en plus sollicités par des clients potentiels, notamment parce que nous sommes tout à fait concurrentiels par rapport aux prix du marché sur l’acier non recyclé, qui ont connu une forte progression ces derniers mois. Sans compter les avantages de notre solution en termes d’innovation et d’environnement. » Cette compétitivité devrait d’ailleurs s’inscrire dans la durée étant donné que le modèle d’affaires de Panatere repose également sur des rentrées issues d’activités touristiques et pédagogiques entourant son four solaire, de la vente d’autres produits recyclés comme de l’huile de coupe pour machines CNC et de rachats de certificats de CO2 de la part de la Confédération, qui soutient par ailleurs le projet Panatere via des aides financières directes. Un signe qui ne trompe pas : début 2022, le Musée international de l’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds accueillera en ses murs le premier lingot solaire en acier inox 100 % recyclé estampillé Panatere. Bientôt une première montre ?

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