>SHOP

restez informés

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour recevoir des infos et tendances exclusives

Suivez-nous sur toutes nos plateformes

Pour encore plus d'actualités, de tendances et d'inspiration

Pendulettes, ces objets d’art horloger (II)
Modes & Tendances

Pendulettes, ces objets d’art horloger (II)

mardi, 4 décembre 2018
fermer
Editor Image
Marie Le Berre
Rédactrice indépendante

“Comment le temps fait-il pour tourner rond dans des horloges carrées ? ”

Quino

« Porter à la connaissance du plus grand nombre des informations qui relèvent d’un secteur par trop méconnu. Vulgariser, au sens propre du terme. »

Lire plus

CLOSE
8 min de lecture

En ce début du XXIe siècle, les pendulettes participent sensiblement à la valorisation de la Haute Horlogerie, offrant un « terrain de jeu » exceptionnel. Après Patek Philippe et Cartier, place à Jaeger-LeCoultre, Parmigiani, MB&F et L’Epée.

Elles s’y sont quasi toutes mises. Du moins toutes les Maisons pour qui l’horlogerie mécanique fait sens lorsque sublimée par les métiers d’art. Dans un univers où l’électronique est devenue une question de survie, les pendulettes ou pendules de table font ainsi figure de véritables anachronismes. Qu’à cela ne tienne, elles véhiculent toujours cette part d’émotion que peuvent encore générer des engrenages horlogers, surtout si on les compare à des sculptures cinétiques. On trouve ainsi des marques qui s’adonnent à l’exercice de manière occasionnelle, aux côtés de celles pour qui les pendulettes constituent des collections identitaires. Tour d’horizon.

Jaeger-LeCoultre au fil du temps

Chez Jaeger-LeCoultre, la pendule qui vit de l’atmosphère ambiante, d’où son nom, date de 1936. Si son invention par l’ingénieur Jean-Léon Reutter remonte à 1928, il a fallu près d’une décennie pour assurer son bon fonctionnement. On le doit à Jacques-David LeCoultre et à ses horlogers, qui ont œuvré à sa mise au point à partir de 1932. Quatre ans plus tard, Jaeger-LeCoultre rachetait les brevets pour lancer la production des Atmos sous son nom.

Atmos 568 Marc Newson (2017) © Jaeger-LeCoultre
Atmos 568 Marc Newson (2017) © Jaeger-LeCoultre

Une pendule Atmos fonctionne de manière très surprenante grâce à l’énergie fournie par une capsule remplie de gaz qui se contracte ou se dilate sous l’effet des variations de température. Il fallait y penser ! Une variation de 1 °C suffit à assurer 48 heures d’autonomie. Aucune intervention humaine n’est requise et, en théorie, la durée de vie du mécanisme est illimitée… Depuis 1990, la magie opère d’autant plus que Jaeger-LeCoultre est parvenue à produire des Atmos à complications. Une prouesse incroyable compte tenu de la faible quantité d’énergie disponible.

Traditionnellement logée dans un écrin de verre d’inspiration Art déco, l’Atmos a néanmoins fait l’objet ces dernières années de multiples interprétations originales et spectaculaires en matière tant de design que de décoration. À titre d’exemples, on citera les séries limitées Atmos Marqueterie logées dans des cabinets de bois précieux qui reproduisent des œuvres picturales d’Alfons Mucha ou de Gustav Klimt. Dans un registre résolument contemporain, on trouve des Atmos nées de la collaboration avec le designer Marc Newson en 2008, 2010 et 2017. La fabrication complexe de leurs écrins en forme de cubes arrondis, complètement transparents et parfaitement lisses, est confiée à la cristallerie de Baccarat.

Au moment de lancer sa marque, Michel Parmigiani a choisi pour première création… une pendulette.
Carte de visite signée Parmigiani

Au moment de lancer sa propre marque, Michel Parmigiani a choisi pour première création… une pendulette ! Idée surprenante mais pas du tout saugrenue de la part d’un horloger précédemment restaurateur de pièces mécaniques anciennes. Il a certainement jugé qu’il s’agissait là d’un excellent moyen d’exposer l’étendue de son savoir-faire tout en assurant une transition adéquate vers ses nouvelles activités. Sa Fleur d’Orient présentée en 1996 a ainsi été une remarquable carte de visite en matière de technique horlogère, de finitions, de design et de joaillerie. Depuis, Parmigiani Fleurier ne cesse de se prêter à un exercice qui lui reste très cher.

Parmi les pendulettes signées Parmigiani Fleurier, certaines s’inscrivent clairement dans la ligne des œuvres du passé comme en témoignent les modèles à automates Hippologia, parcouru par une jument et son poulain, ou Le Dragon et la Perle de la Sagesse, interprétation animée du mythe fondateur de la civilisation chinoise. D’autres prennent le parti de la modernité, tout particulièrement depuis l’avènement de la pendulette 15 jours. Dotée d’un mouvement à réserve de marche brevetée, elle a été lancée en 2012 dans un cabinet en verre et argent massif. L’année suivante, elle était sublimée par des panneaux en cristal Lalique ornés du fameux motif Coutard, un jaillissement de fines gouttelettes d’eau que René Lalique a imaginé pour la fontaine du même nom, installée dans une galerie des Champs-Élysées en 1935.

Pendulette 15 jours Lalique © Parmigiani
Pendulette 15 jours Lalique © Parmigiani

Fortes du succès de leur collaboration, les Maisons Parmigiani Fleurier et Lalique ont poursuivi avec trois somptueuses pièces uniques dévoilées en 2015. La Toric Lépine, montre de gousset endiamantée, se transforme en pendulette accrochée au cœur d’un décor en cristal à nouveau de type Coutard avec ses naïades ondoyantes dans un décor de gouttelettes d’eau. Les modèles Soleil de Gaïa et Serpent s’inspirent quant à eux de la pendule Le Jour et la Nuit créée par Lalique en 1926 : un homme et une femme en cristal, incolore ou de couleur ambre selon les cas, encerclent un boîtier en or dont le cadran est rehaussé de marqueterie de nacre.

S’il est une marque qui renouvelle complètement le genre de la pendulette, c’est bien MB&F.
MB&F et L’Epée, une créativité débordante

S’il est une marque qui renouvelle complètement le genre, c’est bien MB&F. Les pendulettes sont entrées dans l’univers fantaisiste et néanmoins sophistiqué de la marque en 2014 venant enrichir considérablement l’éventail de ses sculptures mécaniques tridimensionnelles en diversité et en quantité. En l’espace de quatre ans, huit modèles débordants de créativité ont été déclinés en plusieurs versions (2 à 5 avec des éditions respectives allant de 18 à 200 exemplaires). On a pu découvrir des pendulettes animalières comme l’Arachnophobia-araignée et l’Octopod-pieuvre, des pendulettes-robots comme Melchior, Sherman et Balthazar ou des pendulettes-vaisseaux spatiaux comme Starfleet, Destination Moon et, dernièrement, The Fifth Element. Cet ovni est une station météo horlogère qui comprend quatre éléments-instruments amovibles et interchangeables – pendule, baromètre, hygromètre et thermomètre – à placer dans le cinquième élément, l’habitacle. Inspiré par les œuvres de science-fiction des années 1950-1960, le vaisseau est, comme de coutume chez MB&F, une structure complexe qui a engendré son lot de défis à relever. Pour la touche d’humour inhérente à la marque, The Fith Element est habité par Ross, un pilote alien qui tourne au sein du cockpit pour scruter le ciel alentour. Comme toutes les pendulettes MB&F, la nouveauté 2018 est une « cocréation » réalisée en collaboration avec L’Epée 1839.

The Fifth Element © MB&F
The Fifth Element © MB&F

L’Epée 1839 est aujourd’hui la seule marque spécialisée dans les pendulettes haut de gamme en Suisse. Marque d’origine française, elle était rachetée par la manufacture suisse Swiza en 2008. À la suite d’une redistribution des cartes en 2009, la Maison regroupe aujourd’hui l’ensemble des pièces à mouvements mécaniques. Au catalogue figurent les modèles de voyage d’inspiration classique de la ligne Carriage Clock, les modèles épurés de la ligne Contemporary Timepieces et les modèles extraordinaires de la ligne Creative Art. Ambassadrice du renouveau, cette dernière a vu le jour en 2014 avec la présentation de la Starfleet, première des créations que L’Epée 1939 et MB&F réalisent conjointement depuis. Parallèlement, Creative Art intègre des pendulettes spectaculaires conçues à l’interne ou avec des artistes tiers et produites en séries limitées (généralement 50 exemplaires par version et 100 ou 200 au total). Dernière en date et cinquième du genre, Time Machine est contenue dans un cylindre de verre doté à ses deux extrémités d’hélices de remontage et de mise à l’heure qui entre en rotation au-dessus d’un trépied. La capsule évoque la machine à remonter le temps du film The Time Machine de 1960 et le socle le convecteur temporel d’une DeLorean. Avec Creative Art, L’Epée 1839 est pleinement entrée dans le XXIe siècle.

Haut de page