Elles sont partout et sont effectivement destinées à aller partout. Montres tout-terrain, modèles passe-partout, pièces de résistance, garde-temps à toute épreuve. L’esprit sportif a envahi la planète horlogère. Comme si la lecture de l’heure ne pouvait se considérer autrement que dans des conditions extrêmes. Le phénomène ne date certes pas d’hier. Après le renouveau de la montre-instrument, largement souligné par cette vague vintage qui a déferlé ces dernières années, les montres « sport chic » se sont d’abord imposées comme une alternative de bon goût.
Qui sait arborer une plongeuse en or à son poignet n’a certainement pas besoin de bouteilles dans le dos pour démontrer ses capacités à chatouiller les raies manta dans leur habitat naturel. Question de bon sens ! Il n’en reste pas moins que la clientèle qui forme les nouvelles cohortes d’amateurs horlogers fait preuve elle aussi de bon sens. Et celui-ci la guide vers des montres dont le côté pratique et fonctionnel l’emporte, non sans style et avec un certain panache.
On ne compte plus les Maisons horlogères qui se sont prêtées à l’exercice à Watches and Wonders Geneva. Qu’elle soit de style pilote, comme la nouvelle Big Pilot 43 mm d’IWC, de plongée comme la Street Diver de Louis Vuitton ou d’observation comme la Geosphere de Montblanc réalisée en l’honneur du célèbre alpiniste et explorateur Reinhold Messner, les montres robustes et fiables, taillées pour l’aventure quotidienne font florès.
Nombre de nouvelles créations se sont ainsi engouffrées dans cette brèche où l’esprit sportif se traduit par des modèles urbains, aux lignes tendues, capables d’endurer les aléas d’une vie active sans broncher, à l’instar de la Riviera, une pièce des années 1970 ressuscitée par Baume & Mercier, de la Pioneer Centre Seconds Mega Cool de H. Moser & Cie ou encore de la H08 d’Hermès. Et c’est encore sans parler des célébrités de ce segment de marché propulsées sur le devant de la scène après une cure de jouvence. On pense ici à l’Aquaracer de TAG Heuer, à l’Oyster Perpetual Explorer de Rolex ou encore à la Nautilus réf. 5711 de Patek Philippe et la Black Bay de Tudor.
Tous ces garde-temps ont en commun une approche horlogère « minimaliste » qui bannit la complication mécanique comme une source de fragilité et donc de perturbation. Montres qui donnent l’heure et seulement l’heure, parfois la date, elles ont pour qualité première de pouvoir s’adapter à toutes les situations sans, littéralement, perdre une seconde. Si complication il y a, c’est essentiellement de chronographe que l’on parle, comme chez Carl F. Bucherer et sa pièce Heritage BiCompax Annual, de Zenith, qui propose une Defy Xtreme « sculptée comme un rocher dans la tempête », sans oublier Cartier, dont la Pasha remise au goût du jour l’an dernier se dote à nouveau de la capacité de mesurer les temps courts, ou encore Panerai, qui fait du chronographe sa complication de l’année dans la gamme Luminor.
Les fonctions chronographiques donnent également l’occasion à certaines Maisons de faire état de toute leur légitimité dans ce domaine mais avec des modèles qui visent d’abord et avant tout l’exclusivité. Vacheron Constantin propose ainsi une Traditionnelle chronographe à rattrapante ultra-plate Collection Excellence Platine limitée à 15 pièces quand Montblanc arrive également avec son chronographe à rattrapante de la collection 1858, édité cette année en 18 exemplaires en or.
Dans cette perspective de la performance, on ne s’étonnera pas de voir les matériaux les plus légers mis à contribution. Si le titane se généralise, comme pour la ReVolt Chrono de Rebellion, d’autres alliages viennent également contribuer au caractère sportif de ces modèles, comme le Carbonium, un composite de fibre de carbone, pour la nouvelle Diver X Skeleton d’Ulysse Nardin, ou un composite chargé de graphène cette fois pour la réalisation du boîtier de la H08 d’Hermès.
Dans ce registre, la palme revient toutefois cette année à IWC et sa montre concept Big Pilot’s Watch Shock Absorber XPL. Cette montre en Cératanium, un alliage maison en titane, est en effet le premier modèle doté d’un nouveau système d’absorption des chocs breveté par la marque. Pas moins de huit ans de développement ont été nécessaires pour réaliser un système de ressort cantilever en verre métallique amorphe qui maintient le mouvement à l’intérieur du boîtier lui permettant de surmonter des accélérations supérieures à 30’000 g ou 100 fois l’impact d’un coup de poing frappé sur la table. Question de prendre son jet pour aller au bureau en toute sécurité !