Jean-Claude Biver, Président de la Division Montres du groupe LVMH, en avait déjà laissé filtrer quelques bribes au début de l’été. Quelques mois plus tard, il transforme l’essai en dévoilant la Zenith Defy Lab, qualifiée de « montre la plus précise au monde ». Un tel superlatif va bien évidemment de pair avec l’innovation qui est à l’origine de cette prouesse, innovation qui, elle, est présentée comme une rupture technologique dans la conception de l’oscillateur du mouvement, gage de sa précision. À en croire Zenith, depuis Christiaan Huygens, astronome et physicien néerlandais, inventeur en 1675 de la régulation basée sur le coupe balancier-spiral, aucune évolution majeure n’avait été apportée à ce système que l’on retrouve dans toutes les montres mécaniques actuelles. La Defy Lab vient donc aujourd’hui démentir l’adage selon lequel en horlogerie tout a été inventé. « Pour la première fois de l’histoire de la chronométrie, une avancée technologique supplante le principe de Christiaan Huygens en termes de performances, d’esthétique et de simplicité, annonce modestement Zenith. Personne n’avait exploré de telles pistes jusqu’à présent. »
En sachant que derrière ce discours triomphant se cache Guy Semon, aujourd’hui CEO du nouvellement institué Science Institute de LVMH, après avoir été responsable du département de R&D de TAG Heuer puis directeur de la marque, on aurait toutefois tort de se gausser de ces prétendues rodomontades. Ces dernières années, Guy Semon a en effet suffisamment prouvé qu’en pensant l’horlogerie autrement la mesure du temps n’avait de loin pas livré tous ses secrets. C’est à ce physicien que l’on doit notamment l’oscillateur magnétique de la TAG Heuer Pendulum ou les « poutres » vibrantes constituant le régulateur à 1 000 Hz de la Mikrogirder, précise mécaniquement au 2 000e de seconde. Pour cette Defy Lab, c’est donc l’oscillateur de la montre qui a une nouvelle fois été remis en question et repensé. Résultat : en lieu et place du traditionnel balancier-spiral qui intègre une trentaine de composants, on trouve un organe monolithique d’un seul tenant en silicium monocristallin d’une épaisseur de 0,5 mm fonctionnant sans liaisons mécaniques. « L’absence de couplage élimine les contacts, les frictions, les usures, les déformations, la lubrification, les assemblages et les dispersions, précise Zenith. La roue qui remplace la roue d’échappement a une forme particulière et son cycle ne correspond pas au fonctionnement classique d’un échappement à ancre suisse. Elle est recouverte d’une oxydation superficielle. »
Une première série de 10 pièces
Là ne s’arrête toutefois pas la nouveauté, car le nouvel oscillateur Zenith bat à une fréquence poussée à 15 Hz (108 000 alternances/heure), trois fois supérieure à celle du mouvement historique El Primero, tout en bénéficiant de 10 % de réserve de marche supplémentaire, soit une soixantaine d’heures. Avec une telle fréquence, c’est donc la précision du mouvement qui fait un saut « quantique », mesurée avec un écart de marche de 0,3 seconde par jour, alors qu’un mouvement disposant de la Certification officielle suisse des chronomètres (COSC) fonctionne dans une marge de tolérance de – 4 à + 6 secondes/jour. Mieux, le nouvel oscillateur de Zenith garde cette même précision pendant 95 % de sa réserve de marche, alors qu’avec un mouvement traditionnel la perte d’amplitude au-delà de 24 heures de fonctionnement se reporte immanquablement sur sa précision. Les autres avantages de cet oscillateur sont liés à son matériau. Le silicium, amagnétique et insensible aux écarts de température, ne nécessite en outre aucune lubrification. Il en résulte une triple certification pour cette Defy Lab, celle de chronomètre estampillé par la « tête de vipère » décernée par l’Observatoire de Besançon et celles définies – et largement dépassées – par les normes ISO-3159 en matière thermique (variation de 0,3 seconde dans un spectre de – 7 °C à + 53 °C) et ISO-764 pour la résistance aux champs magnétiques (1 100 Gauss).
Restait à offrir à cette Defy Lab un écrin digne de son prestigieux moteur. C’est chose faite avec un boîtier en Aeronith, matériau hybride mis au point dans les ateliers Hublot. Celui-ci est réalisé avec de l’aluminium porté à température de fusion et coulé dans un moule où il est transformé en mousse de métal à « chemin de pores ouverts », pores qui sont remplis d’un polymère ultraléger, antiallergique et résistant aux UV. Au final, ce composite d’aluminium offre une résistance à toute épreuve pour un poids plume : 2,7 fois plus léger que le titane, 1,7 fois plus léger que l’aluminium traditionnel et même de 10 % plus léger que la fibre de carbone. Dans un premier temps, ce seront 10 Defy Lab qui seront ainsi commercialisées sous la forme de 10 pièces uniques. Toutes prévendues, dit-on. La production en série sous un design différent devrait suivre dans les mois à venir.