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Tank de Cartier : un siècle d’histoire (II)

Tank de Cartier : un siècle d’histoire (II)

vendredi, 1 septembre 2017
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Ce n’est peut-être pas la toute première montre-bracelet de l’histoire horlogère, mais c’est probablement celle qui a traversé les âges avec un allant et une grâce qui en font une pièce d’exception, miroir de son temps et de la Maison qui l’a vu naître. La Tank de Cartier a 100 ans !

Si la Tank est née à Paris, elle n’en va pas moins servir de fil conducteur à l’expansion de la Maison. Étant donné son succès à l’international, les frères Cartier ont en effet très vite senti le besoin de se rapprocher de leur clientèle. Un premier magasin est ainsi ouvert à New York en 1909 avec, à sa tête, Pierre Cartier, frère de Louis et de trois ans son cadet. Lui qui avait longtemps rêvé d’une carrière d’ambassadeur va rapidement séduire une large clientèle sur le nouveau continent, d’autant que, par son mariage avec Elma Rumsey, fille d’un industriel de Saint-Louis associé à l’homme d’affaires et magnat des chemins de fer John Pierpont Morgan, il est largement introduit dans la « bonne société » américaine. En une décennie, la boutique Cartier New York connaît une telle ascension que Cartier Inc. est créé avec pour vocation de couvrir l’ensemble du pays. Edmond Jaeger suit le mouvement et ouvre à son tour une petite agence dans cette cité en train de supplanter Londres comme premier centre financier mondial. Pour Cartier, tous les ingrédients sont réunis pour faire des États-Unis une terre de conquête. Et celle-ci passe naturellement par l’horlogerie et donc par la Tank. Des ateliers new-yorkais de la Maison dédiés à la conception et à l’assemblage des boîtiers vont ainsi sortir toute une série de variantes de la Tank, à tel point qu’en termes de créativité New York semble rapidement supplanter Paris.

Cartier
Louis et Jacques Cartier, Jean-Marie del Moral © Cartier
Michelle Obama aussi

Car le public en raffole. Grâce à ses lignes à la géométrie implacable, mais grâce également à cette touche de séduction « à la française », la Tank s’introduit dans les milieux les plus influents. Celui des affaires évidemment, pour devenir par exemple la montre préférée de l’éditeur William Hearst ou de la milliardaire Barbara Hutton mais également celui des arts et de la culture. Avec l’avènement du cinéma parlant, depuis la sortie de Jazz Singer en 1927, la Tank tient la vedette, au poignet notamment de Gary Cooper, Clark Gable, Elizabeth Taylor ou Henry Fonda. Et si le cinéma américain impose progressivement sa suprématie mondiale, le jazz en fait tout autant sur des airs de Cole Porter ou Duke Ellington, autres grands amateurs de la Tank. Inutile de vouloir dresser une liste exhaustive de toutes les personnalités américaines conquises par cette montre. De Mohamed Ali à Andy Warhol, de Truman Capote à Jackie Kennedy, tous font partie de l’hagiographie de la Tank. Jusqu’à Michelle Obama, dans une page d’histoire plus récente, que l’on voit sur son portrait officiel de 2009 avec une Tank Française au poignet.

Cartier
Auto portrait Polaroïd d'Andy Warhol portant sa montre Tank, env. 1970 © Cartier

Ce qui avait si bien réussi en terre américaine allait également se produire à Londres, une ville où Cartier avait un de ses plus fervents admirateurs en la personne d’Édouard VII, monté sur le trône en 1902, qui va faire de Cartier son fournisseur officiel. Avec un tel « adoubement », l’implantation londonienne de la Maison, confiée à Jacques, le dernier des trois frères, dès 1906, ne pouvait démarrer sous de meilleurs auspices. La Tank va tout naturellement profiter de ce succès avec ses adeptes au sein de la famille royale mais également auprès de la noblesse des colonies anglaises, maharaja en tête comme ceux de Jamnagar ou du Cachemire. Mais contrairement à Cartier New York, qui avait très rapidement affirmé son indépendance de style en matière horlogère, Cartier Londres ne fera de même qu’à partir des années 1950, avec le changement de génération à la tête de la Maison. À la suite du décès de Louis et Jacques Cartier en 1941, c’est Jean-Jacques qui prend le chemin de Londres à la fin du second conflit mondial pour succéder à son père. Il fera de la Tank son terrain d’expression pour bientôt la rebaptiser JJC, d’après les initiales de son nom. Nombre de modèles, pour certains des plus débridés comme la JJC Wide, qui annonce déjà la Tank Divan de 2002, viennent renouveler les lignes de cette montre déjà mythique qui continue d’attirer des clients prestigieux durant cette période d’après-guerre. Grands noms de l’aristocratie, célébrités du spectacle, vedettes de cinéma, gens de culture, politiciens de haut rang, tous y succombent.

Tank Must de Cartier
Tank Must de Cartier
Une trilogie en guise d’apothéose

Mais comme dans la Rome antique, il faudra un second triumvirat pour donner un nouveau souffle à la Maison Cartier, dont l’entité américaine avait été vendue en 1962 et qui traversait une forte crise d’identité sur ses terres d’origine. En 1974, Cartier Paris est ainsi racheté, puis Cartier Londres, encore aux mains de la famille en 1974, et Cartier New York deux ans plus tard. Derrière cette prise de contrôle : le stratège Robert Hocq, le financier Joseph Kanoui et l’homme d’action Alain-Dominique Perrin. Ensemble, ils vont orchestrer le retour de Cartier sur le devant de la scène grâce au concept des Must donnant un « coup de jeune » à la Maison. Quid de la Tank ? Toujours considérée comme l’une des montres emblématiques de la Maison, elle subit quelques petites retouches mais continue d’affirmer son esthétique intemporelle via les modèles qui ont fait son succès. Elle n’en garde pas moins son aura d’objet précieux et ce, jusqu’à ce que la crise du quartz modifie considérablement la donne. Cartier introduit alors ses Tank Must, synonymes de succès planétaire.

Cartier
Tank Française, Cartier

L’histoire récente de la Tank est intimement liée au processus d’industrialisation de la Maison et de verticalisation de ses capacités de production, sous la conduite de la Compagnie financière Richemont, au sein de laquelle Cartier est consolidé depuis 1988. Au fil des ans, la Maison s’est en effet dotée des outils nécessaires pour revendiquer pleinement le statut de manufacture capable de concevoir et fabriquer ses montres et tous leurs composants, sans oublier l’intégration des métiers d’art, élément essentiel de la Haute Horlogerie. La ligne Tank va donc progressivement s’enrichir d’une Tank Américaine (1989), d’une Tank Française (1996) et bientôt d’une Tank Anglaise (2012), autant de modèles qui seront équipés de mouvements maison à mesure que Cartier en maîtrise la production, l’année 2008 marquant l’apparition du tout premier calibre Cartier, le 9452MC. Avec cette trilogie, représentative des implantations historiques de Cartier, la Maison ne pouvait faire plus bel hommage à une montre qui a scellé son destin.

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