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Patek Philippe célébrée au-delà du raisonnable
Culture

Patek Philippe célébrée au-delà du raisonnable

mercredi, 19 novembre 2014
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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6 min de lecture

Sans compter la Graves qui s’est envolée à CHF 23,2 millions, la session genevoise de novembre dégage une recette de CHF 25,4 millions uniquement avec les garde-temps Patek Philippe. Au total, Antiquorum, Christie’s et Sotheby’s s’arrogent CHF 78,6 millions.

Dire que les enchères genevoises de novembre 2014 ont rendu un vibrant hommage à Patek Philippe pour ses 175 ans d’existence est un euphémisme. Il y a évidemment eu l’événement planétaire qu’a été la vente de la Graves chez Sotheby’s pour CHF 23,2 millions. Un nouveau record toutes catégories pour une montre. Mais cette fin de session en apothéose n’a de loin pas été le seul moment durant lequel la marque genevoise a brillé. La maison Christie’s, elle aussi, avait prévu de faire son éloge en organisant une vente thématique de 100 pièces. Prise d’assaut, celle-ci a rapporté CHF 19,4 millions en trois heures. En tout, les quelque 340 Patek Philippe mises à l’encan entre le 8 et le 11 novembre, soit un cinquième du total des pièces proposées, ont rapporté – sans la Graves – CHF 25,4 millions ou 32 % des recettes. Avec la Supercomplication, cette proportion monte à… 62 % des CHF 78,6 millions engrangés.

Instant historique

C’est bien simple : toutes les sessions de ce week-end de folie affichent une Patek Philippe à la première place des ventes. À commencer par Sotheby’s, naturellement. Il était un peu plus de 18 h 45, ce 11 novembre, lorsque la foule amassée dans une salle du Beau-Rivage s’est soudain mise à frémir. En une seconde, des centaines de téléphones portables se sont soudainement agités au-dessus des têtes, même parmi les membres du personnel. Le lot 345 venait d’apparaître sur les écrans derrière Tim Bourne, Directeur mondial du département de la Haute Horlogerie. L’instant était historique, la photo indispensable.

Au fond de la salle, un célèbre horloger de la Vallée de Joux venu assister à la seconde mise aux enchères de cette pièce hors normes a passé les premiers instants de la session à raconter la rivalité qui opposait Henry Graves Jr, richissime banquier new-yorkais et premier propriétaire de cette Patek Philippe n° 198.385, à James Ward Packard, un industriel ayant fait fortune dans l’automobile. Le mythe veut que les deux hommes, grands collectionneurs, se livraient une lutte à coups de dollars pour posséder la montre la plus compliquée au monde. Une légende urbaine en vérité. Comme le souligne le journaliste Alan Downing dans le magazine Watch Around de fin 2013, Packard reçut la plus chère de ses Patek Philippe en 1916, alors que Graves ne s’intéressa à la Haute Horlogerie qu’en 1919. Lorsqu’il se rendit à Genève pour commander sa Supercomplication en 1928, son concurrent, qu’il n’a probablement jamais connu, était décédé depuis quelques mois.

Une main se lève : 19 millions !
Un vrai suspens

Ouvertes à CHF 9 millions, les enchères sont rapidement montées à 13, par paliers de 1 million. Puis à 17, pour se fixer de longues minutes à CHF 18,75 millions. Dans la salle, deux hommes, téléphone à la main, ne prennent pas de photos. Au bout du fil, les véritables enchérisseurs tentent de prendre la mesure des sommes en jeu. Le bras en l’air, Tim Bourne compte et s’apprête à mettre fin au suspens lorsqu’une main se lève : 19 millions ! Applaudissements du public, nervosité des enchérisseurs. « Well fair, last chance! » Le maître de cérémonie a repris sa position menaçante. Par trois fois, son marteau manque de s’écraser sur le bois et par trois fois les enchères reprennent : 19,95 ; 20,5 ; 20,6… Le clap de fin résonne dans un brouhaha général. Le temps de raccrocher, les deux intermédiaires se jettent dans les bras l’un de l’autre. Avec la commission et les taxes, l’adjudication se monte à CHF 23,2 millions. Du jamais-vu. La pièce avait été estimée à CHF 15 millions.

Il se murmure qu’un oligarque russe proche du pouvoir serait derrière cet achat. Une chose est certaine cependant : le musée Patek Philippe ne pourra pas accrocher ce trophée à son tableau de chasse. Peut-être s’est-il consolé avec cette référence 3974, un calendrier perpétuel, répétition minutes avec phases de lune de 1991 en or jaune qui, adjugé pour CHF 329’000, se hisse à la deuxième place du classement (lot 344, est. CHF 230’000-350’000)… Ou avec cette référence 3448, un calendrier perpétuel et phases de lune de 1972 en or blanc, gravé de manière unique de l’emblème du sultanat d’Oman et emporté pour CHF 311’000 (lot 359, est. CHF 270’000-400’000)… Des résultats faramineux, qui semblent cependant bien fades.

Patek Philippe réf. 2499 en or rose de 1951 appartenant à la première série de sa lignée, ce calendrier perpétuel à chronographe et phases de lune s’est envolé pour 2,629 millions de francs chez Christie’s.
CHF 200'000 en moyenne

Si Sotheby’s a réussi un coup de maître en entretenant depuis de longues semaines le buzz autour de la Graves, avec ses CHF 31,6 millions, elle n’est que deuxième au classement des recettes, derrière Christie’s, qui bouclait sa propre session sur un résultat impressionnant de CHF 34,1 millions. Ce succès, la maison le doit à sa vente thématique Patek Philippe au cours de laquelle pas moins de neuf records du monde ont été battus. Les quelque 125 sièges avaient été réservés plusieurs jours à l’avance et pas moins de 320 clients à travers le monde s’étaient immatriculés pour y participer. Un exploit pour ce genre de session.

La pièce à être montée le plus haut est une référence 2499 en or rose. Manufacturé en 1951 et appartenant à la très rare première série de sa lignée, ce calendrier perpétuel à chronographe et phases de lune s’est envolé pour CHF 2,629 millions (lot 59, est. CHF 1,6-2,6 millions). Il y a une année, le même modèle mais de 1957 avait été adjugé pour CHF 1,985 million chez Christie’s également. Les trois premières montres dépassent les CHF 2 millions, alors que le prix de vente moyen s’élève à CHF 200’000.

Rarissime répétition des quarts intégrant le premier échappement libre à levées naturelles jamais réalisé par Abraham-Louis Breguet (n° 1135). Achetée par le musée Breguet pour CHF 605'000.
Rares pièces historiques

La maison de vente n’avait toutefois pas l’intention de s’en tenir à une petite session de quelques heures. Le lendemain, elle organisait sa vacation traditionnelle, proposant 370 objets à l’encan. À noter ici, l’acquisition par le musée Breguet de Paris de deux montres de poche en or, dont une rarissime répétition des quarts intégrant le premier échappement libre à levées naturelles jamais réalisé par Abraham-Louis Breguet (n° 1135). Ce garde-temps représente une importante découverte historique et technique. Selon les archives, sa fabrication a nécessité près de quatre ans de travail. Ces pièces ont été adjugées pour un montant de CHF 519’000.

Antiquorum, enfin, qui avait prévu sa session sur les deux jours du week-end pour disperser quelque 1’000 objets, a réalisé un résultat de CHF 12,9 millions. Deux pièces sortaient clairement de la masse : une répétition des quarts automate en forme de cœur réalisée vers 1820 et attribuée à Isaac Daniel Piguet. Conçue pour le marché de l’Est, elle est richement décorée de perles et ornée d’une peinture miniature sur émail représentant deux enfants sur une bascule, une musicienne et un moulin à vent, tous trois articulés. Elle a été adjugée CHF 303’750, trois fois son estimation basse (lot 579, est. CHF 100’000-200’000). La seconde est une exceptionnelle « cage horloge » avec oiseau chanteur sautant de perchoir en perchoir. Réalisée vers 1785 et attribuée à Pierre Jaquet-Droz et Jean-Frédéric Leschot, elle a été cédée pour CHF 291’750 (lot 578, est. CHF 200’000-400’000).

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