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Un peu d’électronique dans votre moteur ? (II)
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Un peu d’électronique dans votre moteur ? (II)

vendredi, 1 juillet 2016
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Timm Delfs
Journaliste indépendante

“À l’inverse d’une montre, un cadran solaire ne s’arrête jamais.”

Journaliste indépendant basé à Bâle, Timm Delfs gère la Zeitzentrale, un magasin qui vend toute sorte d’instruments de mesure du temps. Son amour « horloger » : les cadrans solaires.

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6 min de lecture

Depuis leur renaissance après la révolution du quartz, les garde-temps mécaniques sont toujours restés à bonne distance de tout ce qui ressemble à de l’électronique. L’intégration de circuits intégrés était par conséquent hors de question… jusqu’à l’avènement des montres connectées.

Piaget utilise l’électronique de façon totalement différente. Son mouvement automatique à régulation électronique 700P fait référence au 7P – le tout premier mouvement à quartz de la marque –, un mouvement qui révéla l’esprit indépendant et innovant de la Maison quand il fut lancé il y a 40 ans. Compte tenu du contexte, le fait que le 700P soit aussi régulé par une génératrice à quartz ne devrait pas surprendre. Et pourtant, conformément aux exigences de la Haute Horlogerie, aucune pile ne vient alimenter le dispositif. Le calibre 700P est en réalité basé sur l’architecture du calibre 1270S, un mouvement à construction inversée doté d’un tourbillon volant dont la masse oscillante est visible côté cadran. Le 700P lui ressemble en tout point si ce n’est pour l’ouverture qui dévoile une minuscule génératrice en lieu et place du tourbillon volant.

Cette génératrice est animée par un train d’engrenages presque ordinaire mais agrémenté de roues supplémentaires qui permettent au dispositif de tourner à 5,33 tours par seconde. Le ratio entre le barillet et la génératrice s’établit ainsi à environ 1:7 000 contre 1:4 000 pour un mouvement mécanique ordinaire. La génératrice du calibre 700P remplit deux fonctions. Tout d’abord, elle produit l’énergie électrique alimentant le circuit à quartz habilement camouflé qui assure la précision du mouvement ; deuxièmement, dans la mesure où la haute fréquence du quartz contrôle la vitesse de rotation de ladite génératrice qui peut être réduite si nécessaire, cette dernière fonctionne comme un échappement électromagnétique.

Piaget Emperador 700P
Piaget Emperador 700P
Une nouvelle tendance ?

Le principe sur lequel repose ce mouvement remonte à 1976, date à laquelle Piaget lance le vénérable calibre 7P, premier mouvement à quartz réalisé par la Maison. Jean-Claude Berney, ingénieur horloger suisse, fut en effet le premier à chercher le moyen de supprimer la pile en combinant un train de rouage mécanique avec un organe de régulation à quartz de nouvelle génération qui agirait comme un frein. Hélas, à l’époque de Berney, la micromécanique n’étant pas aussi évoluée qu’aujourd’hui, son projet fut voué à l’échec, car les microgénérateurs de ce temps-là offraient beaucoup trop de résistance au conventionnel train de rouage d’un mouvement. Et le concept resta donc en sommeil dans un tiroir à l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle (IPI) suisse. Ce n’est que dans les années 1990 que la marque japonaise Seiko parvint enfin à faire d’une idée similaire une réalité. Selon toute probabilité, l’ingénieur japonais Yoshikazu Akahane eut cette idée en 1977, indépendamment de Berney. Seiko lança le système en 1998 dans une montre à remontage manuel, mais leurs techniciens furent eux-mêmes confrontés au problème de générateurs trop durs à entraîner. Sept ans plus tard, cette difficulté enfin résolue, le fabricant japonais lançait une version automatique baptisée Spring Drive.

Au Salon de Baselworld, la question se posait dès lors quant à l’émergence d’une nouvelle tendance à partir de ces modèles uniques.

Selon Eric Klein, qui jusqu’à récemment dirigeait l’équipe de développement pour la Piaget 700P, la différence majeure entre le concept du Spring Drive et l’approche de Piaget réside dans le générateur, qui a été optimisé de façon à offrir le moins de résistance possible au train de rouage pour un meilleur rendement. La 700P offre ainsi la précision d’une montre à quartz associée à l’esthétique et au confort d’une montre mécanique qui n’a pas besoin de pile.

Bulgari Diagono Magnesium
Bulgari Diagono Magnesium

Au Salon de Baselworld, la question se posait dès lors quant à l’émergence d’une nouvelle tendance à partir de ces modèles uniques. Pourtant, mis à part Urwerk et HYT, également présents à Bâle, les autres solutions électroniques présentées étaient d’un tout autre ordre, plus proches de la notion de « montre connectée ». Bulgari, par exemple, a poussé plus avant le développement de son modèle Diagono Magnesium lancé en 2015. En effet, la puce cryptographique NFC (Near Field Communication) intégrée à cette montre n’est pas seulement une clé digitale, elle peut aussi être utilisée pour faire des paiements sans contact. Une puce similaire a également été insérée dans les bracelets de certains modèles de la marque Mondaine.

Tissot T-Touch Expert Solar NBA
La fin d’un tabou

Dans la mesure où les marques de milieu de gamme sont davantage impactées par le lancement de l’Apple Watch, il n’était guère surprenant de voir Tissot – dont la T-Touch lancée en 1999 a déjà de belles années derrière elle – présenter une nouvelle version intelligente de ce fameux modèle : la T-Touch Expert Solar. Il s’agit d’une solution autonome qui fonctionne indépendamment d’un smartphone. Malheureusement, on constate que ses multiples fonctions ne dépassent pas celles d’autres montres de sport multifonctions.

Les deux seules marques à avoir présenté d’authentiques montres connectées – ces montres dotées d’un cadran virtuel, d’un écran tactile et dont le système d’exploitation ne peut s’affranchir de l’intelligence artificielle d’un smartphone – sont TAG Heuer, qui avait déjà lancé son modèle Connected l’automne dernier, et étonnamment de Grisogono, dont la montre connectée – la Samsung Gear S2 – arbore une lunette rehaussée de 127 diamants, dont 71 noirs.

Samsung Gear S2 by de GRISOGONO
Samsung Gear S2 by de GRISOGONO

Pour l’observateur, il est difficile d’entrevoir ce que les grandes entreprises actives dans l’électronique ou l’horlogerie traditionnelle ont en réserve. Jusqu’à maintenant, les manufactures nous ont plutôt surpris avec leurs dernières trouvailles hautes en couleur. Mais de quel côté les consommateurs vont-ils finalement se ranger ? C’est encore bien plus difficile à prévoir ! Pourtant, une chose est sûre : avec des piles désormais proscrites, l’électronique n’est dorénavant plus un tabou en Haute Horlogerie.

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