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Une vie en dehors du « Swiss made » ?
Economie

Une vie en dehors du « Swiss made » ?

jeudi, 14 avril 2016
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

On pourrait croire l’horlogerie haut de gamme impossible en dehors des frontières helvétiques. Et pourtant, certaines Maisons françaises parviennent à tirer leur épingle du jeu. Les allemandes, notamment à Glashütte, font mieux que se défendre. Quant aux anglaises, elles misent sur une tradition plus que vivace.

Qui pense « horlogerie haut de gamme » voit généralement le label « Swiss made » estampillé sur un cadran. De fait, avec seulement 3 % de la production mondiale de garde-temps, la Suisse occupe largement le premier rang des pays exportateurs de montres en termes de valeur avec 22,4 milliards de dollars réalisés en 2015 sur quelque 200 marchés. Hong Kong (2e) et la Chine (3e) arrivent loin derrière avec, respectivement, 9,9 milliards et 5,8 milliards. De plus, ces deux pays restent essentiellement des producteurs de montres électroniques bon marché avec un prix moyen des montres exportées par la Chine de 4 dollars et de 24 dollars pour Hong Kong. En comparaison, les montres suisses écoulées au-delà des frontières affichent un prix moyen de 748 dollars sur l’année 2015. Reste toutefois deux pays qui apparaissent sur les radars des exportations horlogères mondiales : la France avec 2,9 milliards de dollars et l’Allemagne avec 2,4 milliards, deux contrées horlogères dont les exportations ont enregistré une croissance fort enviable de 17 % et 14 % en 2015, contre une baisse de 3 % pour la concurrence helvétique.

Michel Herbelin Newport Yacht Club chronographe automatique
Michel Herbelin Newport Yacht Club chronographe automatique
Michel Herbelin et Pequignet en France

En d’autres termes, la France et l’Allemagne, qui peuvent s’enorgueillir d’une tradition de premier plan pour avoir produit en leurs temps des chefs-d’œuvre pas même envisageables en Suisse, font toujours preuve d’une vivacité horlogère qui trouve sa clientèle. C’est notamment le cas des deux Maisons de l’Hexagone, Pequignet et Michel Herbelin, toutes deux installées en Franche-Comté, contrée limitrophe de la Suisse abritant une cinquantaine d’entreprises horlogères qui représentent plusieurs milliers d’emplois, comme le rappelle le quotidien 24 Heures. Michel Herbelin a même bénéficié d’un coup de pouce fort enviable grâce à Arnaud Montebourg, l’ancien ministre du Redressement productif français, qui n’a pas hésité à poser avec un modèle de la marque lorsqu’il s’est agi de vanter le savoir-faire français. La Maison, qui produit entre 80 000 et 85 000 pièces par an dotées de calibres helvétiques, dont la moitié trouve preneur en France, n’a jusqu’ici pas tenté l’aventure en Suisse, « un marché très difficile à pénétrer », selon Maxime Herbelin. La Maison Péquignet fait le même constat et préfère explorer d’autres destinations européennes, tout comme le Japon, grand amateur de ses garde-temps produits annuellement au nombre de quelque 9 000 pièces, dont certains sont les seuls à être équipés d’un mouvement manufacture de fabrication française, le Calibre Royal. Ce qui n’empêche pas les deux Maisons de voir l’avenir avec une certaine sérénité, prêtes à défendre les valeurs d’une horlogerie française des plus compétitives en termes de prix.

Tutima Glashütte M2 Seven Seas
Tutima et Nomos en Allemagne

Cet argument est également valable pour les Maisons allemandes, notamment celles installées à Glashütte. Même en excluant les « valeurs sûres » que sont A. Lange & Söhne, propriété de Richemont, et Glashütte Original, une marque du Swatch Group, la ville de Glashütte s’est en effet profilée depuis la chute du mur de Berlin comme un centre horloger de toute première importance. Il suffit de se pencher sur des Maisons comme Tutima et Nomos pour s’en rendre compte, deux Maisons dont La Tribune de Genève dresse le portait. Revenu dans sa ville d’origine en 2008, Tutima, qui s’est fait une réputation dans les montres d’aviateur, notamment en tant que chronographe officiel des pilotes de la Budeswehr depuis 1984, a prouvé toute sa légitimité en réalisant un modèle à répétition minutes présenté en 2011. Avec des garde-temps mécaniques situés dans une gamme de prix comprise entre 2 000 4 000 euros, l’entreprise est devenue florissante, tout comme Nomos, autre success story de Glashütte. La Maison, fondée en 1990, se positionne peu ou pour dans le même registre que Tutima mais avec un design reconnaissable entre tous, largement inspiré du Bauhaus. De plus, cela fait une bonne dizaine d’années qu’elle a développé ses propres calibres manufacture, au nombre d’une dizaine aujourd’hui.

Bremont America's Cup
Bremont America's Cup
Bremont en Angleterre

Cette effervescence saxonne, Nick et Giles English aimeraient bien la dupliquer outre-Manche. Les deux frères ont en effet fondé Bremont Watch Company à Henley-on-Thames, où se trouvent le siège et les ateliers d’assemblage de la marque, qui peut également compter sur une unité de production à Silverstone. Comme l’explique le magazine The Engineer, si les horlogers britanniques ont été à la pointe de leur art vers 1800, producteurs de la moitié des garde-temps au niveau mondial, cette activité n’a pas survécu à la concurrence suisse et américaine à la fin du XIXe siècle . Il existe certes des horlogers anglo-saxons d’exception comme Roger W. Smith, héritier spirituel du grand George Daniels, ou les frères McGonigle, mais le premier est établi sur l’île de Man et les seconds en Irlande. Et tous trois ont une production que l’on pourrait facilement qualifier de « confidentielle ». Rien de tel avec Bremont, fondé sur l’expérience glanée par les deux frères en Suisse. Aujourd’hui, la Maison, qui a également fait ses preuves dans le domaine des garde-temps militaires, qui produit les montres Jaguar sous licence et accompagne Oracle comme partenaire dans la Coupe de l’America, réalise ses propres boîtiers, aux exigences à la pointe de l’industrie. Elle se fournit par ailleurs chez La Joux-Perret en mouvements développés en exclusivité et commence à produire ses propres composants – ponts et platine – à Silverstone. Avec Bremont, l’horlogerie britannique n’est plus un vain mot.

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