Zenith à nouveau sur orbite ?

Lorsque Zenith est passé directement sous le contrôle de Jean-Claude Biver en début d’année, il était évident que la Maison allait connaître à son tour un « big bang » digne de ceux qui ont secoué la planète Hublot puis celle de TAG Heuer. Question de mois, voire de semaines. Impossible en effet de laisser la belle endormie roupiller encore bien longtemps avec un salon bâlois approchant à grands pas. En guise de sels de pâmoison, Jean-Claude Biver a donc sorti de sa besace un slogan choc dont il a le secret, une de ces formules définitives scandées comme une nouvelle identité. Désormais, Zenith allait ainsi forcer son destin en tant que Maison incarnant le « futur de la tradition ». Et passant de la parole aux actes, il dévoilait au salon bâlois une Defy El Primero 21, montre du XXIe siècle venue faire taire tous ces « vilains » selon qui le calibre El Primero de 1969 était la seule et ultime inspiration d’une marque qui avait trouvé en la ligne Pilot une planche de salut bringuebalante.

En tant que parton du pôle horloger de LVMH, Jean-Claude Biver ne manquait certes pas d’atouts dans sa manche. A commencer par feu le département R&D de TAG Heuer, un pôle de compétences qui a produit des petites merveilles comme la Carrera MikroPendulum, chronographe à haute fréquence animé par des aimants. Aujourd’hui pratiquement démantelé vu le repositionnement de TAG Heuer, il aura toutefois accumulé des savoirs sous la houlette de Guy Sémon, actuel directeur général de la Maison, qui ne demandaient qu’à refaire surface. C’était déjà le cas avec la Defy El Primero 21, une montre à chaîne duale, comme la gamme Mikro de TAG Heuer, dont le chronographe à haute fréquence (50 Hz – 360’000 alternances/heure) permet d’afficher une précision au centième grâce à une aiguille effectuant un tour de cadran en une seconde. Autre particularité : les deux régulateurs intègrent des spiraux avec matrice en graphène (composite breveté à matrice en nanotubes de carbone) parfaitement insensibles à la température et aux champs magnétiques.

Un descendant du Mikrogirder ?

Autant pour Baselworld. Mais Zenith n’allait certainement pas en rester là. Lors d’un récent entretien accordé à Singapour à Su Jia Xian (watchesbysjx.com), Jean-Claude Biver dévoilait la phase deux de son plan de reconquête sur les ailes de la tradition futuriste. En septembre prochain, la Maison va ainsi dévoiler un tout nouveau régulateur sans spiral ni balancier. Un régulateur à haute fréquence, sans frictions, donc sans besoin de lubrification, réalisé avec des matériaux à base de silicium dont l’écart de marche sera de l’ordre de la seconde par jour. Cette nouvelle technologie sera ainsi embarquée dans « la montre mécanique la plus précise jamais réalisée, dont l’amplitude ne varie pas qu’elle soit son niveau d’armage », clamait Jean-Claude Biver. Et pour bien montrer que les synergies ne sont pas un vain mot au sein du pôle horloger de LVMH, le boîtier de cette future pièce sera réalisé en un nouveau matériau mis au point chez Hublot, le Aeronite, un alliage ultraléger et ultra-résistant fait d’aluminium dont les « pores » sont remplis de la même résine utilisée pour le carbone.

Ces deux premières mondiales vont dans un premier temps équiper 10 Defy Laboratory présentées le 14 septembre prochain au Deutsches Museum de Munich, « parce que les Allemands sont fous de précision ». Les heureux acheteurs de ces 10 montres exploratoires, proposées au prix de quelque CHF 30’000, seront invités à venir chercher leur trésor à la manufacture Zenith au Locle, remis par Jean-Claude Biver en personne. Pour les autres, il faudra attendre Baselworld 2018 pour la version finale non limitée du modèle qui devrait être positionné entre CHF 8’000 et 9’000, soit une gamme de prix « normale » pour Zenith. Pour l’instant, inutile de vouloir en savoir plus, comme par exemple si ce nouveau régulateur est dérivé du fameux et révolutionnaire Mikrogirder présenté par TAG Heuer en 2012 comme une interprétation des travaux de Jean d’Alembert, père de la théorie des vibrations. Jean-Claude Biver se réserve toujours un effet de surprise !