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Un homme à l’écoute de son temps
Histoires de montres

Un homme à l’écoute de son temps

jeudi, 14 mars 2013
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Michèle Laird
Journaliste indépendante

“La culture est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié. ”

Édouard Herriot

Michèle Laird devient journaliste après une carrière dans les arts à Paris, New York et Londres auprès d’artistes comme Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle, Patrice Chéreau et Claudio Abbado.

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5 min de lecture

Rencontre avec Hervé Chandès, directeur général de la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

Le nom d’Hervé Chandès est indissociable de la Fondation, qu’il dirige depuis bientôt 20 ans et qui est devenue une institution majeure sur la scène artistique internationale. Mais n’essayez surtout pas de le couvrir de lauriers, il vous dira que ceux-ci sont dus à la maison Cartier, qui permet à la Fondation d’exercer en toute liberté un mécénat d’exception à l’écoute de son temps.

La plupart des fondations d’art ont été conçues comme les vitrines d’une collection. En quoi la Fondation Cartier est-elle différente ?

Hervé Chandès : La Fondation Cartier pour l’art contemporain a été créée avec les artistes, pour les artistes et non pas autour d’un projet centré sur la constitution d’une collection. La programmation de la Fondation n’est pas déterminée par la collection. En revanche, et c’est toute la singularité de notre démarche, nous collectionnons essentiellement des œuvres que nous avons précédemment exposées et qui, pour la plupart, ont été créées par les artistes pour la Fondation Cartier. Collection d’œuvres, donc, mais également collection d’échanges avec les artistes, de pensées et de moments partagés.

Rock & Roll, Matthew Barney, Vaudou, Moebius, Issey Miyake, Herb Ritts… Comment les idées viennent-elles ?

Les idées naissent de la rencontre avec des œuvres, avec des artistes, avec des lectures ; elles se nourrissent de conversations avec des auteurs, des scientifiques, des découvreurs. Ce qui nous est contemporain est sans limite. Le projet de la Fondation est précisément « curiosité au grand large », ouvrant la voie à une telle diversité dans la programmation de la Fondation Cartier.

Pourtant, vous ne travaillez pas seulement avec des artistes.

En effet, depuis ses débuts, la Fondation Cartier accueille des peintres, des photographes, des sculpteurs mais également des musiciens, des cinéastes, des designers, des écrivains, des scientifiques. Les frontières de l’art sont incertaines et les artistes sont en recherche d’échanges avec d’autres disciplines. D’une rencontre peut naître un acte créateur.

Cette transversalité entre domaines si différents, comment est-elle née ?

Cette transversalité était inscrite dans l’acte de naissance de la Fondation Cartier en 1984. Je vous rappelle par exemple l’exposition consacrée à Ferrari designée par Andrée Putnam (1987) ou celle sur la vitesse dirigée par le philosophe Paul Virilio (1991). C’étaient alors des actes forts dont l’actuelle programmation se fait toujours l’écho !

En provoquant ces rencontres insolites, quelles sont vos attentes ?

Les attentes sont évidemment singulières à chaque projet, à chaque rencontre. Ce peut être l’apparition de quelque chose d’imprévu, de décalé ou la recherche de la bonne solution. Par exemple, lorsque nous faisons appel au designer italien Enzo Mari pour dessiner l’exposition « Vaudou » ou lorsque nous sollicitons Alessandro Mendini pour scénographier l’exposition consacrée aux artistes naïfs. Parfois, l’absence de demande précise peut se révéler extrêmement féconde. Je pense notamment aux rencontres entre le cinéaste David Lynch et le mathématicien Misha Gromov : ensemble, ils ont cocréé une œuvre pour l’exposition « Mathématiques, un dépaysement soudain ». Ou encore à l’invitation faite à Jean-Paul Gaultier, qui va transformer la Fondation Cartier en boulangerie.

N’y a-t-il pas une large part d’intuition dans ce que vous faites ?

D’intuition et de curiosité, rendues possibles précisément par les idées fondatrices de la Fondation Cartier dont nous avons déjà parlé : transversalité, proximité avec les créateurs.Une programmation qui cherche à se construire en toute indépendance des modes et de l’air du temps.

Quel plaisir tirez-vous de votre rôle de pilote ?

Passer d’un monde à l’autre et partager avec le public notre passion pour les artistes, pour les chercheurs, pour l’art, pour les idées.

La Fondation n’est pas perçue comme élitiste ou arrogante. Quelle est votre recette ?

Il n’y a pas de recette. Nos liens avec les artistes sont profonds, fidèles, chaleureux ; nos expositions s’adressent au public auquel nous proposons une programmation exigeante, sincère et accessible.

Un mécénat qui propose des projets uniques et qui fait germer du neuf, ce n’est pas commun.

La Fondation Cartier aura bientôt 30 ans. Les idées fondatrices telles qu’Alain Dominique Perrin les avait définies en 1984 se révèlent avec le temps toujours aussi pertinentes et fécondes : proximité avec les artistes, commandes, expositions d’idées, vivacité permanente, esprit de décalage.

Finalement, vous êtes très libres, à la Fondation.

Ce sont la passion et la curiosité qui animent la Fondation Cartier qui peuvent vous donner cette impression de liberté.

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