Alfredo Paramico : Nous ne considérons que les pièces rares, en excellente condition et de haute qualité. Telle est la stratégie que nous avons appliquée dès le début, comme le démontrent nos deux récentes acquisitions lors de la dernière vente Antiquorum, à savoir une Patek Philippe réf. 3445 en or blanc et une Rolex réf. 1587 « Jump-Hour, Prince Railway ». Pour obtenir ces pièces, nous sommes d’ailleurs prêts à payer une prime pour la qualité. À l’heure actuelle, le marché n’est pas réceptif pour les montres de condition moyenne. C’est pourquoi nos achats se font notamment auprès de collectionneurs privés qui, pour la plupart, me sont connus personnellement, tout comme leurs collections. Entrent également en ligne de compte les revendeurs privés et les enchères, cette dernière solution offrant toutefois le désavantage de comporter des commissions.
Nous sommes à EUR 16 millions, ce qui veut dire grosso modo que le fonds enregistre de nouveaux investissements à hauteur d’un million par mois. Quant aux manufactures qui nous intéressent, il s’agit de Patek Philippe, Rolex, Audemars Piguet, Breguet, Omega, Longines et Cartier. Toujours selon la stratégie retenue, le fonds est constitué à 95 % de pièces vintage, car les garde-temps contemporains n’ont actuellement pas de valeur particulière sur le marché. Seules exceptions : des montres Patek Philippe produites en série limitée, qui constituent donc les 5 % restants et dont la rareté est gage de plus-value. Aujourd’hui, le portefeuille est constitué de 470 pièces qui respectent un bon équilibre, portefeuille suffisamment liquide pour nous permettre de vendre rapidement en cas de sortie du fonds des investisseurs. L’an dernier, par exemple, nous avons revendu environ 10 % du portefeuille, soit 40 montres qui sont toutes parties pour un prix supérieur à leur évaluation. Une bonne opération, somme toute. Je précise également que les garde-temps ne font partie de la collection du fonds qu’après avoir été expertisés par une tierce partie qui inspecte la boîte, le cadran et le mouvement. Ils partent ensuite par courrier au port-franc de Genève, une localisation choisie notamment en raison de l’absence de TVA.
Il s’agit d’une pondération de trois facteurs. Le premier tient compte de l’historique des références en portefeuille sur le marché des ventes aux enchères. Le deuxième regarde le niveau mondial actuel des échanges effectués sur les montres d’époque. Quant au troisième, il s’agit de comparer la qualité de notre portefeuille avec ce que l’on observe sur le marché. On obtient ainsi la valeur nette d’inventaire, jusqu’ici publiée trimestriellement et mensuellement dès ce mois de juin. Je tiens à préciser que cette évaluation est également réalisée en externe par un spécialiste indépendant, en l’occurrence par Romain Rea, expert horloger de réputation internationale qui dispose de son propre espace de vente de montres vintage à Paris, par ailleurs conseiller pour Artcurial et pour le département Patrimoine de Vacheron Constantin. En ce qui concerne les rendements, nous sommes très contents des résultats obtenus jusqu’ici. Il est vrai qu’au lancement du fonds nous visions une performance nette assez ambitieuse de 15 %. Mais nous n’en sommes pas très loin. L’an dernier, nous avons réalisé 12 %. Cela s’explique par le fait que, comme je le disais tout à l’heure, nous avons voulu constituer un portefeuille très liquide et par là même abandonner un peu de performance.
On peut rationnellement aller jusqu’à EUR 100 millions. Et si nous commençons à toucher aux pièces plus importantes comme les deux très belles Breguet vendues en mai par Christie’s pour un montant total de EUR 5,7 millions, nous pouvons très bien considérer une fortune de EUR 200 millions. Il y a de la place sur le marché.