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« Toutes mes montres doivent être réparables »
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« Toutes mes montres doivent être réparables »

vendredi, 19 décembre 2008
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

A parler mouvements horlogers, autant s’adresser aux spécialistes de la branche qui se distinguent par leurs créations aussi originales qu’abouties. Antoine Preziuso, dont l’atelier se trouve à une encablure des manufactures de Plan-les-Ouates, nous livre ses impressions sur le sujet.

En matière de mouvements horlogers quels principes respectez-vous ?

Antoine Preziuso : A mes yeux le plus important pour une montre est qu’elle traverse les générations. Tous mes garde-temps doivent ainsi être réparables en tout temps. C’est pourquoi les mouvements doivent être d’une très bonne fiabilité, toujours fabriqués actuellement et pour lesquels les fournitures doivent être disponibles pour encore des années, même si on doit les trouver dans d’autres montres. Si je prends exemple de mon fils, qui a hérité d’une montre Omega de son grand-père, lorsqu’il a voulu la réparer, il a pu trouver les pièces nécessaires directement auprès d’Omega. C’est exactement ce type de choses qui fait battre le cœur des horlogers et redonne vie à un produit avec toutes ses composantes affectives. Tel est mon premier message. Maintenant, je sais, on pourra toujours trouver la démarche critiquable dans la mesure où nous intégrons dans nos montres des mouvements beaucoup utilisés dans la profession et bon marché. Mais c’est oublier que dans notre atelier, nous les retravaillons entièrement et nous les décorons pour faire de ces calibres de base des mouvements haut de gamme. A tel point que les connaisseurs, parfois, ne les reconnaissent même pas. A noter que chacun de nos mouvements est pris en charge par un seul horloger qui effectue l’ensemble des tâches destinées à les mettre en valeur.

Est-ce que cela demande un gros travail ?

Effectivement, dans la mesure où il faut tout démonter, stocker les pièces, laver celles où l’huile a coulé, faire les découpes nécessaires là où l’on adjoint des modèles additionnels comme une phase de lune ou un deuxième fuseau horaire, pour ensuite rerodier les composants, les terminer en termes de décoration, anglage, perlage, Côtes de Genève, pour ensuite remonter le tout et apporter tout le soin nécessaire au réglage. Et cela, pour toutes les pièces Antoine Preziuso qui sont en quelque sorte personnalisées. C’est pourquoi, actuellement, nous réfléchissons à épurer nos collections du tout premier entrée de gamme, des garde-temps au prix public compris entre 7’000 et 8’000 francs, dans le but de nous démarquer des « faiseurs » de montres.

Qu’en est-il des grandes complications ?

Pour les modèles de haute voltige comme les tourbillons, nous travaillons avec des ébauches qui nous viennent du Jura en séries très limitées. Là également, nous procédons de la même manière. On démonte, on décore les composants pour ensuite les remonter et effectuer la mise au point. On parle là du travail d’un mois pour un horloger sur une seule pièce car nous allons très loin dans le détail et la finition. On peut presque parler de pièces uniques à chaque fois, des pièces de collection qui vont traverser les générations et vont certainement moins subir l’usure du temps car leur propriétaire en prennent grand soin. Pour ces montres également, nous construisons des modules additionnels, comme une heure sautante par exemple, mais toujours dans un souci d’harmonie avec le mouvement de base pour en faire de petits « chefs d’œuvres ».

A partir de quel degré d’intervention, parlez-vous de calibres Antoine Preziuso ?

A partir du moment où je démonte et refait tout, je pourrais effectivement revendiquer ces mouvements et y mettre une référence AP. Dans la plupart des cas, je préfère toutefois parler de calibres de base suisses de qualité. Je pourrais également associer le fabriquant du mouvement de base, comme ETA par exemple, et y adjoindre mon nom pour souligner une forme de collaboration. ETA n’y serait certainement pas opposé dans la mesure où il peut constater que cela donne naissance à des pièces de qualité. Pour l’instant, je m’en tiens toutefois à cette pratique.

Pensez-vous produire un jour votre propre mouvement ?

Evidemment que j’en rêve mais cela demande de tels investissements en termes d’outil industriel et d’expérience pour le maîtrise que cela reste pour l’instant hors de portée. De plus, je n’ai pas envie que mes clients servent de fusibles pour des premières séries qui ne seraient pas complètement au point. Ce qui s’est déjà beaucoup vu dans la profession. Je préfère fiabiliser les personnes sensibles à mes produits sur le long terme. C’est pourquoi je continue d’acheter des mouvements qui fonctionnent et qui ont fait leurs preuves pour les retravailler. Cela dit, je ne rechigne pas de prendre des commandes pour des pièces uniques où je réalise l’entier de la montre, comme je l’ai déjà fait par le passé. J’ai également déjà travaillé avec une ou deux grandes marques pour des pièces exceptionnelles réalisées sur la base d’ébauches pour montres de poche.

Avez-vous déjà rencontré des problèmes d’approvisionnement ?

Non, car je n’ai pas pour volonté d’augmenter ma production qui tourne autour de mille pièces par années. La tendance, comme je l’ai dit tout à l’heure, est plutôt d’orienter mes montres vers le très haut de gamme. En d’autres termes moins de montres mais d’une valeur plus importante sur les marchés pour une clientèle très ciblée. Cela ne me crée donc aucun problème d’approvisionnement.

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