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Un nouveau groupe horloger ?
Points de vue

Un nouveau groupe horloger ?

vendredi, 5 juillet 2013
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Après avoir repris Eterna, China Haidan a fait l’acquisition de Corum, comme annoncé à l’ouverture du dernier Salon mondial de l’Horlogerie et de la Bijouterie. Entretien avec Antonio Calce, qui chapeaute désormais les deux marques.

Eterna d’abord, Corum ensuite, voilà le groupe China Haidan, qui écoule des millions de montres à travers son réseau de distribution asiatique, propriétaire de deux Maisons horlogères helvétiques. Antonio Calce, grand artisan de la renaissance de Corum, désormais nommé également à la tête d’Eterna, explique la stratégie d’un groupe horloger en train de prendre forme.

Après la reprise par China Haidan de Corum, dont vous êtes CEO, vous voilà également à la tête d’Eterna, autre possession du Groupe.

Antonio Calce, CEO de Corum et Eterna : Cette décision était dans l’air depuis quelque temps déjà dans la mesure où, à la suite de la reprise de Corum par le groupe China Haidan Holding, son président Hon Kwok Lung m’a demandé de reprendre également la direction d’Eterna. Une décision qui est à remettre dans le contexte des relations personnelles privilégiées que j’entretiens avec M. Hon. Cela dit, il s’agit aujourd’hui de remettre Eterna sur les rails et pour ce faire, nous devons repartir de zéro. Le premier constat est clair : il s’agit là d’une marque qui a manqué de lignes directrices, de stratégie et d’un positionnement clair. Et pourtant, elle ne manque pas d’atouts, notamment en termes de produits qui s’inscrivent dans une histoire riche, sans oublier l’excellente base industrielle d’Eterna.

Est-ce par manque de moyens qu’Eterna s’est peu à peu effacée ?

Non, là n’est pas la question. Si Eterna n’existe plus en tant que marque, c’est essentiellement parce qu’elle a vécu au coup par coup, sans réelle clairvoyance stratégique et sans structure de management digne de ce nom. En ce sens, je pense que ma nomination au poste de CEO de cette Maison est une bonne chose pour l’ensemble de ses collaborateurs comme pour la marque. C’est du moins ce que j’ai ressenti à la suite des premiers contacts noués avec eux. Ils savent désormais que nous partageons un projet commun, celui de donner un second souffle à Eterna, comme je l’ai fait quand je suis arrivé à la tête de Corum. Désormais, Eterna a un avenir et nous allons le forger ensemble avec une nouvelle définition de ses produits, de ses valeurs, de son marketing et de sa stratégie. Nous avons tout en main pour réussir. Il manquait une vision, une connaissance globale de l’horlogerie contemporaine. Humblement, je pense pouvoir combler ces lacunes. Et nous allons aller très vite. Cet automne déjà, nous organisons des rencontres clients pour expliquer le nouveau positionnement d’Eterna, tout en préparant le prochain Baselworld selon les lignes directrices de la marque que nous sommes en train de redéfinir. Dans un premier temps, la priorité sera de redéployer Eterna en Europe.

Quelle est la base industrielle d’Eterna ?

Il s’agit d’une marque qui dispose d’une capacité de production de quelque 70’000 mouvements par année et d’une bonne dizaine de calibres propriétaires, en sachant que nombre de mouvements ETA sont basés sur des gabarits Eterna du fait de l’histoire de ces deux Maisons. En ce qui nous concerne, dans un premier temps, nous allons nous concentrer sur le calibre 39, tout en sachant qu’il faut positionner la marque dans un segment de prix compris entre CHF 2’000 et 5’000 (EUR 1’620-4’050 / USD 2’080-5’200), une gamme où il y a de la place. Récemment, les montres Eterna ont connu une inflation tarifaire qui n’est pas sans expliquer le fait que la marque s’est perdue. Et comme il n’y avait pas de pilote dans l’avion…

Finalement, cette conjonction de Corum et Eterna est profitable aux deux marques ?

En effet, avec Eterna, Corum bénéficie aujourd’hui d’un outil industriel à maturité. Quant à Eterna, la marque va pouvoir bénéficier, en termes de distribution, de l’expansion de Corum sur ses marchés via les filiales que nous avons ouvertes sur les cinq continents, notamment en Russie et en Inde récemment, bientôt Hong Kong. De plus, les deux Maisons sont parfaitement complémentaires en termes de positionnement et de produits.

La reprise de Corum par China Haidan n’offre-t-elle pas de formidables opportunités en termes de développement en Asie ?

Il faut savoir que China Haidan, notamment avec ses propres marques Ebohr et Rossini, vend des millions de montres par année à travers un réseau de distribution très dense. Il s’agit là d’un autre métier que celui que nous exerçons. Cela dit, à travers China Haidan et, comme je l’ai dit, grâce aux relations privilégiées avec ses propriétaires, nous avons désormais accès à des distributeurs parmi les plus importants sur les marchés asiatiques. Un seul exemple : je suis actuellement en contact avec un interlocuteur qui, potentiellement, peut nous représenter dans une quinzaine de villes chinoises. Une opportunité que nous n’aurions jamais pu imaginer avec la Fondation Séverin Wunderman, ancien propriétaire de Corum, qui ne voulait pas s’investir sur le long terme. Jusqu’ici, avec Corum, nous avons fonctionné pratiquement en autofinancement, ce qui rendait la tâche difficile. Avec China Haidan, nous avons trouvé un partenaire financier, certes, mais surtout un groupe qui croit au potentiel de Corum et d’Eterna et se montre bien décidé à mettre les moyens nécessaires pour assurer le développement des deux marques.

À la suite de ce raisonnement, une question s’impose : d’autres acquisitions en vue ?

D’un point de vue strictement financier, il est évident que plus il y a de marques dans un groupe, plus les coûts fixes diminuent. Ce qui est vrai également au niveau industriel en termes de volumes de production et de maîtrise de la qualité. Dans ce contexte, toute synergie qui pourrait faire du sens se doit d’être étudiée…

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