Les ventes aux enchères font régulièrement parler d’elles pour les prix astronomiques atteints par certaines pièces. Patek Philippe et Rolex, notamment, voient régulièrement leurs modèles s’envoler à plusieurs centaines de milliers de francs. Des sommets sur lesquels évolue une poignée de richissimes collectionneurs mais qui ne représentent pas, tant s’en faut, tout l’univers des amateurs de garde-temps. Pour ces derniers, passablement nombreux à travers le monde et dont les budgets sont beaucoup plus raisonnables, s’offrent quantité de formules, de la recherche fastidieuse dans les bourses horlogères à l’acquisition instantanée sur Internet. Pour les novices qui désireraient se lancer, HH Magazine a retracé l’itinéraire sinueux du petit collectionneur.
Se documenter d’abord
Tout apprenti collectionneur se doit d’abord de s’informer et de se documenter. C’est l’avis d’Arnaud Tellier, spécialiste du monde de l’art et des enchères horlogères. « Internet permet aujourd’hui facilement d’en savoir plus sur l’histoire des marques et les caractéristiques des modèles, explique-t-il. Le Web offre aussi, et surtout, la possibilité de comparer les prix, afin d’avoir une idée du marché des montres d’occasion. » Pour celles et ceux qui aiment les livres, il existe également quantité d’ouvrages, édités par les marques elles-mêmes ou des éditeurs spécialisés, comme Watchprint. Enfin, les catalogues des maisons de ventes aux enchères restent un trésor de renseignements.
Ce préalable peut paraître fastidieux, mais il est important de partir en chasse armé d’un certain nombre de connaissances, sous peine de regretter son achat, voire de se faire arnaquer. Il est ainsi primordial de se fixer un budget à ne pas dépasser et d’avoir une idée assez précise de la pièce recherchée. L’offre est en effet telle que l’on s’y perd rapidement si l’on ne pose pas de balises.
La fréquentation d’événements ou de rencontres dévolus à la vente de montres d’occasion possède ses avantages.
Courir les événements…
Une fois que vous êtes correctement préparé, deux mondes s’offrent alors à vous : Internet ou la rue. Si une majorité des « newcomers » arrivent par le Web, la fréquentation d’événements ou de rencontres dévolus à la vente de montres d’occasion possède ses avantages. À commencer par la facilité de s’y créer un réseau d’amateurs, souvent prêts à vous aider et vous renseigner. Reste à fréquenter les bons endroits. Si les salles des ventes promettent souvent des spectacles hauts en couleur en libre accès, elles sont aussi le lieu de tous les excès. « Le prix moyen d’une adjudication chez Antiquorum est de CHF 20 000.-, celui d’une montre chez Sotheby’s, de CHF 50 000.- », souligne le commissaire-priseur Geoffroy Ader. De quoi refroidir les ardeurs. Il existe cependant de plus petites maisons, comme l’Hôtel de ventes à Genève, Ineichen à Zurich ou Acturial à Paris, où de bonnes surprises sont toujours possibles. Attention cependant à la commission et à la TVA, qui viennent s’ajouter au prix marteau.
Autre possibilité : les boutiques de seconde main. Même si ces enseignes accordent parfois des garanties et l’assurance d’une adresse fixe, les amateurs leur préfèrent cependant les bourses horlogères et autres brocantes itinérantes. « Il en existe un peu partout et c’est, selon moi, le meilleur plan, concède Xavier Perrenoud, fondateur de l’atelier de graphisme XJC à La Chaux-de-Fonds et collectionneur à ses heures : les vendeurs vivent de cette activité et sont là pour conclure des ventes. C’est dans ces endroits que l’on peut réaliser les meilleures affaires. » Affaires entre marchands et clients, mais aussi entre collectionneurs eux-mêmes. Avec le temps, les échanges au sein de son propre réseau d’amateurs privés prennent aussi en importance, confirme Xavier Perrenoud.
… ou le Web
Mais courir le pays ou le continent n’empêche pas la prospection sur Internet. C’est même la solution préférée des chercheurs de montres modernes, un marché qui représente quelque 10 milliards de dollars par an ! Toutefois, même si le monde entier s’ouvre à vous bien confortablement installé derrière votre ordinateur, ce canal n’en est pas moins complexe et parsemé de pièges. Maître mot sur la toile : la confiance. « Il est arrivé que certains de mes acheteurs en ligne se renseignent sur moi auprès de marques horlogères », témoigne Geoffroy Ader. Le risque est ici de ne jamais recevoir la montre, ou de recevoir une contrefaçon, lesquelles pullulent sur le Web. C’est la raison pour laquelle se détache, depuis quelques années, une poignée de sites ayant fait leurs preuves. Les possibilités restent toutefois multiples.
Comme dans la vraie vie, il existe sur Internet plusieurs manières d’acheter une montre. La plupart des maisons d’enchères traditionnelles offrent la possibilité de suivre les ventes – et d’enchérir – en direct sur leur site. D’autres, comme auctionata.com, sont entièrement virtuelles, tout en conservant le rituel du rendez-vous à date et heure arrêtées. Mais le propre du Web est l’immédiateté, et ses acteurs l’ont bien compris. La boutique en ligne constitue alors une solution appréciée : les prix y sont fixes, avec toutefois la possibilité, dans certains cas, de faire une offre en deçà. Antiquorum.com, auktionshaus-ineichen.ch ou encore cresus.fr sont quelques-unes des nombreuses adresses. Les forums (par exemple onthedash.com, chronocentric.com) ou les blogs (lesrhabilleurs.com), également nombreux, sont aussi des lieux d’échange et de transactions, même s’ils s’en défendent.
Mais le phénomène du moment est indéniablement chrono24.com, basé à Karlsruhe, en Allemagne. Différent des autres modèles de site, il représente une place de marché géante de niveau mondial. Son principe : mettre en relation les privés désireux de vendre ou d’acheter une montre, tout en sécurisant les transactions et en garantissant l’authenticité des pièces. Une formule gagnante, en 22 langues et 89 pays, qui attire chaque mois plus de 8 millions de visiteurs. Quelque 225 000 montres sont actuellement répertoriées sur le site, avec un taux de vente de 90 %.