Créée en 2005 et se déroulant tous les deux ans, la vente aux enchères caritative Only Watch est devenue un classique des rendez-vous horlogers. Les marques les plus prestigieuses mettent à la disposition de l’Association monégasque contre les myopathies une pièce unique, dont le bénéfice de la vente est intégralement engagé dans la lutte contre les myopathies, notamment les recherches sur la myopathie de Duchenne. Cette maladie auto-immune neuromusculaire rare, fortement invalidante, concerne environ 250’000 enfants, adolescents et jeunes adultes de par le monde.
Pas moins de 33 marques ont répondu « présent » pour cette cinquième édition, qui se déroulera le 28 septembre dans le cadre du Monaco Yacht Show, salon leader mondial de la plaisance. Partenaire de cet événement, la maison de ventes aux enchères Antiquorum a présenté les pièces au public dans les principales villes du monde : Tokyo, Singapour, Hong Kong, Shanghai, Pékin, New York, Genève et bien sûr Monaco. Étienne Leménager, directeur d’Antiquorum Genève et expert en montres, espère trouver le même dynamisme qui avait prévalu lors de l’édition 2011. La vente avait totalisé la somme record de EUR 4,5 millions. La Patek Philippe présentée à cette occasion, la référence 3939, s’était envolée à EUR 1,4 million.
Étienne Leménager, directeur d’Antiquorum Genève : Très satisfait ! Toutes les marques ont très bien joué le jeu.
C’est Luc Pettavino lui-même (président de l’Association monégasque contre les myopathies, organisatrice de l’événement, ndlr) qui contacte les manufactures. Ces dernières choisissent ensuite d’accepter… ou non.
Certaines Maisons viennent directement nous voir, mais le dernier mot revient toujours à Luc Pettavino.
Il faut que la marque soit connue, de manière à ce que la montre ait une chance de trouver preneur.
Il y a deux ans, Ikepod avait surpris tout le monde avec un sensationnel sablier de billes rouges qui avait été adjugé EUR 23’000.-, pour une estimation comprise entre EUR 15’000.- et 25’000.-.
Non, je ne crois pas. Backes & Strauss, Chanel et Van Cleef & Arpels sont de toute manière spécialisées dans les montres pour dame. Et puis la majorité des pièces restent masculines.
Le look de la Christophe Claret X-Trem-1 Pinball est très sympa, je l’aime beaucoup. Plus classique, la DeWitt Twenty-8-Eight High Jewellery Skeleton Tourbillon devrait également rencontrer un beau succès.
On retrouve justement cet esprit « ovni » chez Claret ! Mais vu le temps à disposition pour concevoir les pièces – moins d’une année ! –, je trouve que toutes les manufactures ont fait un très bel effort.
Nous avons la chance qu’actuellement les montres modernes soient beaucoup plus prisées que les pièces vintage, plus difficiles à vendre. Si nous avions le vent en poupe comme lors de la dernière édition, ça serait vraiment magnifique !
Celui qui enchérit à l’occasion d’Only Watch est clairement un collectionneur asiatique. Celui-ci est très friand de pièces uniques. Je dirais même que plus c’est spécial, plus cela lui plaît !
Métiers d’art et femmes à l’honneur
Si les éditions précédentes avaient créé le buzz en alignant passablement de « concept watch » ou de « talking pieces » vraiment uniques, Only Watch 2013 se distingue par un nombre de montres féminines plus élevé qu’à l’accoutumée – 6 marques sur 33 – et par la mise en valeur du guillochage, de la gravure, du sertissage et de la nacre. La majorité des pièces sont cependant issues de collections existantes.
Première à choisir une pièce féminine : Blancpain. Le cadran en marqueterie de nacre de cette création de la collection « Women » révèle l’envol d’une colombe blanche – symbole de l’espoir – dans un ciel bleu éclatant. La masse oscillante du mouvement à remontage automatique, visible par un fond ouvert, a également bénéficié d’un délicat travail de gravure représentant la même colombe, ainsi que la mention « Only Watch 2013 ». Prix espéré : EUR 40’000-60’000.
S’il y a une Maison qui ne pouvait passer à côté d’une montre pour dame, c’est bien Van Cleef & Arpels. Passée maître dans la complication poétique, la marque propose la Lady Arpels Une journée à Monaco : le cadran de turquoise, en arrière-plan, dévoile le célèbre Rocher dominé par le palais princier, la végétation représentée par deux palmiers, l’emblématique port de Fontvieille et un bateau naviguant au loin. Sur ce panorama se promènent une mère et sa fille, emmenées par un disque rotatif en or blanc et lapis-lazuli qui laisse émerger et s’éclipser au fil de la journée les fines silhouettes. Enfin, au premier plan, les aiguilles des heures et des minutes virevoltent sur une coiffe en nacre blanche. Prix espéré : EUR 80’000-100’000.
La manufacture genevoise Frédérique Constant, non contente d’offrir un garde-temps féminin, propose une « Parure Femme Double Heart ». Composée d’une montre Lady Automatic Double Heart Beat, d’un collier, d’un bracelet et de boucles d’oreilles, cet ensemble est entièrement en or rose 18 carats serti de diamants blancs. Prix espéré : EUR 12’000-16’000.
Richard Mille, la pièce la plus chère
Au chapitre des montres pour homme, mais toujours dans la catégorie des métiers d’art, Chopard a souhaité perpétuer une ancienne technique de gravure aujourd’hui presque disparue. Appelé « gravure manuelle à filet ou gravure fleurisanne » – du nom du village de Fleurier, qui l’a vu naître et où est implantée la manufacture Chopard –, ce savoir-faire se caractérise par la réalisation de décors en relief, par exemple sur des ponts de mouvements en or. Il a ceci de spécifique qu’il consiste non pas à graver un motif mais plutôt à le sculpter en enlevant la matière autour, à la manière des bas-reliefs. La L.U.C Tourbillon Only Watch 2013 Edition proposée par Chopard se pare ainsi d’un cadran en or 18 carats rhodié, gravé des armoiries de la principauté de Monaco entourées d’une molécule d’ADN – un rappel graphique de la cause qui anime le projet Only Watch. Prix espéré : EUR 120’000-160’000.
Côté technique – voire technologique –, Christophe Claret a choisi un modèle de sa collection X-TREM-1. Évoquant un flipper, cette pièce est dotée d’un tourbillon volant incliné à 30°, monté sur une platine en titane curvexe. Le système d’affichage rétrograde, de part et d’autre du boîtier, met en scène deux tubes de saphir dans lesquels évoluent de petites sphères d’acier évidées, mues par champs magnétiques. Prix espéré : EUR 230’000-300’000.
Enfin, la pièce la plus chère du lot : la Richard Mille Prototype Tourbillon. Aux couleurs de la Jamaïque, cette montre est celle que Yohan Blake arborait aux Jeux olympiques de Londres en 2012, compétition où il remporta trois médailles. Dérivée de la RM 038, sa platine, ses ponts et ses coqs sont en titane grade 5. Le boîtier, quant à lui, est réalisé en magnésium WE 54, un alliage extrêmement robuste et l’un des métaux de construction les plus légers du monde. Après une délicate phase d’usinage, cet alliage a subi un procédé d’oxydation par électroplasma inédit chez Richard Mille, appelé « Miarox® ». Prix du rêve : EUR 450’000-500’000. (FE)