Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse : Par rapport à 2009, où notre industrie était en difficulté, je pense que ce renversement de tendance est très satisfaisant. Nous sommes clairement en situation de reprise comme les derniers chiffres que vous mentionnez viennent le confirmer. En conséquence, il est d’ores et déjà possible d’affirmer que l’année 2010 sera dans son ensemble positive pour notre industrie.
On peut en effet espérer que l’emploi se reprenne. Même si nous ne tenons pas de statistiques à ce sujet, contrairement à la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, nous constatons en effet que certaines entreprises sont en train de réembaucher. On ne saurait toutefois céder à un excès d’optimisme dans la mesure où nombre de sous-traitants du secteur sont encore dans une situation difficile. Cela dit, on constate en effet un phénomène de reconstitution des forces de travail dans la branche.
C’est vrai, comme vous le dites, la comparaison par rapport à 2009 est favorable mais il ne faut pas oublier également que ce même type d’analyse prévaut pour l’an dernier dans la mesure où 2009 se compare à une année 2008 record pour l’industrie horlogère suisse avec CHF 17 milliards (EUR 12,8 milliards) réalisés à l’exportation. Au total, ce que je retiens, c’est que notre secteur est à nouveau sur une tendance positive.
Entre les marques et les sous-traitants, il y a effectivement un décalage dans ce type de phase conjoncturelle. Les fournisseurs sont les premiers touchés et comme, en période de reprise, les Maisons exploitent en priorité leurs ressources internes, ce sont également eux qui éprouvent le plus de difficultés à faire redémarrer la machine. Il ne faut toutefois pas faire une généralité, tout dépend en fait du type d’activités et des relations entre les différents contractants.
Les marques doivent en effet veiller à garder une répartition équilibrée de leurs ventes, ne serait-ce que pour minimiser leurs risques. La Chine, il est vrai, est en pleine expansion mais à mon avis, ce serait une erreur de tout miser sur un seul marché.
De la même manière que je suis optimiste pour la fin de l’année, je pense que 2011 devrait également être positif pour l’horlogerie suisse. Pour l’instant, nous n’avons aucun indicateur qui pourrait nous faire croire que la croissance se ralentisse. Elle ne sera peut-être pas aussi vigoureuse que cette année étant donné l’effet de base dont nous avons parlé mais je rappelle qu’à fin septembre 2010 nous avons déjà dépassé les valeurs de 2007. En ce sens, le record de 2008 n’est peut-être pas aussi lointain qu’on pourrait le croire.