La création de richesse ralentit
À l’instar de son économie, la Chine ne connaît plus une création de richesse aussi fulgurante qu’il y a peu. En 2012, selon une étude du GroupM Knowledge et de l’institut Hurun, le nombre de millionnaires, soit des personnes disposant d’un revenu annuel de plus de 10 millions de yuans (USD 1,63 million), n’a ainsi progressé que de 3 % à 1,05 million. « La croissance de cette population, la plus faible en cinq ans, a décéléré pour la seconde fois consécutive », constatent les auteurs de l’étude. Et de préciser qu’en Chine une personne sur 1’300 est millionnaire.
Même constat en ce qui concerne les « super-riches », dont les rentrées dépassent les USD 16 millions par an. Leur nombre n’a crû que de 2 % l’an dernier pour atteindre 64’500 personnes. Encore une fois, les spécialistes mettent cette « contre-performance » sur le compte du ralentissement économique chinois.
Explosion du commerce en ligne
En parallèle à ces chiffres en demi-teinte, d’autres enquêtes montrent une réalité bien plus optimiste pour les années à venir. Ainsi, selon le Boston Consulting Group (BCG), la classe chinoise aisée devrait plus que doubler d’ici à 2020 et assurer 75 % de la croissance des achats de produits de luxe dans le pays. Entre 2010 et 2020, cette population aisée, à mi-chemin entre la « middle class » et les super-riches, va ainsi passer de 6 % à 21 % dans la démographie chinoise pour représenter quelque 280 millions de personnes. À la lumière de ces projections, le Céleste Empire devrait d’ici peu s’imposer clairement comme le premier marché mondial du luxe, représentant à elle seule 23 % des dépenses mondiales.
Les ventes sur Internet ne sont pas en reste. Selon un rapport de China Business Solutions, le marché de l’e-luxe en Chine est en pleine explosion. En 2012, il a ainsi enregistré une croissance de 71 % pour atteindre 18,9 milliards de yuans (EUR 2,3 milliards). À l’horizon 2015, le bureau d’études estime même qu’il devrait peser plus de 45,3 milliards de yuans (EUR 5,5 milliards). Dans cet ordre d’idées, la croissance est attendue à hauteur de 43 % cette année et de 24 % en 2014. D’après ce même rapport, les marques de luxe ne doivent donc plus hésiter à entrer sur ce marché. Un pas que toutes ne sont toutefois pas encore prêtes à franchir. Parmi les appréhensions le plus fréquemment citées figure la perte potentielle d’image, notamment en raison des innombrables contrefaçons qui circulent sur Internet, à même de léser un client en quête d’un produit original.
2013, année de transition
Et l’horlogerie, dans tout cela ? Entre janvier et juillet 2013, les exportations de montres suisses vers la Chine ont reculé de 17,5 %, notamment en raison de la campagne menée par le nouveau gouvernement visant à interdire les cadeaux extravagants et onéreux dans la vie politique. Il semble toutefois que les premiers signes d’une amélioration, certes encore timides, se manifestent. « Une reprise se fait déjà sentir à Hong Kong », explique Antonio Calce, CEO de Corum, qui n’en voit pas moins l’année 2013 comme une phase de transition pour l’horlogerie helvétique dans cette zone.
Nick Hayek, patron de Swatch Group, a pour sa part fait savoir que les ventes en Chine s’étaient redressées en juin et qu’elles avaient commencé sur une note positive en juillet. Là également, les chiffres montrent une certaine hétérogénéité. Pour l’ensemble de l’industrie, les exportations vers la Chine se sont en effet inscrites en recul de 9,7 % en juillet. À l’inverse, il semble que le creux de la vague à Hong Kong soit passé, synonyme d’un recul limité à 0,9 % sur ce même mois. Pour Nick Hayek, grâce à une accélération des activités sur les six derniers mois de l’année, la branche est certainement en mesure de réaliser une croissance de ses exportations comprise entre 5 et 10 % sur l’ensemble de l’exercice toutes zones confondues.