Pas vraiment. Parce qu’il y a un côté pratique dans ma vie. Je suis maman. Je ne m’habille pas tous les jours comme aujourd’hui. Il y a des occasions, des événements comme celui-ci qui s’y prêtent. Cela dit, je comprends que l’on m’associe à la mode. Personnellement, je ne me vois pas ainsi, mais je dois bien reconnaître que, parfois, il n’y a plus de frontière entre mon personnage, Carrie, et moi-même. En ces moments-là, j’analyse les attentes des fans par rapport à ce que je porte. C’est là où je me sens privilégiée, car j’ai accès aux grandes marques qui me mettent à disposition des robes magnifiques à porter en public. Mais ma vie ne fonctionne pas comme celle de Carrie.
Six cents ? (rires) Vous plaisantez ! Je ne sais pas si j’arrive à 100 !
Détrompez-vous, ma penderie est minuscule. La taille de deux cabinets de toilette. Et encore… Mais c’est vrai, j’ai beau être organisée, je croule sous les fringues. Étant donné que je garde tout, j’ai dû louer récemment une sorte de mini-entrepôt dans mon immeuble. J’y stocke les manteaux, les chaussures et les accessoires que j’ai récupérés depuis des années sur les plateaux.
Là aussi, il faut revoir les choses à la baisse ! (rires) Déjà, une petite précision : lorsqu’on aime les montres, on ne les nomme pas ainsi. On parle de « garde-temps », une plus belle appellation. En y repensant, cela fait des années que je ne me suis pas acheté une montre ou que l’on ne m’en a pas offert une.
Il y a une montre qui compte beaucoup à mes yeux. Elle tient une place à part dans mon cœur, car c’est la première que j’ai reçue.
J’avais 8 ans. Un magasin de Cincinnati, qui s’appelait Shilleto’s, me l’avait offerte. Ma sœur avait reçu la même. C’est une Timex toute carrée et toute dorée qui était présentée dans une boîte blanche avec un couvercle en faux plaqué or. La montre devait coûter 10 dollars à tout casser !
Après toutes ces années, je l’ai gardée telle quelle. Je n’ai jamais changé le bracelet, par exemple, qui, contre toute attente, ferme encore !
Je suis très attachée à cette montre, car elle me rappelle une époque révolue. À ce jour, elle reste la pièce maîtresse de mon coffre à bijoux. Je l’aime tellement que je ne la sors qu’à de rares occasions ! Pensez donc, j’ai peur de l’abîmer ou de voir le métal se ternir. Il est vrai que, pendant un temps, j’ai été une grande amoureuse des montres de luxe. Malheureusement, les téléphones ont débarqué dans nos vies et, personnellement, mon premier réflexe pour avoir l’heure, c’est de consulter mon BlackBerry.
Si une belle montre vous tape dans l’œil dans une vitrine et que vous en avez les moyens, pourquoi résister ?
Non parce que j’ai toujours eu une notion très précise de l’argent. J’ai grandi dans une famille pauvre de huit enfants. Je sais ce que signifie le mot « privation ». Je revois ma mère nous dire : « Désolée, il n’y aura pas de cadeaux à Noël cette année ou pas d’anniversaires. » On avait beau lui assurer qu’on comprenait, dans notre for intérieur, nous étions frustrés, déçus. Surtout lorsque nous étions adolescents, un âge où l’on aime bien dépenser de l’argent dans les boutiques. À 14 ou 15 ans, c’est dur de voir toutes ses copines se trémousser en Jeans Sasson flambant neufs alors que vous, vous portez encore les jupes écossaises élimées qui appartenaient à vos sœurs aînées. Mais bon, avec le recul, j’ai compris une chose importante : quand vous venez d’une famille modeste, le fait de ne pas être « corrompue » par des pulsions bassement matérialistes vous permet de vous focaliser sur l’essentiel. D’un autre côté, il faut aussi savoir se faire plaisir. Si une belle montre vous tape dans l’œil dans une vitrine et que vous en avez les moyens, pourquoi résister ? Vous savez, la frustration, c’est très mauvais pour la santé !