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Les capitaux affluent dans l’horlogerie
Economie

Les capitaux affluent dans l’horlogerie

lundi, 20 décembre 2021
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Les levées de fonds et les projets de fusion marquent cette fin d’année horlogère, en parallèle avec l’explosion des enchères et des ventes de seconde main. Devenues des produits d’investissement, les montres capitalisent l’intérêt des financiers.

Le dernier « coup » en date dans l’univers horloger est celui orchestré par Tiffany, récente acquisition de LVMH, et Patek Philippe. Ces deux Maisons, fondées en respectivement 1837 et 1839, ont collaboré pour la première fois en 1851. C’est donc pour célébrer le 170e anniversaire de ce partenariat que les deux Maisons présentent aujourd’hui une série limitée de 170 Nautilus en acier réf. 5711/1A-018 avec un cadran laqué « bleu Tiffany ». Toujours en embuscade, c’est Phillips, en association avec Bacs & Russo, qui a vendu la première pièce de la série aux enchères sur la base d’une estimation de $ 50 000. Étant donné la folie des collectionneurs à l’évocation de la Nautilus, dont le modèle acier devrait sortir sous peu des collections Patek Philippe, étant donné également la fièvre qui s’est emparée des enchères horlogères, totalisant un record de plus de CHF 500 millions depuis le début de l’année, on ne s’étonnera pas que cette montre ait atteint la « modique » somme de $ 6,5 millions le week-end dernier à New York sous le marteau du commissaire-priseur, huitième record de tous les temps en matière d’enchères horlogères. Signe des temps, le bénéfice de la vente sera entièrement reversé à The Nature Conservancy, organisation de protection de l’environnement fondée en 1951. Pour les 169 autres pièces de la série, réservées aux boutiques Tiffany de New York, Beverly Hills et San Francisco, la chasse est ouverte…

L’enjeu numérique

Cette simple nouvelle n’a rien d’anodin. Depuis les affres du Covid-19, l’horlogerie de prestige est tombée dans l’œil des investisseurs. D’autant que les grandes manœuvres ne sont pas terminées dans ce segment d’activités de l’univers du luxe. Si les cibles d’acquisition se font certes de plus en plus rares, étant donné le solide modèle d’affaires des Maisons indépendantes, cela ne ralentit en rien l’afflux de capitaux. Ces dernières semaines en ont encore apporté quelques illustrations. Lors de la publication des résultats semestriels de Richemont, clos à fin septembre, Johann Rupert, président et actionnaire de référence du Groupe, a donné quelques explications quant à l’avenir qui se dessine pour Yoox Net-à-Porter (YNAP), site de vente en ligne de la compagnie qui peine à sortir des chiffres rouges avec une nouvelle perte opérationnelle de € 141 millions sur le semestre.

Yoox Net-à-Porter doit devenir une plateforme neutre sans actionnaire majoritaire au service de l’industrie, selon le président de Richemont.

L’objectif de Johann Rupert, qui milite depuis cinq ans pour une plateforme neutre sans actionnaire majoritaire au service de l’industrie, est de renforcer le rapprochement entre YNAP et Farfetch. Un rapprochement déjà amorcé l’an dernier avec Alibaba aux côtés de Richemont avec un investissement de $ 500 millions à la clé. La prochaine étape devrait théoriquement voir Farfetch investir dans YNAP aux côtés d’autres investisseurs. En sachant l’importance croissante du numérique dans l’univers du luxe, ces transactions financières revêtent clairement une haute importance stratégique avec des enjeux financiers des plus conséquents.

Les « nouveaux » investisseurs

C’est exactement ce que doivent penser les gestionnaires de Partners Group, un fonds d’investissement basé en Suisse qui vient de prendre « une part minoritaire significative » dans Breitling auprès de CVC Capital Partners. Le montant de la transaction n’a pas été divulgué, mais la presse financière parle d’une participation de l’ordre de 25 % pour un montant de quelque CHF 700 millions. Cet investissement valoriserait à CHF 2,8 milliards une compagnie dont les ventes sont attendues à CHF 700 millions sur son exercice qui s’achèvera au 31 mars prochain. C’est dire le potentiel que ces financiers voient dans Breitling, une marque qui bénéficie de tendances attrayantes, notamment en Asie, selon Partners Group, bien décidé à accélérer sa croissance et à profiter d’une hausse annuelle attendue de 6 % sur les montres de luxe à l’horizon 2024.

Pour la star du basket Michael Jordan, il s’agit de ses premiers pas d’investisseur dans l’horlogerie.

Pour Partners Group, il s’agit d’un premier pas dans l’horlogerie. Comme c’est d’ailleurs le cas pour l’ex-star du basketball Michael Jordan et pour l’actuel héros des parquets Giannis Antetokounmpo. Aux côtés d’autres grands noms du sport nord-américain et de la finance, ils ont constitué une levée de fonds de $ 165 millions en faveur de WatchBox, l’un des acteurs majeurs du marché horloger de seconde main qui vient de prendre le contrôle de De Bethune. Avec un inventaire de $ 150 millions et un chiffre d’affaires qui devait atteindre les $ 300 millions à la fin de l’année, WatchBox dispose, en plus de sa plateforme digitale, d’une implantation physique à New York, Los Angeles, Miami, Houston et Dallas, aux États-Unis, ainsi qu’à Dubai, à Hong Kong et en Suisse. Inutile d’insister sur l’explosion du marché de seconde main, qui devrait approcher les CHF 30 milliards d’ici 2025 selon McKinsey, soit la moitié des ventes de montres neuves suisses au prix de détail. Là également, le pot de miel semble suffisamment alléchant pour attirer des néophytes du secteur en quête de rendement. Prochaine étape pour WatchBox, une probable entrée en Bourse, tout comme pour Breitling, qui nourrit à terme les mêmes ambitions.

Cela fait des décennies que le secteur n’a plus connu la moindre entrée en Bourse. Les dernières en date concernaient le groupe Movado en 1993, TAG Heuer en 1996 et plus récemment le détaillant britannique The Watches of Switzerland en 2019. L’agitation autour de nouvelles cotations témoigne clairement de la fièvre financière qui est en train de s’emparer du secteur.

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