>SHOP

restez informés

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour recevoir des infos et tendances exclusives

Suivez-nous sur toutes nos plateformes

Pour encore plus d'actualités, de tendances et d'inspiration

Une année du lapin pour l’horlogerie ?
Actualités

Une année du lapin pour l’horlogerie ?

jeudi, 9 février 2023
fermer
Editor Image
Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

Lire plus

CLOSE
7 min de lecture

La Chine, qui a pesé sur l’activité horlogère fin 2022, sera certainement la clé d’une année 2023 qui s’ouvre sur des perspectives économiques mitigées. L’impulsion du pays sur l’univers du luxe sera-t-elle aussi forte qu’en 2021 ?

Les résultats des ténors du luxe, horlogers compris, n’ont pas tous été communiqués pour l’année 2022, mais il ne fait pas de doute que le millésime s’est révélé des plus positifs. LVMH signe ainsi un exercice record avec une hausse de 23 % de ses ventes à € 79,2 milliards, dont € 10,6 milliards enregistrés avec la division Montres & Joaillerie, en croissance de 18 %. Même constat chez Richemont, dont le chiffre d’affaires après neuf mois à fin décembre progresse de 18 %, tandis que Swatch Group a vu ses rentrées 2022 en hausse de 2,5 % sur l’ensemble de l’année 2022. Cette relative contreperformance tient essentiellement à la baisse significative des ventes en Chine, comme l’explique la compagnie : « Par rapport à l’année précédente, le manque à gagner au niveau du chiffre d’affaires dans cette région s’est élevé à plus de CHF 700 millions. Le quatrième trimestre a été particulièrement affecté, dans un premier temps par le confinement, et après la levée des mesures, par la vague massive de malades liés au Covid qui ont entraîné une baisse des ventes de plus de 30 %. L’impact a même atteint environ – 50 % sur le mois de décembre. »

Métiers d’Art La légende du zodiaque chinois - Année du lapin © Vacheron Constantin

Ces difficultés de fin d’année observées par le Swatch Group en Chine se retrouvent dans les statistiques de la Fédération de l’industrie horlogère suisse. Sur les derniers mois 2022, les exportations de produits horlogers vers l’Empire du Milieu ont en effet reculé de 11,5 % en novembre et encore de 22,5 % en décembre, sans parler de Hong Kong, en baisse de 9 % et 20 % sur les mêmes mois. Pas une compagnie du luxe n’a pu se soustraire, certes à des degrés divers, à ce climat des affaires extrêmement morose en Chine. Richemont, par exemple, a vu les ventes de ses Maisons horlogères reculer de 3 % entre octobre et décembre 2022, essentiellement en raison du recul à deux chiffres enregistré dans la zone Asie-Pacifique, qui représente la moitié de leurs rentrées. Tel n’est toutefois pas le cas des Maisons joaillières du Groupe et de ses activités dans la mode et les accessoires, qui, elles, progressent de l’ordre de 10 % sur la période. Au final, les ventes Richemont sont ainsi en hausse de 8 % sur ce troisième trimestre de son exercice en cours.

Altiplano Année du Lapin par Anita Porchet, mouvement extra-plat à remontage manuel 430P © Piaget

Si la Chine a pesé sur les Maisons horlogères l’an dernier, les États-Unis, eux, ont flambé avec une hausse de 26,2 % des exportations horlogères vers le pays, devançant d’une longueur la progression de l’ordre de 20 % enregistrée dans l’Union européenne, Royaume-Uni compris. Ce formidable engouement pour l’horlogerie helvétique, certes attesté par les chiffres des douanes et non pas par ceux des ventes finales, n’en démontre pas moins une forte résilience à une conjoncture 2022 clairement positionnée sur une courbe descendante. La résurgence d’une forte inflation, due notamment aux problèmes énergétiques et d’approvisionnement, inflation qui a conduit les banques centrales à exercer un tour de vis musclé sur les taux d’intérêt, a été un des points forts de l’année écoulée, sans oublier les incertitudes liées au conflit en Ukraine. En résumé, un environnement négatif dont les principaux facteurs n’ont de loin pas disparu. Et si les économistes comme Patrick Artus, professeur à la Sorbonne et directeur des études chez Natixis, ne croient pas à une récession, ils n’en tablent pas moins sur une croissance poussive en 2023, notamment sur le premier semestre. Un scénario également adopté par le FMI dont les dernières prévisions donnent une hausse du PIB 2023 de 1,4 % aux États-Unis et de 0,7 % dans la zone euro. De quoi tempérer les achats de montres et ramener la progression des exportations horlogères suisses globales – + 31,2 % en 2021 et + 11,4 % en 2022 – sur un tempo moins endiablé. À moins que… la Chine connaisse une phase de rattrapage aussi véloce que le lapin dont l’année vient de débuter selon l’horoscope du pays.

Portugieser Automatique 40 Edition « Nouvel An Chinois » © IWC

« Depuis que le gouvernement chinois a mis un terme à sa politique anti-croissance du zéro-Covid en fin d’année dernière, tout a changé, explique Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement auprès de Pictet Asset Management. Si les données en provenance du marché chinois étaient encore mauvaises en décembre 2022, on constate aujourd’hui une nette reprise avec des statistiques qui tendent vers des niveaux connus avant la pandémie. Du côté de la consommation également, les perspectives sont positives. Comme la Chine a un retard de consommation de l’ordre de 10 % et que les ménages ont un surcroît d’épargne disponible, on peut s’attendre à un effet catapulte, comme on l’a observé dans les pays en phase de sortie de crise. » « La réouverture de la Chine est plus précoce que prévu, renchérit Cosmo Zhang, analyste de recherche auprès de Vontobel Asset Management. Malgré des taux d’infection Covid atteignant des sommets dans la plupart des villes et affectant les activités économiques à court terme, la reprise économique ne saurait tarder. » Une évolution que la Bourse chinoise a déjà fortement anticipée avec une hausse spectaculaire des actions, de l’ordre de 50 % depuis octobre, rappelle Frédéric Rollin.

Spirit of Big Bang Céramique noire Lapin © Hublot

Si l’on se reporte en 2021, année où les principales économies de la planète commençaient à peine à se libérer des mesures anti-Covid, la Chine avait parfaitement tiré son épingle du jeu avec la plus forte progression économique des pays du G20. Cette embellie se reflète d’ailleurs dans les exportations horlogères de cette année 2021 vers la Chine, en hausse de près de 50 % par rapport à 2019, l’exercice 2020 n’offrant pas de base comparable fiable. Va-t-on assister au même phénomène dans les mois à venir ? « Les clients chinois vont progressivement accaparer 50 % du marché du luxe, avec 28 % de leurs achats effectués localement d’ici 2025, contre 11 % actuellement, rappelle John Plassard, spécialiste en investissement auprès de la banque Mirabaud. Ce qui représente un formidable relais de croissance pour les compagnies du luxe. »

Classique 9075 - L’Année du Lapin © Breguet

La dernière étude Bain-Altagamma publiée en janvier 2023 sur le marché global du luxe intitulée « Renaissance in uncertainty: Luxury builds on its rebound » confirme ces propos. Parmi les vecteurs de progression du marché à l’horizon 2030, le cabinet de conseil identifie, à côté de la montée en puissance des jeunes générations et du commerce en ligne, « les consommateurs chinois qui devraient retrouver leur statut pré-Covid de nationalité dominante dans le domaine du luxe pour représenter 38 à 40 % des achats mondiaux, détaille l’étude. En ce sens, la Chine continentale devrait dépasser les Amériques et l’Europe pour devenir le plus grand marché du luxe au niveau mondial avec une part des ventes globales de 25 à 27 %. » Du point de vue des analystes, ces éléments font partie d’un scénario des plus positifs pour l’économie chinoise en 2023. « La réouverture de la Chine après la période zéro-Covid figurera probablement comme le plus grand événement macroéconomique de cette année, avec des implications profondes pour les marchés et la conjoncture », expose Alan Mudie, de Woodman Asset Management, dans sa lettre d’information. Au-delà des 12 mois 2023, les avis sont certes moins catégoriques en ce qui concerne le Céleste Empire avec, notamment, les questions démographiques et immobilières qui demeurent en suspens. En attendant, cette année du Lapin sur le marché chinois est pour les horlogers à placer sous le signe des qualités du léporidé : vigilance, adresse, rapidité…

Haut de page