Eileen Hofer est un tourbillon vivifiant d’énergie. Passionnée depuis toujours d’art en général et de cinéma en particulier, elle est reconnue comme une réalisatrice suisse talentueuse et exigeante. Comme ses autres réalisations, son dernier film, Horizontes, qui plonge dans le milieu de la danse classique à Cuba, a obtenu de nombreuses distinctions. Mais c’est son projet pour le Chaplin’s World qui retiendra l’attention cet été.
L’an dernier, je participais au gala d’inauguration du musée Chaplin’s World, à Corsier-sur-Vevey, dont Jaeger-LeCoultre est partenaire. Au cours de cet événement, plusieurs personnes de la marque m’ont parlé de mon travail. La responsable presse pour le marché suisse connaissait même très bien mon travail et m’a confié qu’elle souhaitait le soutenir.
Quand tout va trop bien, j’ai tendance à me dire que c’est louche ! (Rire.) Plus sérieusement, je connaissais déjà Jaeger-LeCoultre depuis longtemps, à la fois la Manufacture, qui me paraît fonctionner de manière assez familiale, mais aussi son implication en faveur du septième art. De plus, j’ai déjà eu la chance d’être invitée, d’abord en tant que journaliste, à des festivals ou à d’autres événements cinématographiques où Jaeger-LeCoultre est présent. Quoi qu’il en soit, c’était toujours agréable. J’ai d’excellents souvenirs de la Mostra de Venise et des rencontres que j’ai pu y faire avec différents acteurs et actrices.
Des souvenirs de stress, aussi ! J’étais toujours en retard pour les séances, et je me souviens de cette immense pendule Jaeger-LeCoultre au Lido qui, elle, était évidemment toujours à l’heure et semblait me narguer…
C’est une expérience inédite pour moi puisque je me suis lancée dans une installation vidéo qui compte plusieurs écrans projetant des rushs que j’ai tournés à Cuba, rushs qui sont mis en parallèle avec des scènes mythiques des films de Charlie Chaplin. Pour moi, c’est une manière de lui rendre hommage, de montrer à quel point il reste universel et d’actualité.
Quand j’ai tourné mon film Horizontes à Cuba en 2015, j’ai réalisé des scènes qui n’avaient rien à voir avec ce film sur la danse. En fait, je suivais mon intuition, qui me disait que je pourrais un jour faire quelque chose de ces images plutôt intimistes sur la société cubaine. Je voulais montrer son amour de la culture qui se débusque au fin fond d’appartements décatis. Au final, le projet est né d’une idée de confrontation esthétique entre un monsieur, à Cuba, qui impose ses choix de zapping à sa famille et le discours du Dictateur, ou entre des jumelles, toujours à Cuba, qui regardent Le Kid. J’ai fait le même travail avec la bande musicale, en choisissant les airs de certains films de Chaplin joués au piano qui s’entrechoquent avec les bruits de la rue cubaine.
Il l’a été d’autant plus que je les visionnais en prenant des notes, me repassant des scènes avec un œil professionnel. Avant déjà, comme tout le monde, j’étais saisie par la délicatesse de sa manière de filmer, passant du rire aux larmes. En revoyant ces films, j’essaie de comprendre la méthode. Comment, au début du siècle dernier et sans les moyens que nous connaissons aujourd’hui, pouvait-il provoquer une émotion aussi palpable ?
Non, Jaeger-LeCoultre m’a témoigné une confiance absolue en me donnant carte blanche, tout comme la direction du musée. À la fin, j’avais l’impression d’être hantée par la figure du personnage de Chaplin. Je le voyais partout, comme une figure tutélaire.
Il faut croire ! D’ailleurs, il y a des points communs entre le travail méticuleux des horlogers, dans leur obsession de la perfection, et dans celui d’un cinéaste.
Pour le moment, le vernissage de cette exposition, le 17 juillet 2017, exposition qui durera jusqu’au 17 août. Et ensuite la Mostra à Venise. Quant à la suite, c’est encore une page blanche qui attend la prochaine étincelle d’une bonne idée.
* Tomorrow the birds will sing
Exposition temporaire d’Eileen Hofer
Chaplin’s World – Corsier-sur-Vevey
17 juillet-17 août 2017