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Quels contrôles pour quelle qualité ?
Economie

Quels contrôles pour quelle qualité ?

vendredi, 19 décembre 2008
Par Eric Othenin-Girard
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Eric Othenin-Girard

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4 min de lecture
Q

En criminologie, quand, malgré un travail de fond important et après avoir entendu tous les acteurs et les témoins d’un drame, les enquêteurs n’arrivent pas à déterminer ce qui s’est réellement passé et désigner celui ou celle qui en porte la responsabilité on appelle cela un « crime parfait ».

En horlogerie, quand, après des dizaines de téléphones, des rendez-vous qui se tiennent dans le secret d’un bureau directorial ou présidentiel, quand, après des questions posées à des fournisseurs ou à des clients, il est impossible d’expliquer comment les contrôles se font, pas plus qu’il n’est possible de savoir s’ils se font réellement, on appelle cela une impossible enquête. Alors, faute de témoignages, il faut faire une synthèse de tout ce que l’on a entendu. Car s’ils ne sont guère enthousiastes à s’expliquer publiquement, les horlogers n’en restent pas moins fort bavards du moment qu’ils s’expriment « off the records ».

Un saupoudrage insatisfaisant

Visiter les maisons d’horlogerie, c’est un peu comme faire une halte le long du « Mur des lamentations ». Tout le monde se plaint qu’il ne peut obtenir ni mouvements, ni boîtes, ni cadrans, ni index, ni aiguilles, ni bracelets dans des délais raisonnables. Cet engorgement a donc une conséquence économique lourde. Des pièces produites et pratiquement terminées attendent quelquefois presque une année pour recevoir leur cadran, pour prendre un exemple. C’est ainsi que certaines marques ont des armoires entières de produits que les marchés attendent avec impatience, mais qu’ils ne peuvent livrer car une montre sans cadran ou sans boîte…

Non seulement ces retards fâchent le marché, mais ils coûtent cher en financement des stocks et pertes de chiffre d’affaires. Quand ce genre de situation s’accumule, cela finit par provoquer de graves problèmes économiques. Les marques cherchent donc à tout prix à combler les retards en question, ne serait-ce que pour honorer leurs charges. Pour cela, elles font pression sur les fournisseurs.

Qui trop embrasse, mal étreint.

Ceux-ci, qui sont généralement les premières victimes des ralentissements conjoncturels en voyant leur carnet de commandes se rétrécir comme peau de chagrin, profitent donc de constituer des réserves lorsque la situation est bonne. Et le meilleur moyen, c’est bien sûr de beaucoup travailler. Toutefois dit le proverbe : « qui trop embrasse, mal étreint ». Et c’est exactement ce qui se passe. Nombre de fournisseurs de composants, dans tous les métiers, ont accepté trop de commandes. Les retards s’allongent donc et les pressions s’accentuent. Mais comme ils veulent faire plaisir à tous leurs clients, ces fournisseurs livrent quelques pièces ici, d’autres là. Bref c’est une sorte de saupoudrage qui ne satisfait personne.

Défauts de qualité

De plus, jongler d’une série à l’autre pose des problèmes d’organisation et de réglage des machines. C’est ainsi que naissent les problèmes techniques. Le constat est clair : les pièces reçues par de nombreuses marques sont qualitativement déficientes. Pas toutes bien entendu, mais certaines. Et ce sont précisément les contrôles effectués chez les clients qui permettent de mettre le doigt sur ces défauts de construction ou d’exécution. Généralement, dans ces situations, la marchandise est retournée au fournisseur qui remet l’ouvrage sur le métier. Mais, aujourd’hui, procéder de la sorte équivaut à rallonger les retards.

Certains acteurs tentent donc de corriger les défauts eux-mêmes quand ils en ont la possibilité. D’autres sont obligés de renvoyer les pièces, la mort dans l’âme. Quelques entreprises, enfin, lorsqu’elles jugent que le défaut n’est pas vital, « laissent tout simplement couler ». « En temps normal, cela ne se passerait pas ainsi, précisent quelques patrons horlogers, mais il y a de tels impératifs économiques à la clé que nous n’avons pratiquement pas le choix. Alors dans ces conditions que voulez-vous que nous vous disions à propos des contrôles… » Avec le ralentissement des commandes qu’enregistrent les Maisons depuis septembre, la situation devrait toutefois connaître une phase de régularisation bienvenue en termes de contrôle qualité.

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