Si l’arc jurassien helvétique, une région allant de Genève à Bâle, fait déjà l’objet d’un recensement touristique en termes de visites des importants sites horlogers en 27 étapes, cette initiative peine à se concrétiser. Et pour cause, les aficionados de la mesure du temps sont généralement livrés à eux-mêmes pour organiser un périple qui, faute de soutien logistique, se résume la plupart du temps en quelques sauts de puce dans les musées, souvent privés, qui veulent bien les accueillir. La Fondation Horlogère, quant à elle, est bien décidée à remédier au problème sur son territoire avec son projet d’une « Route de l’Horlogerie » organisée sur les trois districts du canton : Porrentruy, Delémont et les Franches-Montagnes.
Le chantier de l’année
« A l’heure actuelle, c’est notre grand projet, explique Hélène Fima, responsable historique et expert auprès de la Fondation Horlogère. Une initiative qui a reçu le soutien de la République et Canton du Jura (RCJU) dans le cadre de la Nouvelle Politique Régionale qui s’inscrit dans le cadre de son développement touristique. » Comme l’explique la Fondation Horlogère, « ce projet innovant est ancré sur un savoir-faire industriel important de la région. Il permettra aux touristes et aux amateurs de se déplacer dans les trois districts pour découvrir les différents témoins du travail horloger d’hier et d’aujourd’hui. L’ambition de la Fondation Horlogère est ainsi de valoriser les atouts de la RCJU. Ce produit touristique sera vendu en Suisse et à l’étranger sous la forme de forfaits combinant visites et loisirs ».
Concrètement, la Fondation a déjà contacté 80 prestataires dans les domaines culturels, de loisirs et horlogers qui sont « prêts à jouer le jeu, selon Hélène Fima. A partir de ces prestations, la Fondation Horlogère va élaborer différents forfaits et constituer des « packs » combinant ces différentes activités. Le lancement officiel de la Route de l’Horlogerie aura lieu en octobre 2011. » Pas question toutefois de laisser les intéressés livrés à eux-mêmes. « Ce qui nous distingue du projet Watch Valley, c’est que les touristes sont encadrés, poursuit-elle. L’encadrement comprend notamment des formules à la carte, hébergement compris, pour des séjours plus longs qui visent à faire rester les personnes dans la région. A plus long terme, nous n’excluons d’ailleurs pas d’étendre cette offre au-delà de la RCJU vers les nombreux sites horlogers de l’Arc jurassien. »
Projet Emosphère
Crée en 2001, la Fondation Horlogère est restée une organisation « confidentielle » pendant plusieurs années, fonctionnant grâce à l’appui des bénévoles. C’est le projet Epmosphère (2006) qui lui a donné des ailes pour lequel la Fondation s’est chargée de toutes les facettes administratives, promotionnelles et financières. En d’autres termes, la restauration d’une horloge à sphère mouvante héliocentrique provenant du Musée Kunstkamera de Saint-Pétersbourg, musée des collections privées de Pierre le Grand, qui a permis de mettre en valeur le savoir-faire jurassien dans le domaine horloger. Deux ans de labeur, 5’000 heures de travail confié à l’Ecole d’horlogerie et de microtechnique de Porrentruy et au Lycée technique Edgard Faure de Morteau (France) pour redonner vie à la « vielle dame », au repos depuis deux siècles, qui a vu défiler 3’000 visiteurs avant de repartir en Russie.
Depuis, la Fondation ne s’est pas reposée sur ses lauriers. Instigatrice du Salon des métiers d’Arts de l’Horlogerie et de la Bijouterie, elle a également œuvré au recensement de tous les métiers horlogers du canton, une base de données de 9’000 entrées répertoriant toutes les entreprises et indépendants liés à cette activité, soit d’autrefois soit toujours en activité. Signe des temps, avec Hélène Fima, employée à plein temps qui, après l’Ecole du Louvre à Paris, s’est spécialisée dans l’horlogerie ancienne, notamment auprès d’Osvaldo Patrizzi, la Fondation Horlogère s’est donné les moyens de faire vivre un patrimoine intimement lié à l’histoire de la région.