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SIHH

Time Aeon, la fondation qui lutte pour la sauvegarde des savoirs horlogers

mercredi, 9 janvier 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Les projets « Naissance d’une montre » se succèdent avec un objectif commun : pérenniser la tradition horlogère dans ce qu’elle a de plus noble : le « fait-main ». Au SIHH, il sera donc question du chapitre II avec la présentation du prototype fonctionnel coréalisé par l’atelier Oscillon et Time Aeon et du chapitre III, pour lequel le coprésident de Chopard Karl-Friedrich Scheufele a répondu présent. Rendez-vous au SIHH sur le stand Time Aeon, dont les projets seront également détaillés à l’Auditorium le 15 janvier à 14 h 30.

À force d’en parler, peut-être que le message finira par passer. C’est avec cette maxime chevillée au corps que la Fondation Time Aeon milite sans relâche pour la transmission des savoir-faire horlogers. Une thématique d’autant plus actuelle qu’à l’instar de l’extinction des espèces la tradition horlogère perd de sa substance année après année, à mesure que les machines remplacent l’intervention humaine. Un signe qui ne trompe pas : rares sont aujourd’hui les instituts de formation qui imposent encore à leurs étudiants la réalisation d’une montre école. Ce qui était considéré comme un passage obligé dans l’apprentissage du métier d’horloger-rhabilleur est devenu superflu, non seulement parce que les Maisons prêtes à engager ces jeunes ne semblent plus avoir besoin de compétences aussi « désuètes » mais également – et c’est plus grave – parce que les enseignants ne les maîtrisent plus. En d’autres termes, la main de l’homme est remplacée par la commande numérique, le travail de l’artisan par des usinages de plus en plus sophistiqués et la montre par un artefact industriel qui donne l’heure.

On ne saurait certes oublier que l’horlogerie est une industrie et que, précisément, elle a besoin de volumes de production pour exister. En conséquence, il est essentiel que les écoles d’horlogerie, comme les hautes écoles d’ingénieurs et polytechniques forment les jeunes générations aux technologies de demain. Mais il est tout aussi important de se rappeler d’où l’on vient et que l’horlogerie a une âme forgée dans un corpus qui, faute d’être entretenu, risque bien de disparaître. C’est exactement la tâche que s’est fixée la Fondation Time Aeon, créée il y a une douzaine d’années par Robert Greubel, Stephen Forsey, Philippe Dufour, Vianney Halter et Kari Voutilainen. Le constat de base est clair : « Avec l’automatisation des processus de fabrication, un grand nombre de savoir-faire manuels et de techniques ancestrales disparaissent peu à peu. La culture horlogère s’érode de jour en jour. » Dans ces conditions, pas question d’assister au naufrage du Titanic, il s’agit bien plutôt de renflouer le navire. Une opération d’envergure qui a commencé à prendre des contours nettement plus précis dès 2007.

Des machines et des hommes

Nom de code : Naissance d’une montre – Le Garde-Temps. Sous cette appellation, Time Aeon a en effet concrétisé des mois de réflexion avec un projet extrêmement précis. « L’inventaire des savoirs, techniques et gestes ancestraux incombera à une personne soigneusement choisie, laquelle devra réaliser un garde-temps à complication à la main. Ensuite, il s’agira de transmettre les savoir-faire acquis à de jeunes horlogers. » Désormais connue comme le premier chapitre de l’aventure, conduit par Philippe Dufour et le tandem Greubel Forsey, cette première « Naissance » aura finalement connu une gestation lente, soit sept ans entre le choix de l’horloger Michel Boulanger pour mener à bien ce grand œuvre et la vente, en 2016, du prototype chez Christie’s Hong Kong pour près de 1,5 million de dollars. Autant dire un triomphe, prélude à la réalisation d’une série de 11 pièces, aujourd’hui toutes vendues, et à la réintégration de Michel Boulanger à son poste d’enseignant, question de rester fidèle au fil rouge du processus devant mener à une transmission plus large des connaissances acquises.

Gestation lente pour la Naissance d’une montre, chapitre I

Place désormais à la deuxième Naissance, qui, cette fois, met en scène Dominique Buser et Cyrano Devanthey, deux jeunes horlogers de talent, toujours secondés par Time Aeon sous la férule du tandem Greubel Forsey, secondé pour l’occasion par celui d’Urwerk, à savoir ses deux cofondateurs, Felix Baumgartner et Martin Frei. « Nous restons dans la même philosophie du “fait-main” et de la transmission, explique David Bernard, de Time Aeon. À deux exceptions près. Ce deuxième chapitre n’est pas une série limitée mais une pièce unique, une montre à trois aiguilles avec un mouvement inversé qui se caractérise par un barillet à force constante et un grand balancier atypique à quatre bras, visible côté cadran, alors que la réserve de marche est au dos. Seconde différence, le projet a d’abord et avant tout été suscité par la passion des deux horlogers pour les anciennes machines d’horlogerie, celles que les ateliers vendaient au kilo pour s’en débarrasser en pleine crise du quartz. Après les avoir dénichées puis restaurées et après avoir appris à les manipuler correctement en s’informant auprès de leurs pairs des générations précédentes, ils se sont dit qu’elles pouvaient tout aussi bien servir à réaliser des montres à l’ancienne, entièrement faites main. »

D’Oscillon à Ferdinand Berthoud

Cette démarche a pris le nom d’Oscillon, une manufacture où Dominique Buser et Cyrano Devanthey « créent des montres suisses comme il y a cent ans ». Autant dire que l’idée avait tout pour plaire à Time Aeon, d’autant plus que les deux horlogers en question sont loin d’être des inconnus, leur atelier servant de centre de R&D pour Urwerk depuis plusieurs années déjà. Tous deux diplômés de l’École d’horlogerie de Soleure, ils ont en effet un riche passé derrière eux, Dominique Buser, également physicien, chez Vacheron Constantin puis chez Urwerk, à l’œuvre dès 2003 sur l’Opus V de Harry Winston, Cyrano Devanthey chez Les Ambassadeurs puis Omega pendant une dizaine d’années. Il faudra attendre 2009 pour que les deux amis se retrouvent et 2012 pour que germe l’idée d’Oscillon. Cette année, au SIHH, ils présenteront le prototype de cette Naissance d’une montre II, une cocréation à six, pourrait-on dire, en sachant que là également la transmission des savoirs fait partie du concept, Dominique Buser et Cyrano Devanthey étant, eux aussi, professeurs d’horlogerie à l’école de Granges.

Oscillon, une manufacture où nous créons des montres suisses comme il y a cent ans.

Le chapitre II étant sur les rails, le troisième ne s’est pas fait attendre. Cette fois, l’inspiration est venue de Karl-Friedrich Scheufele, le coprésident de Chopard à la base de la deuxième vie de Ferdinand Berthoud. « Les premiers contacts ont eu lieu au cours de l’année 2017, poursuit David Bernard. M. Scheufele s’est en effet montré très intéressé par les objectifs poursuivis par la Fondation, mais il nous a très vite laissé entendre qu’il ne pouvait pas concentrer cette aventure sur une seule personne. Il désirait une participation à tous les niveaux. » De ces premières discussions est venue l’idée d’impliquer Ferdinand Berthoud pour cette troisième Naissance, un projet qui réunira une personne représentative de chaque département concerné par la création d’une nouvelle pièce d’exception, symbole de ces savoirs autrefois naturels mais qu’il faut aujourd’hui réapprendre.

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